ECOLES DE MANAGEMENT, PORTRAIT / ENTRETIENS

« Ce que nous voulons à Neoma c’est proposer des immersions significatives à nos étudiants dans un contexte réel »

Sarah Cooper, directrice des Relations et du Développement International de NEOMA Business School

A l’occasion d’un voyage à la rencontre de trois grands partenaires académiques de NEOMA Business School à Milan – la SDA Bocconi, l’Università Cattolica del Sacro Cuore et le Politecnico de Milano – Sarah Cooper, directrice des Relations et du Développement International de Neoma, nous explique sa stratégie d’échanges internationaux.

 Olivier Rollot : On le sait : la stratégie de Neoma n’est pas d’implanter des campus en propre tout autour du monde mais de favoriser les échanges avec d’autres institutions. Comment mettez-vous en musique cette stratégie en tant que directrice des Relations et du Développement International ?

Sarah Cooper : Neoma a toujours compté beaucoup de partenariats forts, que ce soit au sein de la Grande école ou avec la création du Cesem en 1974. Aujourd’hui nous avons 400 universités partenaires dans un portefeuille d’accords que nous consolidons constamment. Il s’agit aussi pour nous de nous diversifier en proposant des doubles diplômes, des programmes hybrides ou encore des cours spécifiques avec des universités très investies dans le digital ou les technologies. Ce que nous voulons à Neoma c’est proposer une grande diversité de propositions à nos étudiants avec des immersions significatives dans le temps, dans un contexte réel où peu d’étudiants de Neoma sont présents en même temps sur le même campus.

Chaque année ce sont ainsi 2 000 étudiants du programme Grande école et du Global BBA – une partie en double diplôme pour deux ans pour ces derniers – qui partent étudier dans nos 400 institutions partenaires. Le principe est celui de la réciprocité : nous envoyons autant d’étudiants chez elle que l’université partenaire nous en envoie. Les étudiants ne payant absolument rien de plus que leurs frais de scolarité.

O. R : Dans le cadre de ces échanges, est-il possible d’aller plus loin que les disciplines classiques du management  ?

S. C : Nous proposons en tout 60 doubles diplômes, dont certains dans des domaines hybrides comme les sciences naturelles ou le design. La plupart des échanges se font dans les domaines classiques des business schools mais aussi dans d’autres plus spécifiques comme les sciences politiques, l’ingénierie, le droit, etc. Nous proposons par exemple un double diplôme avec l’Université de Tongi en Chine en Technologie et Management. Nous travaillons actuellement avec notre partenaire, l’université britannique d’Exeter sur une possibilité de double diplôme en sustainability.

Ces programmes spécifiques sont conçus pour des étudiants qui ont déjà une idée précise du secteur dans lequel ils souhaitent travailler et souhaitent commencer à se spécialiser en suivant des cours qui n’ont pas de pré-requis trop strict.

La SDA Bocconi de Milan fait partie des plus prestigieux établissements avec lesquels Neoma est partenaire

O. R : Plus largement comment sélectionnez-vous les étudiants qui demandent à se rendre dans les établissements les plus prestigieux comme par exemple l’Université de Bocconi ?

S. C : L’Université de Bocconi était la plus demandée cette année avec trois places qui sont attribuées en fonction du rang académique. Les étudiants émettent une liste de vœux et, en fonction également de leur niveau en langue, nous leur attribuons des places.

O. R : Vous le disiez : vos contrats avec les universités partenaires sont strictement des échanges de réciprocité. Cela ne doit pas toujours être facile à organiser ?

S. C : Nous devons effectivement être très créatifs et innovants. Nous proposons à nos étudiants des expériences plutôt longues – de six mois à un an – quand ailleurs les périodes de mobilité sont plus courtes. Pour pallier cette difficulté nous avons créé des échanges d’été de quatre semaines, des summer programs, des bootcamps ou encore des séjours dans nos incubateurs pour les étudiants anglo-saxons. Notre programme d’été en management du sport attire beaucoup d’étudiants australiens et canadiens. Notre programme d’été en l’hospitalité et la gastronomie attire d’autres étudiants européens.

A Milan Neoma est partenaire de l’Università Cattolica del Sacro Cuore

O. R : Y a-t-il une inflexion récente des destinations que demandent les étudiants français ?

S. C : La moitié de nos étudiants vont d’abord en Europe. Ensuite l’Asie revient en force : la Chine fait de nouveau partie du top 10 des destinations demandées, l’Asie du Sud Est monte en flèche alors que le Japon et la Corée du Sud attirent toujours autant nos étudiants. Nous assistons en revanche à une baisse des demandes vers les Etats-Unis, le Canada, la Grande-Bretagne, l’Irlande et les Pays-Bas. Pour ces deux derniers pays le coût du logement explique sans doute la baisse. Pour les Etats-Unis l’inflation a été forte et il faut aussi prendre en compte la nécessité de bloquer des sommes d’argent conséquents sur un compte avant de s’y rendre.

O. R : Les pays anglo-saxons que vous évoquez ont aussi passé des messages très restrictifs à l’entrée des étudiants internationaux.

S. C : Effectivement et le Canada a un temps voulu restreindre les visas d’un an avec des quotas pour chaque université. Finalement il y a eu peu de cas mais cela a fait réagir et nos étudiants ont partagé l’information.

O. R : Qu’en est-il aujourd’hui des Etats-Unis dans l’ère Trump ?

S. C : Les universités américaines se veulent plutôt rassurantes et ne réduisent pas le nombre de places qu’elles ne proposent. Et si c’était le cas l’un des grands atouts d’avoir 400 universités partenaires c’est que nous pouvons faire appel à la solidarité dans les périodes difficiles.

O. R : Est-il possible d’obtenir des bourses pour financer son séjour ?

S. C : Les bourses Erasmus financent une partie du séjour en Europe et sont complétées par des bourses régionales dont le montant varie. Neoma propose quant à elle des bourses pour certains étudiants en difficulté.

Autre partenaire milanais pour Neoma: l’école de management du Politecnico di Milano

O. R : Le Covid, Fukushima, la Russie, le Liban, les écoles n’ont pas été épargnées par les chocs géopolitiques et sanitaires ces dernières années. Vous êtes maintenant rodés j’imagine ?

S. C : Nous avons effectivement mis en place des éléments pour résoudre les crises éventuelles. Cela passe par la solidarité que j’évoquais mais aussi par le recours au réseau d’alumni, qui viennent aider nos étudiants, et au concours des entreprises.

O. R : Une question plus personnelle : c’est comment la vie d’un responsable des relations internationales ? Vous êtes toujours par monts et par vaux ?

S. C : Pas tant que ça. Je dirais que j’effectue une bonne dizaine de déplacements par an. Nous recevons beaucoup de partenaires, nous profitons des conférences internationales aussi pour les rencontrer et en prospecter d’autres. Et puis la visio est très efficace quand on connait déjà bien ses partenaires.

O. R : Vous arrive-t-il souvent de décider qu’un partenaire n’est plus en phase avec vos exigences ? Tous vos partenaires doivent-ils par exemple être triple accrédités AACSB, Amba, Equis ?

S. C : Nous ouvrons et fermons des échanges essentiellement en fonction de l’offre de cours proposée et du suivi de nos étudiants. La triple accréditation est importante mais est peu répandue dans de nombreux pays, par exemple l’Allemagne.

O. R : Nous avons beaucoup parlé des étudiants français. Quelles sont les exigences des universités étrangères avec lesquelles Neoma est partenaire ?

S. C : C’est d’abord le principe de réciprocité que j’évoquais qui prévaut. Ensuite nous devons présenter un catalogue de cours en phase avec ce que les étudiants internationaux recherchent. Les universités américaines exigent par exemple des équivalences de cours très strictes. Et il faut évidemment dispenser des cours en anglais comme ne faisons très majoritairement.

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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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