Évaluer ce n’est pas forcément se faire aimer de tous. Ce constat, Didier Houssin, président de l’Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (Aeres), est bien obligé de le faire alors que les Assises nationales de l’enseignement supérieur approchent et que certains voudraient aller jusqu’à couper la tête de son agence. « Les études que nous avons faites prouvent qu’aujourd’hui 48% des universitaires interrogés sont favorables à notre action pour 34% qui y sont opposés. » 34%, une grosse minorité agissante, qui a poussé le conseil de l’Aeres à réaffirmer, il y a dix jours, l’importance d’une « évaluation impartiale et transparente, organisée selon une méthode homogène », mission qui lui a été confiée en 2006 et que des organisations comme « Sauvons l’université » aimeraient bien lui voir ôter.
Répondre aux critiques
En 2012, s’est conclu un premier cycle complet d’évaluation de l’ensemble des universités, mais aussi de nombreuses écoles de tous types, depuis la création de l’Aeres. En 2013 vont être évalués l’ensemble de l’Ile-de-France, les académies de Lille et Montpellier, les universités des Antilles, de la Guyane et de la Réunion ainsi que dix organismes nationaux de recherche. C’est dire si l’Aeres a besoin de sérénité à l’aube d’évaluation aussi stratégiques. « Nous entendons les critiques sur nos méthodes et nous évoluons quand il le faut », explique encore Didier Houssin, dont l’agence peut même « changer un expert si nous constatons qu’il y a une incompatibilité entre lui et l’institution ou le diplôme évalué ».
Un Didier Houssin qui récuse par contre toutes les critiques sur les compétences des experts de l’Aeres – « Ce sont des personnalités reconnues de l’université » – comme sur la trop grande « paperasse » que générerait son agence : « Une évaluation tous les cinq ans, cela ne semble pas trop, non ? ».
Olivier Rollot (@O_rollot)