Mais que veulent vraiment les jeunes ? Du sens ou du pognon ? Récemment paraissaient deux études (Baromètre « NewGen NewJob » de l’Edhec et le Baromètre Talents, réalisé par Opinionway pour SKEMA Business School et EY) qui mettaient l’accent sur la recherche de sens. Autre réalité dans le Baromètre sur le bonheur au travail vu par les jeunes de 18-24 ans du Groupe ISC Paris réalisé avec l’institut d’études BVA Xsight. « 47% des jeunes que nous avons interrogés placent la rémunération comme critère n°1 pour choisir une entreprise, loin devant l’ambiance du travail à 31% », note le directeur général de l’ISC, Jean-Christophe Hauguel, qui remarque également que « créer une entreprise, être à son compte, c’est le « job de rêve » de 28% des jeunes interrogés ».
Des jeunes également de plus en plus engagés dans des activités au service de la société ou de l’intérêt général comme le montre l’étude Newgen for Citizenship du Newgen Talent Centre de l’Edhec. Une autre étude, mondiale celle-là, Youth Talks, montre que le principal besoin des jeunes est aujourd’hui de « faire société » dans un monde éclaté où les réseaux sociaux nous séparent. Mais attention le modèle estudiantin sans cesse évoqués n’est pas majoritaire. La moitié des 25-34 ans n’est pas diplômée de l’enseignement supérieure en 2024 selon l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (lire ses Chiffres clés). Un sujet auquel l’Observatoire de la vie étudiante consacrait la première édition des Rencontres de l’OVE, un cycle d’échanges sur la condition étudiante du 21ᵉ siècle (lire plus bas).
« Refaire société ». 56% des moins de 25 ans sont en détresse psychologique (36% des Français) selon l’étude AXA Prévention parue en octobre 2024. « « S’il vous plait, donnez-nous de l’humanité » demandent les étudiants occidentaux qui mettent ainsi les éducateurs d’aujourd’hui au défi de transformer ce qu’ils enseignent, de se concentrer sur la nécessité de réapprendre à vivre ensemble et à interagir harmonieusement les uns avec les autres. Non pas que les disciplines fondamentales traditionnelles n’aient plus d’importance, mais l’urgence de “refaire société” semble aujourd’hui la priorité pour les jeunes », commente Marine Hadengue, CEO de la Fondation Higher Education For Good et directrice de Youth Talks, plus grande consultation jeunesse jamais réalisée à l’échelle mondial avec plus de 45 000 participants âgés de 15 à 29 ans venant de 212 pays et territoires.
« Refaire société » dans un monde où les interactions humaines ont été remplacées par des scrawls infinis sur Instagram ou TikTok qui apportent aux jeunes une « satisfaction immédiate qui est une drogue », regrette encore Marine Hadengue devant les écoles réunies les 26 et 27 mars pour le congrès de l’Union des Grandes écoles indépendantes (UGEI) à Lyon : «Le cerveau des jeunes a évolué, leur temps de concentration a considérablement baissé, ils sont peu réceptifs aux idées contraires aux leurs habitués qu’ils sont à vivre dans des boucles d’information qui reflètent totalement leurs opinions ». Elle demande donc : « S’il vous plait créez des espaces de communication entre les jeunes dans vos écoles. Osez leur enlever leurs smartphones. Ils vous râler, parler de liberté attaquée, pendant quelques heures, quelques jours, mais seront ravis en fin de compte ».
Quel est leur job de rêve ? Créer une entreprise, être à son compte, c’est la vie professionnelles dont rêvent 28% des jeunes interrogés pour le baromètre de l’ISC. Loin devant travailler à l’international (14%) et travailler et en France dans une grande entreprise (10%). Et on l’a vu le niveau de salaire est prédominant (47% des jeunes en font le critère n°1 de choix) loin devant l’ambiance au travail (31%). Et si on continue sur cette notion de « job de rêve » le plus important (42%) est « d’avoir du temps libre pour sa vie personnelle » devant « un sentiment de bien-être au travail » (38%) et « avoir une activité intéressante » (36%).
Et question bien être le plus important (46% des répondants) est l’équilibre vie personnelle / vie professionnelle. 53% des jeunes recherchent donc avant tout la flexibilité horaire pour concilier vie professionnelle/personnelle
Créer une entreprise c’est le rêve mais revenons sur terre : 59% des jeunes considèrent toujours le CDI comme une priorité.
Et quand on interroge spécifiquement les jeunes actifs on constate qu’ils sont principalement satisfaits de leur niveau d’autonomie ainsi que de l’ambiance au travail. La satisfaction des relations avec le manager est en baisse (-6 points). Une courte majorité de jeunes est satisfaite de sa rémunération, critère qui divise le plus.
« Ce baromètre nous offre une photographie précieuse des aspirations, des préoccupations et des attentes des jeunes face au monde professionnel. . Grâce à ces données, nous pouvons proposer des parcours encore plus alignés avec les aspirations des nouvelles générations, en intégrant davantage de projets concrets et de réflexions sur le sens du travail», conclut Jean-Christophe Hauguel, Directeur Général de l’ISC Paris.
Des jeunes de plus en plus engagés. 80% des 2511 étudiants d’école de management (et même 86% des filles) interrogés par le Newgen Talent Centre de l’Edhec consacrent du temps de façon régulière et bénévole à des activités au service de la société ou de l’intérêt général. Son enquête sur « Le nouvel engagement citoyen des jeunes générations » montre que près des deux tiers s’investissent dans des associations caritatives et plus de la moitié s’engage au service de la transmission. En moyenne, huit heures par mois. Les domaines d’action sont variés, allant de l’humanitaire à la préservation de la planète, en passant par la transmission éducative. « Les entreprises doivent capitaliser sur cette énergie citoyenne. Encourager cet engagement dans le cadre professionnel est une opportunité unique pour les entreprises de devenir elles-mêmes des acteurs du changement face aux enjeux du monde et être ainsi alignées avec les aspirations profondes des nouvelles générations », conseille Manuelle Malot, Directrice du Newgen Talent Centre.
Des engagements qui sont pour 75% d’entre eux un plaisir (53% parlent de « loisir » pour 47% d’« investissement) et, dans 60% des cas, dans le cadre d’une initiative collective. Quand on leur demande les raisons de leur engagement ils répondent d’abord, à 38%, que c’est une « façon de rendre à la société ce que l’on pense avoir reçu » devant à 21% les « liens sociaux que cela crée » quand 20% parlent de « militantisme et d’adhésion à des idéaux ».
Ces engagements permettent selon les jeunes interrogés d’abord de développer des compétences en matière de « collaboration » (59%) devant l’enthousiasme (48%), la « résilience » (45%) et l’autonomie (41%). Dans le verbatim associé à l’étude on peut lire que cela permet d’acquérir des « qualités de compréhension et d’appréhension du monde qui m’entoure », « développement de valeurs humanistes », une « forme de maturité et de compréhension des phénomènes autour de moi », « être plus apte à travailler dans un environnement collectif », « la responsabilité, la conscience citoyenne et la fierté d’avoir agi de façon responsable », « Mes engagements m’ont permis de prendre conscience de la responsabilité et du rôle que je pourrais avoir dans le monde », la « certitude de devoir s’impliquer à 100% dans les projets qu’on mène pour avoir l’impact le plus productif », etc.
Autant d’engagements qui apparaissent dans 78% des cas dans les CV, permettent pour 62% des jeunes de « réfléchir à un projet professionnel » et, dans 50% des cas d’« avoir des contacts qui pourraient être utiles dans la vie professionnelle ». Ce qu’on appelle joindre l’utile à l’engagement.
- Le baromètre de l’ISC analyse la vision des jeunes sur le monde du travail, leur définition du « job de rêve » et de la réussite professionnelle. Pour établir cette enquête, le Groupe ISC Paris et l’institut BVA Xsight ont analysé les réponses d’unéchantillon représentatif de 1051 jeunes, âgés de 18 à 24 ans. Pour cette 3ème édition, le baromètre s’est intéressé aux tendances qui se confirment, qui s’effondrent et qui émergent auprès des jeunes ainsi qu’à leur utilisation de l’intelligence artificielle dans leur quotidien.
- Lire aussi : L’alternance : un tremplin pour l’autonomie ? (Céreq) : S’appuyant sur l’enquête Génération 2017, cette note du Céreq s’intéresse à l’influence de l’alternance sur l’autonomie résidentielle des jeunes, et met en lumière sa capacité à constituer un levier d’émancipation en début de vie active.