Tous les deux ans la Conférence des Grandes écoles (CGE) effectue une enquête sur la mobilité internationale dans ses écoles membres. Si dans cette édition, portant sur 2011-2012, les flux sortants restent toujours aussi importants la hausse de plus de 30% des étudiants étrangers qui viennent étudier en France est particulièrement remarquable.
Beaucoup plus d’étudiants étrangers en France
En 2011-2012 ce sont plus de 48000 étudiants étrangers qui sont venus étudier en France, dont 25000 dans les écoles d’ingénieurs et 21000 dans les écoles de management. Dans les deux cas la hausse est fort : +24% chez les ingénieurs et +42% chez les managers.
Le plus fort volume (avec 13 000 étudiants) et la plus forte croissance (20 %) concernent les flux en provenance du continent asiatique : les Chinois sont aujourd’hui le plus fort contingent d’étrangers dans les grandes écoles françaises avec 6826 étudiants (ils n’étaient que 2615 en 2007-2008).
La tendance est donc excellente, la circulaire Guéant limitant les possibilités de travail des étudiants étrangers sur le sol français n’ayant fait que “ralentir” une croissance continue depuis maintenant plus de dix ans. La hausse des frais de scolarité pour les étudiants étrangers – notamment engagée dans les écoles de l’Institut des Mines Télécom, ne devrait pas non plus la freiner selon Philippe Jamet, le président de la Conférence des Grandes écoles (CGE) : «Nous pensons au contraire qu’à partir du moment où l’enseignement supérieur est vécu comme un marché dans le monde il faut y afficher des prix cohérents avec le reste du marché pour être visible». Il n’en fait pas moins la différence entre «les pays où on reste très attaché au système français de gratuité, comme par exemple les classes prépas au Maroc, pour lesquels il ne faut rien changer, et les autres».
Quant à Yves Poilane, directeur de Télécom ParisTech et président de la commission relations internationales de la CGE, il rappelle que «l’augmentation des frais de scolarité pour les étudiants étrangers doit forcément être accompagnée de la mise en œuvre d’un système de bourses». Une transition encore à concevoir.
De plus en plus d’étudiants français à l’étranger
Si la progression du nombre des étudiants des grande écoles françaises qui part à l’étranger est beaucoup moins spectaculaire que celle des étrangers qui viennent en France, elle est quand même globalement de plus de 12% avec une mention particulière pour les stagiaires des écoles de management : +32% (seulement + 3,4% pour les écoles d’ingénieurs).
En 2011-12, 47917 élèves des grandes écoles ont en tout effectué un séjour à l’étranger, soit 26% des étudiants français qu’elles reçoivent. En fin de cursus 80% de leurs élèves auront ainsi effectué un séjour à l’étranger. Pour autant les séjours diplômants sont en forte baisse : près de 12% et plus de 17% dans les écoles de management. Ce sont les séjours non diplômants qui tirent vers le haut les effectifs avec +17,5% (+11,3% pour les ingénieurs et +20,7% pour les managers).
Les études. En termes de destination d’études, les plus fortes croissances sont en Amérique Latine (+65% au Brésil avec 420 étudiants, +53 % en Argentine) puis en Asie : +44% Chine (1371 étudiants) et +54% en Corée du Sud (356 étudiants), la destination qui monte. Enfin l’Europe Centrale et Orientale progresse de 23%. Mais il y a aussi des baisses, même spectaculaires en Australie et Nouvelle-Zélande (-40% et seulement 355 étudiants suite à une politique de visa plus restrictive) et -21% en Espagne (1601 étudiants) alors que les États-Unis stagnent avec 1955 étudiants. Également en baisse avec 2153 étudiants (contre plus de 2600 en 2007-2008), le Royaume-Uni reste la première destination des étudiants des grandes écoles.
Les stages. En ce qui concerne les stages (23716 en dont 9000 pour les ingénieurs et 10800 pour les managers, le solde étant dans les «autres spécialités»), l’Europe reste la région du monde favorite des étudiants qui partent en stage, avec tout juste la moitié des flux, suivie de l’Asie (20 %) et de l’Amérique du Nord (15%). Alors que le Royaume-Uni domine toujours ce palmarès (un peu plus de 4000 stagiaires reçus en 2011-2012, devant les États-Unis (2714), l’Allemagne et l’Espagne, la Chine pointe en cinquième position avec 1661 stagiaires. « Un chiffre qui devrait fortement baisser, voire disparaître dans les années à venir tant les conditions de visa posées depuis peu par le gouvernement chinois pour empêcher les stagiaires comme les jeunes diplômés sans expérience de venir sur son sol sont aujourd’hui restrictives », fait remarquer Yves Poilane. Un premier coup d’arrêt à l’expansion des échanges d’étudiants vers la Chine ? A suivre…