Le concours Fesic Prépa devient Ingeni’up. Directeur de l’Ecam Lyon, Didier Desplanche revient avec nous sur ce que cela change pour les étudiants. Tout en s’interrogeant sur l’évolution du recrutement des écoles d’ingénieurs avec la création du bachelor universitaire de technologie (BUT).
Olivier Rollot : Le concours Fesic Prépa devient Ingeni’up. Qu’est-ce que cela va changer ?
Didier Desplanche : Il s’agissait d’être plus lisible dans la mesure où l’ensemble des écoles de la Fesic ne font pas partie du concours. Cette année le concours compte cinq nouvelles écoles dans ses rangs. En plus des écoles ECAM LaSalle, ECAM Rennes, ECAM Strasbourg- Europe, ECAM-EPMI, UniLaSalle Beauvais, UniLaSalle Rennes, UniLaSalle Amiens (ESIEE-Amiens), ce sont 4 sites de l’école Icam (Lille, Paris Grand Sud, Nantes, Toulouse) et le site UniLaSalle Rouen qui sont désormais accessibles par l’intermédiaire du nouveau concours. Au total, 12 écoles en contrat avec l’Etat et qualifiées établissement d’enseignement supérieur privé d’intérêt général (EESPIG).
O. R : C’est un concours post prépas pour des écoles qui recrutent toutes également après le bac. Comment cela fonctionne-t-il ?
D. D : Pour la plupart des écoles les flux à bac+2 représentent la moitié des effectifs. C’est très intéressant pour nous de gérer ces deux flux. Les deux populations cohabitent très bien.
Nous n’organisons pas directement le concours. Les candidats postulent au travers de deux banques d’épreuves – E3A Polytech et Banque PT – et les écoles appliquent ensuite des coefficients – par exemple en majorant le poids de la chimie – puis font passer des entretiens aux candidats retenus après les écrits.
O. R : Quel est le profil des candidats que vous recrutez ?
D. D : En général un candidat passe entre quatre et cinq concours. Évidemment on espère toujours être reçu dans les écoles les plus prestigieuses mais il faut aussi prévoir une solution de « sécurité ». C’est-à-dire de bonnes écoles comme les nôtres mais auxquelles on n’a pas forcément pensé tout de suite en entrant en classe préparatoire. Selon les écoles nous proposons plus ou moins de places pour chaque filière. A l’Ecam Lyon que je dirige c’est par exemple 45 pour les PT, 20 pour les MP, 10 pour les PT et autant pour les PSI.
O. R : La réforme du bac pourrait-elle faire évoluer vos recrutements en 2023 quand arriveront les premiers préparationnaires qui en sont issus ?
D. D : Nous attendons les résultats pour nous réajuster. Par exemple pour les MP-SI, très importants pour notre école, l’écart de niveau en sciences de l’ingénieur ne doit pas être rédhibitoire. Aujourd’hui nous recrutons à 95% des bacheliers généraux et à 5% des STI2D plus quelques étudiants titulaires de licences en mathématiques et en physique et enfin quelques prépas ATS.
O. R : En 2023 votre autre souci de recrutement va être du côté des instituts universitaires de technologie (IUT) dont le nouveau diplôme, le bachelor universitaire de technologie (BUT), dure trois ans après le bac quand vous recrutiez beaucoup de titulaires d’un diplôme universitaire de technologie (DUT), deux ans après le bac. Comment allez-vous gérer cette situation ?
D. D : Le schéma LMD remet en cause notre schéma actuel. Pour l’Ecam Lyon, pionnier de l’alternance puisque notre première formation date de 1992, les titulaires d’un DUT représentaient jusqu’ici 90% d’une promotion. Peut-on imaginer que certains étudiants de BUT préféreront finalement de poursuivre que jusqu’à bac+2 ?
Plus largement comment expliquer un modèle bac+2+3, sans sorties intermédiaires diplômantes, à l’international ? Or les écoles d’ingénieurs françaises sont de vraies références dans le monde.
O. R : Justement, parlons un peu plus de l’Ecam. Va-t-elle s’implanter à l’international ?
D. D : Nous avons même ouvert un campus au Cambodge en octobre dernier. Nous attendons maintenant que la Commission des titres d’ingénieur (CTI) vienne décider si nous pouvons remettre notre diplôme là-bas. Nous serions ainsi la troisième école d’ingénieurs française à remettre son diplôme à l’étranger. Au Cambodge nous dispensons notre diplôme 100% en anglais pour répondre aux besoins locaux d’étudiants essentiellement cambodgiens mais aussi originaires d’Asie. De plus six étudiants français les rejoignent cette année ce qui va pousser toute la promotion à s’exprimer en anglais. Sinon il y a toujours le risque de voir étudiants et professeurs – également cambodgiens – revenir à leur langue natale. Le cursus dure cinq ans dont les trois dernières années au sein de notre partenaire, l’Institut de technologie du Cambodge. Nous sommes en discussion avec trois autres pays pour d’autres implantations.