À la demande de la Commission des finances de l’Assemblée nationale, le Hcéres (Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur) a réalisé une Etude sur les écoles nationales supérieures d’architecture (Ensa) pour évaluer notamment les moyens financiers notoirement insuffisants.
Des effectifs stabilisés depuis 20 ans
Il ressort notamment de l’étude qu’alors que « l’attractivité des études d’architecture est forte (3300 admis pour 47 000 candidatures sur ParcourSup) et que la France est l’un des pays d’Europe où le nombre d’architectes par habitant (0,4 pour 1000) est le plus bas, le nombre d’étudiants dans les Ensa est resté stabilisé autour de 20 000 sur la même période ». Une stabilisation des effectifs étudiants liée essentiellement selon le Hcéres à « la difficulté de dégager des moyens budgétaires et des ressources humaines supplémentaires » qui tient « particulièrement à la contrainte des locaux ».
Or pour le Hcéres les objectifs à atteindre pour la France en termes de transition environnementale requièrent une augmentation du nombre total d’étudiants de 2 000 à 4 000 (soit de 10% à 20%). A l’horizon 2030, une croissance de 10% (+ 2 000) constitue un objectif « souhaitable et atteignable ».
Les tensions sur les moyens
On l’a vécu ces derniers mois, les tensions sur les moyens sont la principale pierre d’achoppement entre les écoles et leur tutelle. Au Projet de loi de finance (PLF) 2020, la dotation du ministère de la Culture pour les Ensa s’élèvait à 51,6 M€. En consolidant ce budget par l’ajout de la masse salariale des enseignants et des personnels l’effort budgétaire en faveur des Ensa correspond à 169 M€. La dépense moyenne par étudiant peut ainsi être estimée à 8 500 €/an, très loin de la moyenne dans l’enseignement supérieur, qui est de 11 630€ par an, et encore plus loin de la moyenne des études nécessitant des ressources techniques.
De plus les ressources propres sont généralement réduites (moyenne de 16% des
budgets), malgré des différences notables entre écoles (3% pour l’Ensa de Clermont-Ferrand contre 30% à l’Ensa de Nantes). Enfin les droits d’inscription sont faibles et stables alors que le ministère de la Culture n’applique pas la différenciation des droits de scolarité pour les étrangers hors Union européenne.
Une tutelle « ambiguë »
Le Hcéres pose également la question de la tutelle des écoles par le ministère de la Culture : Les rapports d’évaluation du Hcéres indiquent en effet la « faiblesse du pilotage des Ensa par le ministère de la Culture « qui n’est pas seulement liée à « l’insuffisance des moyens et à l’absence de projection pluriannuelle mais à l’ambiguïté de l’engagement du ministère de la Culture en faveur de la participation des établissements de son ressort à des mutations de l’enseignement supérieur et de la recherche ». Les écoles seraient ainsi « isolées face à des choix décisifs où il en va de leur influence et parfois de leur survie ».
Conclusion : un « rééquilibrage de la tutelle est souhaitable : il passe par un calibrage des moyens que le ministère du ministère de la Culture accorde aux Ensa et par l’investissement accru du ministère chargé de l’Enseignement supérieur ». Les écoles d’architecture auraient donc tout à « gagner d’une coopération interministérielle en amont et d’une autonomie au travers des EPE en aval ».
- Le Conseil national de l’ordre des architectes (CNOA) recense 30 000 architectes en France; en Grande Bretagne, ils sont 57 000. Le nombre d’architectes
par habitant, en France serait ainsi l’un des plus bas d’Europe : 0,4 pour 1 000 habitants contre une moyenne de 1,1 pour l’ensemble de l’Union européenne. Ce
chiffre place ainsi la France très loin derrière l’Italie (2,6), le Portugal (2,2) le Danemark (1,8) et l’Allemagne (1,3).