C’est l’une des priorités du moment : faire travailler ensemble des équipes pluridisciplinaires et rapprocher les étudiants. Frank Vidal, le directeur général d’Audencia, et Pascal Brouaye et Nelly Rouyrès, président et vice-présidente du Pôle universitaire Léonard de Vinci, ont largement investi dans le rapprochement entre les disciplines. Le premier grâce à une alliance avec Centrale Nantes et l’école d’architecture mais aussi par la présence en son sein d’une école de communication, les seconds par la gestion d’écoles de management, d’ingénieurs et de design.
Au début était Artem
À tout seigneur tout honneur il n’est pas possible de parler hybridation sans évoquer Artem, l’alliance qui unit depuis 1999 trois grandes écoles nancéiennes : les Beaux-Arts pour l’art, l’École des Mines pour la technologie et l’ICN Business School pour le management. Une alliance exemplaire dans sa philosophie mais dont les effets ont été longs à se mettre en place : c’est seulement à la rentrée 2016 que les trois écoles seront enfin installées sur le même site et les synergies ont été longues à se dessiner.
Mais font la force d’Artem aujourd’hui comme l’explique Jérôme Caby, le directeur de l’ICN (relire son entretien complet): « Beaucoup d’étudiants nous rejoignent parce qu’ils savent qu’ils pourront travailler avec d’autres types d’étudiants. Dans le cadre de la réforme de notre programme grande école, nous allons d’ailleurs de plus en plus mutualiser des programmes avec les deux autres écoles. Nous travaillons maintenant pour que nos étudiants puissent suivre certains cours chez les uns et les autres ». Le tout avec une structure très souple : trois directeurs qui se rencontrent une fois par mois pour régler les problèmes plus un demi-poste.
« Nous ne sommes plus seulement une école de management ! »
Frank Vidal n’est pas le seul directeur d’école de management à pouvoir proclamer sa sortie du modèle grande école classique – le groupe ESC Troyes possède son école de design, l’Essca a initié des bachelors technologiques, l’ESC La Rochelle se spécialise dans le tourisme, etc. – mais il peut se targuer d’avoir pris tôt le train de l’hybridation. En interne avec son école de communication mais aussi en se rapprochant de Centrale Nantes pour délivrer des doubles diplômes : « Avec 150 doubles diplômés chaque année, nous avons aujourd’hui un savoir-faire sans équivalent dans la formation des ingénieurs-managers et nous pensons maintenant à créer des bachelors hybrides ».
S’ils sont essentiellement destinés aux ingénieurs, ces doubles diplômes concernent également de plus en plus de managers suffisamment bons en maths – et prêts à se remettre à niveau en physique – pour réaliser un double cursus. Une expérience qu’on retrouve aujourd’hui aussi bien à HEC (avec l’École polytechnique) qu’à l’Essec (avec Centrale Paris). Aujourd’hui Audencia pense aller plus loin avec une école d’architecture dans laquelle, Franck Vidal en est persuadé, « le management va se développer ».
20% de cours en commun
En disposant à la fois d’une école d’ingénieurs, l’EMLV, d’une de management, l’ESILV, et d’une école d’Internet, l’IIM, le pôle universitaire Léonard de Vinci est particulièrement bien placé pour rapprocher les disciplines. « Tout le monde se demande aujourd’hui comment surmonter les défis de l’hybridation et de la transdisciplinarité et nous avons justement la chance de posséder trois écoles très complémentaires », commente Pascal Brouaye, son président. Dès l’an prochain ce sont 20% des cours qui seront dispensés en commun. Il s’agira en particulier, de ce qu’on appelle les « soft skills », c’est-à-dire des cours de créativité, d’innovation, de gestion de projet… tout ce qui permet de former un cadre amené à prendre des responsabilité de projet.
« Aujourd’hui, ce sont déjà 1200 de nos 3000 étudiants qui sont confrontés au quotidien à l’hybridation dans le cadre de projets en équipes », confie Nelly Rouyrès, la vie présidente du pôle, qui insiste : « En travaillant sur des thèmes relatifs au monde de l’entreprise, les étudiants de nos trois écoles sont réunis par groupes de six. Ils suivent également ensemble des enseignements de langue et de sport et se rendent ainsi compte de combien leurs approches sont parfois différentes ».