Coursera propose aujourd’hui une large gamme de produits sur sa plateforme : plus de 3 500 cours sont proposés sous différents formats. L’entreprise propose ainsi des MOOCs, des certificats, des professional certificates, des programmes de spécialisation ou encore de diplômes de Master délivrés par HEC Paris ou l’université d’Illinois. Jeff Maggioncalda, CEO de Coursera depuis 2017, fait le point sur l’offre de cours et de programmes proposés sur la plateforme et sur la stratégie de recrutement des partenaires.
Est-ce que les universités qui proposent des diplômes via Coursera sélectionnent leurs étudiants ?
Le diplôme est délivré par l’université, et c’est le même diplôme que celui qui a été obtenu par un étudiant sur le campus. L’apprenant sur Coursera suit les mêmes cours, enseignés par les mêmes professeurs et doit donc, par conséquent, se plier au même processus d’admission.
Quelle est votre stratégie d’acquisition de partenaires académiques et professionnels ?
Notre stratégie se base sur l’idée d’une « managed marketplace», c’est-à-dire que nous sélectionnons les meilleures universités et les meilleures entreprises dans le monde. Nous avons maintenant 160 universités partenaires et 30 des meilleures entreprises mondiales qui proposent plus de 3 500 cours.
Il est donc assez difficile de devenir un partenaire de Coursera. Quels sont les critères que vous mobilisez pour sélectionner les institutions ?
Effectivement, en France nous avons HEC, l’ESSEC, ESCP Europe par exemple. Concernant les critères, nous regardons les classements internationaux comme le Financial Times, mais nous ne sélectionnons pas uniquement des écoles très bien classées. Parfois, nous choisissons des établissements qui sont très bons dans une discipline particulière ou bien des écoles qui proposent des formations pour des cibles d’apprenants spécifiques.
Lorsqu’une université souhaite intégrer le catalogue de partenaires de Coursera, elle doit passer devant un « University Advisory Board », le conseil scientifique académique de la plateforme. Ce dernier doit approuver le partenariat avec cette nouvelle institution.
Quelle est votre politique actuelle de recrutement de partenaires ?
Actuellement nous ne sommes pas dans une démarche d’expansion de nos partenaires académiques. En revanche, ce que nous constatons, c’est que de plus en plus d’universités, particulièrement dans les pays émergeants, souhaitent proposer à leurs élèves des cours de Coursera. En effet, faute de moyens, ces institutions ne peuvent pas proposer des cours sur des sujets de pointe, comme le machine learning par exemple.
Il y aura donc de plus en plus d’universités qui vont rejoindre Coursera, mais en tant que client et non comme partenaire académique.
Les certificats professionnels jouent un rôle très important dans votre business model. Comment développez-vous la notoriété et la reconnaissance de ces certificats dans le monde professionnel ?
La reconnaissance sur le marché du travail se fait assez simplement. La valeur de nos certificats se créée lorsqu’un apprenant se fait embaucher parce qu’il a eu ce certificat. Cela marche de la même façon que les diplômes, qui agissent comme des signaux pour les employeurs.
Nous ne nous préoccupons pas spécialement de la valeur perçue des certificats, le marché valorisera de lui-même les diplômes les plus adaptés au marché du travail. Nous ne sommes jamais certains de quel certificat marchera.
Nous notons tout de même une valorisation par le marché du travail des certificats qui concernent de nouvelles compétences de pointe comme les data sciences par exemple.
Est-ce que vous accompagnez les institutions dans la création et la mise en place de MOOCs sur votre plateforme ?
Oui, nous les accompagnons. La première chose que nous mettons à disposition des institutions, ce sont des outils numériques et des logiciels qui les aident à créer leurs cours. Nous avons également un groupe de 10 instructeurs spécialisés dans la pédagogie en ligne qui assistent les établissements dans la construction de cours attractifs et dynamiques via des workshops. Enfin, avant que le cours ne soit officiellement lancé, nous le testons auprès d’une communauté de beta testeurs pour avoir des retours d’expérience.
Comment Coursera arrive-t-il à engager ses apprenants et à maintenir leur attention ?
Nous mettons en place plusieurs systèmes d’engagement. Par exemple, nous incitons les professeurs à faire des vidéos de maximum 5 minutes pour maintenir l’attention des apprenants. Ensuite, nous proposons des quizz dans les vidéos pour que les utilisateurs testent leur compréhension et leur concentration.
Interagir avec l’apprenant est un très bon moyen de maintenir son intention et de favoriser l’apprentissage.
C’est l’une des raisons pour lesquelles je suis intimement convaincu que dans les années à venir, les universités vont de plus en plus mobiliser les MOOCs sur leur campus et proposer des classes inversées pour favoriser les discussions entre les étudiants.
Lors d’examens, comment vous assurez-vous que la personne qui passe le test est bien la personne qui va recevoir le certificat ou le diplôme ?
Pour les examens, les apprenants sont identifiés avec des documents officiels. Ensuite, beaucoup d’établissements font appel à la vidéo et à des surveillants en ligne qui s’assurent que l’apprenant ne triche pas.
Certains de nos partenaires académiques poussent la surveillance encore plus loin : ils convoquent les apprenants dans un centre d’examen officiel.
Comment gérez-vous les enjeux de propriété intellectuelle ?
Tous les cours sont détenus par les auteurs et non par Coursera. Les cours peuvent éventuellement être copiés, comme sur Netflix par exemple, mais les partenaires académiques ne sont pas inquiets, car la vraie valeur ajoutée se trouve dans les certificats et les diplômes, qui eux, ne peuvent pas être copiés.
- Propos recueillis par Juliette Berardi et Olivier Rollot