CLASSEMENTS / PALMARES, ECOLES DE MANAGEMENT, UNIVERSITES

Classements des universités et grandes écoles: les mesures d’impact s’imposent peu à peu

Impact Rankings du Times Higher Education, World University Rankings Sustenaibility de QS, Classement des écoles les plus engagées dans la transition écologique de ChangeNOW et Les Echos START, les mesures d’impact environnemental et de diversité génèrent peu à peu des classements dédiés. En revanche si les classements « classiques » accordent un peu de place aux questions de diversité, aucun n’intègre encore les données d’impact environnemental. « Il faut que les critères des classements des écoles de management évoluent alors que beaucoup de critères sont obsolètes et pas assez qualitatifs pour évaluer l’implication des écoles dans les mutations » regrettait ainsi le directeur général du groupe Excelia, Bruno Neil, lors de la journée « Former à la transition écologique dans l’ESR : défis et solutions » qui a eu lieu le 20 octobre à Bordeaux. Dans le rapport Former les acteurs de l’économie de demain produit par The Shift Project et Audencia, le président du Shift Project, Jean-Marc Jancovici s’interroge : « Faut-il sélectionner les élèves sur des bases différentes ? Inventer des classements des établissements qui ne mettent plus en critère principal le salaire à la sortie ? Comment cesser de servir un système que l’on sait aller dans le mur sans aller dans le mur soi-même parce que l’on est sorti du jeu ? ».

Quelles mesures d’impact ? Si les classements évoluent peu c’est d’abord parce que les mesures permettant d’estimer l’investissement des établissements d’enseignement supérieur dans les transitions environnementales restent flous.

Dans la méthodologie de la deuxième édition de leur classement, ChangeNOW et Les Echos START mettent ainsi aussi bien en avant des questions académiques (pourcentage de cours intégrant les enjeux environnementaux et sociaux, le pourcentage de cours spécialisés dans l’impact que les chaires, activités et séminaires dédiés, mastères spécialisés dédiés) que de réseaux (diplômés dans le secteur de l’impact, formation continue, clubs de diplômés dédiés) ou encore de stratégie. Les questions de diversité sociale, plus faciles à estimer avec l’existence de nombreux indicateurs, occupent également une place importante. Enfin le classement reprend des indicateurs plus classiques sur l’employabilité.

Pour sa quatrième édition, le Times Higher Education Impact Rankings évalue quant à lui les universités par rapport aux objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies dans quatre grands domaines : la recherche, l’intendance, la sensibilisation et l’enseignement. Toute université qui fournit des données sur l’ODD 17 et au moins trois autres ODD est incluse dans le classement général. à eux divisés en mesures de durabilité environnementale – y compris les institutions durables, l’éducation durable et la recherche durable – et de mesures d’impact social qui comprennent l’égalité, l’échange de connaissances, l’impact sur l’éducation, l’employabilité et les opportunités, et la qualité de vie. 

Universités qui s’impose ? De par leurs méthodologies très éloignées le Times Higher Education et QS livrent des résultats très différents. Comme les années précédentes le Times Higher Education donne la victoire à des universités peu connues – l’australienne Western Sydney l’emporte devant l’américaine Arizona State et la canadienne Western University – quand QS sacre des universités de premier plan : UCL Berkeley s’impose devant les universités canadiennes de Toronto et de British Columbia.

Pour la France les résultats restent très en deçà des classements académiques. La première université classée par le Times Higher Education est Montpellier (catégorie 101-200) devant Aix-Marseille université, IMT Atlantique et PSL (toutes les trois dans la catégorie 201-300). A la 126ème place PSL est l’université française la mieux classée par QS devant Paris-Saclay (135ème) et Sorbonne Université (144ème).

Grandes écoles : qui s’impose ? Le Classement des écoles les plus engagées dans la transition écologique de ChangeNOW et Les Echos START sacre dette année l’Essec s’impose suivie de Montpellier Business School, emlyon, Excelia et l’Iéseg. Si ces deux dernières conservent leur rang 2021 l’Essec progresse de cinq places. En revanche ESCP passe de la première à la quinzième place alors que HEC fait son entrée à la 12ème. Au total un classement qui met en avant des écoles bien classées dans les estimations classiques tout en rebattant un peu les cartes.

En revanche du côté des écoles d’ingénieurs la victoire revient à une école peu renommée, l’Engees Strasbourg, qui devance Centrale Lyon – pas classée en 2021 – et la très étonnante dans cette catégorie de classement Isae Supaero qui progresse même d’une place. En revanche Mines Paris dégringole quant à elle de la 4ème à la 14ème place comme beaucoup d’autres écoles avec le passage de 15 à 28 écoles classées.

 Comment adapter tous les classements ? Les grands classements « classiques » des universités et des business schools n’étant finalement que l’agrégat de différents classements – le plus souvent l’excellence académique, la dimension internationale et l’insertion professionnelle – pourquoi ne pas leur adjoindre une dimension « impact » ? Comme toujours la question centrale des classeurs est leur capacité à vérifier les données fournies par les établissements. Si aujourd’hui Les Echos Start et Change Now utilisent essentiellement des indicateurs difficiles à vérifier – qui peut vérifier le pourcentage de cours intégrant les enjeux environnementaux et sociaux ? -, ils auraient aussi pu s’appuyer sur des labels comme DD&RS, PRME, Accord de Grenoble, Educ ou encore l’index de l’égalité professionnelle qui ont le mérite d’être aussi vérifiables qu’une accréditation Equis ou un grade de master. Sans oublier le passage du Sulitest ou la participation à La Fresque du Climat.

Demain l’adoption d’un socle de connaissances et de compétences sur les enjeux écologiques sera un autre indicateur. The Financial Times a par exemple intégré la proportion des heures d’enseignement dans les cours fondamentaux dédiées à des sujets ESG pour 3% de la note finale du programme. D’autres critères pourraient entrer en ligne de compte en dehors même des enseignements comme la réalisation d’un bilan carbone, l’incitation au co-voiturage ou aux voyages en train, etc.

Les accréditeurs se posent les mêmes questions. En France la Cefdg (Commission d’évaluation des formations et diplômes de gestion) et la Commission des titres d’ingénieur (CTI) se sont emparées su sujet. Pour son accréditation EQUIS l’EFMD intègre déjà dans ses critères un chapitre « Ethics, Responsibility and Sustainability » alors que l’AACSB (Association to Advance Collegiate Schools of Business)  intègre un chapitre entier dédié à l’impact en proposant comme cadre de référence les 17 objectifs de développement durable (ODD) de l’Onu.

Restera alors à estimer quelle part cette partie responsabilité sociale et environnementale (RSE) occupera dans les accréditions et les classements. Dans le rapport du Shift Project et Audencia précité les experts demandent à que soit accordé aux enjeux écologiques un « poids supérieur à tous les autres critères dans l’évaluation »…

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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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