Depuis 1993, la DEPP (Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance) du ministère de l’Education nationale, de la Jeunesse et des Sports publie les indicateurs de valeurs ajoutées des lycées (les IVAL) avec un objectif multiple, explique Fabienne Rosenwald, la directrice générale de la DEPP : « Celui de l’information, de la réflexion, de la transparence et du pilotage. Il ne s’agit ni d’un classement, ni d’un palmarès, mais bien d’un dispositif de compréhension ».
Raisonner en valeur ajoutée. Destinés aussi bien aux acteurs et décideurs (chefs d’établissement, recteurs, inspecteurs) qu’aux parents et élèves, les IVAL cherchent à rendre compte de l’impact réel des actions des établissements. «La France étant un des pays où la réussite scolaire dépend le plus de l’origine social, il est nécessaire d’isoler les facteurs externes et de mesurer l’action réelle des lycées sur leurs élèves », insiste la directrice.
C’est donc avec cette ambition que la DEPP a créé son IVAL. Celui-ci repose sur deux principes fondamentaux : s’appuyer sur une « batterie d’indicateurs » et raisonner en valeur ajoutée. Mais à quoi correspond donc cette « valeur ajoutée », présentée comme LA bonne approche ? Il s’agit de « comparer ce qui est comparable », c’est-à-dire, « des élèves équivalents dans des établissements équivalents » précise Fabienne Rosenwald. Autrement dit, il s’agit d’abord de calculer un taux attendu par lycée, correspondant à la moyenne des établissements qui lui ressemblent. Ce taux attendu est ensuite soustrait au taux observé ; et c’est cette-dernière opération qui délivre la fameuse valeur ajoutée.
Reste une précision à apporter : comment est appréciée l’équivalence entre les lycées, notion centrale du calcul puisqu’elle détermine le taux attendu ? Elle s’appuie ici encore sur une multiplicité d’indicateurs prenant en compte :
- les caractéristiques individuelles des lycéens ;
- la composition sociologique de l’établissement ;
- son offre de formation.
Ces propriétés ont elles-mêmes un contenu fourmillant. Les attributs individuels des élèves concernent leur sexe, leur profil social et scolaire. La composition sociologique du lycée dépend de propriétés proches puisqu’elle tient compte du pourcentage de filles, de l’IPS moyen, de la note moyenne à l’écrit du diplôme national de brevet (DNB) et du pourcentage d’élèves en retard (ces deux éléments étant aussi ceux utilisés pour calculer le profil scolaire des élèves).
Le taux de réussite, le taux de mention et le taux d’accès sont ainsi tous les trois appréhendés via leur valeur ajoutée. Cette approche rend finalement la notion de « classement » légèrement désuète car elle multiplie la possibilité du ou des critères à retenir.
Quand les médias s’en emparent. Il pourrait exister autant de classements que d’indicateurs. Et si on se tourne du côté des articles parus, cette hypothèse est confirmée ! En effet, la traditionnelle appétence des médias pour ces palmarès n’est toujours pas rassasiée. C’est alors tout logiquement qu’il y a autant de meilleurs lycées que de classements (et surtout de méthodologies !).
Le site l’Internaute s’appuie ainsi sur trois critères pour construire sa note : les taux bruts de la réussite au bac (qui compte pour 50% de la note), de l’accès au bac pour les secondes (25% de la note totale) et enfin des mentions (25% de la note totale également). On constate ici que les indicateurs de valeurs ajoutées conçues par la DEPP ne sont ni pris en compte dans le calcul, ni valorisés dans l’article. Ce calcul envoie trois lycée parisiens sur le podium : Louis Le Grand suivis par Henri IV et Stanislas. Une méthodologie proche de celle du Figaro Etudiant qui établit le même podium.
En revanche Le Parisien et l’Etudiant ne placent aucun des trois lycées précités en pole position. Leurs calculs diffèrent en effet radicalement en incluant les valeurs ajoutées. Le Parisien a additionné les trois indicateurs de valeur ajoutée (réussite, mention et accès pour les secondes), pour constituer un total contribuant à la note finale. A ce premier critère, s’ajoutent les taux brut de réussite et de mention au bac, ainsi que l’effectif de bacheliers. De ces 4 attributs (une fois pondérés), ressort une note de 20 imputée à chaque lycée de plus de 100 élèves. C’est le lycée marseillais Thiers avec sa note de 16,53 qui est alors désigné comme premier de la classe.
Autre procédé chez L’Etudiant qui ne cumule pas les valeurs ajoutées et n’en conserve que deux dans son calcul : celles du taux de réussite et du taux de mention. Puis il y ajoute les trois taux bruts (le taux d’accès pris en compte est celui des élèves de premières. Ces cinq critères ont tous le même poids dans la note. Celle-ci est sur 200, et ce sont les lycées Louise Weiss de Sainte-Marie-aux-Mines et Notre Dame de Peltre qui sont tout en haut du classement avec un score de 188/200. Mais ce n’est pas ce qui constitue vraiment la finalité de l’Etudiant. En effet il les utilise pour catégoriser les lycées en quatre niveaux : A=très bon lycée ; B=bon lycée ; C=lycée moyen ; D=lycée très moyen.
Il semble alors exister des alternatives aux classements, mais lesquels ? Plusieurs médias se sont attachés à un « simple » recueil des indicateurs de la DEPP, laissant aux parents et aux élèves la possibilité de s’intéresser aux indicateurs de leur choix. France info a opté pour cette option, en ajoutant simplement la typologie de la DEPP. Autrement dit, les lycées sont nommés selon cinq catégories : les « accompagnateurs », les « performants », les « neutres », les « sélectifs » et ceux « en deçà des attentes ». Ils ne sont donc pas classés mais évalués selon leur propre performance.
C’est aussi l’alternative retenue par Le Monde qui ne classe pas mais délivre seulement les données de la DEPP. C’est alors aux utilisateurs que revient le choix de comparer les lycées selon leurs propres critères et besoins.