- Tout l’été nous vous proposons de retrouver des grands entretiens publiés sur ce blog en 2014-2015 et qui présentaient des stratégies d’établissements.
« Nous recrutons 80 étudiants chaque année sur le bachelor grâce à notre modèle « french business school » qui cumule insertion professionnelle et vision internationale tout en préservant la proximité avec les étudiants. » Olivier Benielli, directeur du campus de Toulouse business school à Barcelone en est certain : les écoles de management françaises peuvent imposer leur modèle à l’étranger. Etudiante dans son bachelor Carlota Porta le confirme : « Je valorise beaucoup la partie entreprise et la partie internationale de TBS. Ici c’est vraiment international. J’ai commencé par aller à l’Esade [une des écoles de management espagnoles les plus réputées] mais j’ai trouvé que l’enseignement y était trop théorique. Je cherchais plus de pratique dans le marketing avec des stages et c’est pour cela que je me suis inscrite à TBS Barcelona ».
Une business school française en Espagne
Aujourd’hui TBS Barcelona est une antenne rentable dont le chiffre d’affaires atteint les 3,8 millions d’euros et reçoit en tout chaque année 550 étudiants (ils sont 4200 à Toulouse) et 30 permanents. « 312 étudiants du programme grande école viennent chaque année à Barcelone avec des majeures spécifiques (Fashion and Luxury Marketing, Strategy and Consulting) et des options professionnelles (Management B to B, Fashion and Luxury Management, Tourisme and services management) et un double diplôme MSc Finance et marketing », explique Isabelle Assassi, directrice des programmes de formation initiale et du programme grande école de TBS
TBS Barcelona s’est peu à peu imposée dans l’enseignement supérieur barcelonais au point d’ouvrir un double diplôme avec l’Université polytechnique de Catalogne en 2012, une université parmi les meilleures d’Espagne qui compte pas moins de 200 professeurs en management. « Presque vingt ans pour développer un premier accord avec l’écosystème barcelonais cela peut sembler long mais il faut aussi comprendre que nous sommes aussi considérés comme des concurrents des universités locales même si nous avons de bons rapports », rappelle Olivier Benielli (photo). Car la Catalogne c’est 12 universités et 237 000 étudiants – dont 22 000 dans le premier cycle de sciences de gestion qui dure ici quatre ans -, et une région qui représente 19% du PIB pour 16% de la population espagnole et où le chômage commence doucement à redescendre : il touche aujourd’hui 23% de la population contre 27% au plus fort de la crise dans un pays où il n’est jamais descendu sous les 15%.
D’ici cinq ans TBS Barcelona compte bien atteindre les 700 étudiants, dont 260 en bachelor. « Nous voulons avoir 10 professeurs permanents soit 4 supplémentaires et 50% des ressources dégagées par le campus (36% aujourd’hui) pour une chiffre d’affaires de 4,7 M€ », reprend Olivier Benielli, conforté dans sa stratégie par le directeur du groupe TBS, François Bonvalet, qui assure que si « TBS Barcelona est rentable, il n’a pas à rapporter des ressources à TBS » et qu’il « pense avant tout au marché local » : « Nous passons un modèle de business school internationale multipolaire ».
D’autres implantations en vue
Devant le succès de son antenne barcelonaise, mais aussi de son implantation marocaine à Casablanca, François Bonvalet pense aujourd’hui à deux autres destinations dans les cinq ans. À commencer par Londres fin 2015 où TBS va installer son option finance quantitative et où 40 étudiants seront sélectionnés chaque année pour suivre cours et stages. Après Bangalore, en Inde, une nouvelle implantation du MBA Aerospace est également envisagée avant la fin 2016.
Le tout avec une véritable méthode que détaille ainsi François Bonvalet : « Nous commençons par identifier un pays intéressant pour les étudiants puis nous cherchons un partenaire académique ou commercial sur place (comme la chambre de commerce franco-marocaine à Casablanca) puis créons une structure juridique de droit local ». TBS entend investir dans ses propres infrastructures. À Barcelone les bâtiments ont été loués pour 20 ans et sont clairement siglés TBS. « Bientôt TBS va changer de statut juridique et devenir une EESC et pourra même investir dans l’achat de bâtiments, ce qui n’était pas possible en tant que service consulaire », confie François Bonvalet (photo), qui tient avant tout à maîtriser la partie académique avec des professeurs permanents et pas seulement des « flying teachers » : « Il ne s’agit pas d’être un simple lieu d’accueil de nos étudiants. TBS Barcelona est triple accrédité – Equis, AACSB et Amba – comme tout TBS ! »
La dimension internationale
Pour parvenir à accroître son rayonnement international, TBS s’appuie d’abord sur ses propres forces et va ainsi ouvrir un bureau de représentation Asie en Chine à Beijing en 2016. « Il s’agit de recruter des étudiants tout autant que d’appuyer les démarches d’homologation de nos diplômes comme par exemple le DBA », explique François Bonvalet. Mais celles de la Comue université fédérale de Toulouse Midi-Pyrénées lui sont également utiles. « Elle a signé d’excellents partenariats, dont certains dans les meilleures universités chinoises, qui nous profitent aussi. »
Un nouveau directeur des relations internationales est en voie de recrutement pour améliorer notamment la qualité du réseau de partenaires et s’ouvrir vers l’Asie (Malaisie, Vietnam, Indonésie) et l’Afrique subsaharienne tout en recherchant deux grands partenaires américains. « Aujourd’hui nous avons 160 partenaires que nous allons « toiletter » en privilégiant les accréditations. Quand ce n’est pas possible, en Europe de l’Est par exemple, nous regardons les rankings locaux. Nous devons éviter les partenaires qui attendent avant tout de nous de la visibilité. Il ne faut pas qu’on envoie des étudiants là où le niveau est moins bon ! »
Cette dimension internationale passe également par la forte présence de professeurs étrangers. « Dans les cinq années à venir, nous voulons faire passer le pourcentage de nos professeurs étrangers de 33 à 40%, ce qui signifie qu’ils représenteront la moitié de ses nouveaux recrutements », reprend François Bonvalet, plus largement persuadé que, « sur chaque campus, il faut s’emparer de la dimension internationale pour que chaque salarié apprenne à bien recevoir les étudiants étrangers ».