Mais qu’ont-ils été faire dans cette galère ? Le MESR l’attendait depuis des mois pour faire le point sur la réforme des études de santé intervenue en 2019. Dans son rapport la Cour des Comptes évoque une réforme « complexe et mal conçue » et estime que « si deux ans après leur année d’accès santé, 63 % des étudiants ont perdu une année d’étude constituant une amélioration par rapport aux 79 % avant la réforme », cela ne suffit pas à « justifier le coût financier et organisationnel du dispositif ». Selon eux, la réforme n’a en effet « pas produit la diversification attendue des profils d’étudiants, ceux-ci conservant des profils similaires avant et après la réforme, avec même une légère tendance à l’homogénéisation ».
Des résultats contrastés mais pas d’effet majeur. Si le nombre d’admis en MMOP sur les trois premières années de la réforme a augmenté par rapport à l’année précédente pour les filières médecine (+ 18%) et odontologie (+ 14%), il a diminué pour les autres filières (- 6% pour pharmacie, – 4% pour maïeutique).
Il vaut mieux passer par une PASS qu’une L.AS si on veut réussir son cursus. Les étudiants ayant obtenu une mention très bien au baccalauréat en première année de LAS dans une université sans UFR en santé ont un taux d’accès en maïeutique, médecine, odontologie, pharmacie (MMOP) de 31 % contre 60 % pour les PASS ayant obtenu la même mention.
La réforme n’a pas non plus permis d’enrayer le départ d’étudiants français vers l’étranger pour se former aux études de santé. Selon le sondage réalisé par la Cour, environ 10 % des étudiants n’ayant pas accédé aux formations MMOP poursuivent des études de médecine, d’odontologie, de pharmacie ou de maïeutique à l’étranger, principalement en Espagne, Roumanie, Belgique et au Portugal.
La Cour des Comptes demande le retour à une seule voie d’accès. Alors que les universités ayant opté pour un modèle combinant les deux voies d’accès, PASS et LAS, sont largement majoritaires (29 sur 36), les experts de la Cour des Comptes estiment que « la coexistence des voies PASS et LAS, avec le maintien du PASS comme voie principale, est responsable de ce bilan, tant en termes de diversification que de réussite étudiante ».
Dans un grand mouvement de retour à la case départ ils proposent donc « d’abandonner cette coexistence, jugée complexe et inefficace, et de mettre en place une voie unique d’accès ». Un accès direct après le baccalauréat jugé « trop radical », la généralisation du modèle LAS « présentant un risque d’échec face à l’opposition de nombreux acteurs », ils estiment que la « solution la plus réaliste serait de créer une voie unique, en concertation avec les acteurs, axée sur une première année principalement dédiée à la santé, gérée par l’UFR en santé » tout en « excluant le retour à la PACES ».
- Si pour la Cour des Comptes les moyens financiers nécessaires à la mise en œuvre de la réforme (125 M€ de subvention pour charges de service public de 2020 à 2024) n’ont « pas été suffisamment anticipés par le ministère comme par la plupart des universités », en moyenne, le financement du ministère couvre les besoins de la réforme, dont le surcoût annuel est évalué entre 19 M€ et 31 M€, par une dotation annuelle de 26 M€.