L’ECE n’est plus seulement l’ECE Paris : maintenant installée à Lyon l’école d’ingénieurs profite également des synergies avec les autres écoles du groupe Inseec U. pour créer de nouveaux programmes. Rencontre avec son directeur, Christophe Baujault.
Olivier Rollot : L’ECE n’est plus seulement une école parisienne. Pourquoi vous être installés à Lyon ?
Christophe Baujault : De Lyon à Marseille il y avait une demande importante des jeunes pour intégrer l’ECE. Pour une école qui n’était jamais sortie de Paris c’était une belle opportunité que nous avons saisie. D’autant plus que nous avons la chance d’être implantés au sein d’un des plus beaux immeubles de la ville : l’immeuble Citroën. Cette année nous allons ouvrir en plus à Lyon notre programme « prépac », prépa accélérée pour les étudiants en réorientation après une première expérience peu concluante.
O. R : Quelles nouvelles spécialités allez-vous proposer à vos étudiants en 2019-2020 ?
C. B : Nous allons lancer une nouvelle spécialité – accessible en cinquième année dans le cadre de la majeure « système d’information » – consacrée à la « cybersécurité défensive ». Microsoft et Orange en sont les deux grands partenaires et nous apportent leur expertise ainsi que l’Agence nationale de la sécurité des systèmes informatiques (Anssi) et Thales. Rien qu’en Ile-de-France il manquerait 10 000 personnes aujourd’hui dans le secteur. L’engouement pour la programme est tel que la vice-présidente de Microsoft est même venue nous rencontrer pour en parler devant nos étudiants.
Nous ouvrons également en 2019 une spécialité consacrée au « véhicule autonome connecté » en partenariat avec SIA (Société des ingénieurs de l’automobile) et la PFA (la plateforme automobile) qui regroupent constructeurs et équipementiers, accompagnés par l’ancien directeur de Volkswagen France. Le milieu automobile est en pleine révolution : aujourd’hui l’informatique et l’électronique représentent 60% de la valeur d’une automobile. Les entreprises de logiciel occupent une part de plus en plus cruciale alors que le déplacement devient un service comme un autre. L’expérience utilisateur est au cœur de ces innovations et c’est pourquoi nous avons constitué un comité de pilotage pour construite ce programme avec deux écoles du groupe INSEEC U., l’EBS et Sup de Pub, pour répondre au mieux à tous les besoins des constructeurs.
O. R : Vous avez beaucoup de synergies avec les autres écoles d’Inseec U. ?
C. B : Nous avons également d’autres projets avec Sup de Pub et l’ESCE notamment un MS sur la blockchain avec l’ESCE. Tous les étudiants de nos écoles se rencontrent sur notre campus parisien proche de la Tour Eiffel. Nous devons juste créer un environnement propice aux échanges en créant des espaces de travail en commun pour tous nos étudiants.
O. R : Une réforme de l’apprentissage va bientôt entrer en vigueur. Est-il possible d’effectuer son cursus en apprentissage à l’ECE ?
C. B : C’est possible et nous sommes très sollicités par les entreprises qui veulent attirer nos étudiants dans leurs laboratoires et centres d’expérimentation. Nous voulons donc développer plus de coopérations avec elles.
O. R : Qu’attendent aujourd’hui le plus les entreprises de vos diplômés ?
C. B : On parle de plus en plus du besoin d’acquérir des softskills – je préfère parler d’humanités – pour répondre aux attentes des entreprises. Nos étudiants doivent posséder une vision globale des projets. Ils doivent trouver un équilibre entre cerveau gauche et cerveau droit.
Pour y parvenir nous envoyons par exemple cette année 40 étudiants à San Francisco pour travailler avec des artistes du Moma, l’un des plus grands musées d’art contemporain au monde. La thématique est la frontière entre les hommes et les machines alors que se développe l’intelligence artificielle (IA). Les travaux de nos étudiants sont ensuite exposés dans une galerie d’arts « technique » de San Francisco : le Shop. L’engouement a été extraordinaire chez nos étudiants de deuxième année. Nous les avons sélectionnés sur leurs capacités en anglais et leur créativité.
En cinquième année nous organisons une deuxième expédition à San Francisco, la « Start up Factory », qui donne la possibilité aux étudiants de travailler avec des professeurs de Berkeley. Ils reviennent avec l’esprit d’entrepreneuriat de la côte Ouest des Etats-Unis. Là aussi je profite des synergies que nous pouvons organiser avec tout le groupe Inseec U.
O. R : Comment définiriez-vous les aspirations de vos étudiants ?
C. B : Ils font partir d’une génération sensible au sens de leur action. On assiste à une vraie prise de conscience de la responsabilité des innovations et du progrès. Ils proposent beaucoup de projets autour de la mobilité, la santé ou l’énergie.
O. R : On entend de plus en plus que la transition entre le lycée et l’enseignement supérieur est difficile pour les bacheliers. Comment la facilitez-vous ?
C. B : L’année postbac débute par un mois d’adaptation pour revoir les fondamentaux. Nous nous attachons surtout à leur apprendre à apprendre avec des cours de méthodologie. Jusqu’au bac les lycéens ont essentiellement fait de la duplication. Avec le soutien de coachs nous leur apprenons à s’organiser, à détecter dans un problème des hypothèses à résoudre. Dans le secondaire il n’y a plus cet apprentissage. Ils sont habitués à voir la correction mais pas à comprendre comment y parvenir.