Comme chaque année la publication de L’état de l’enseignement supérieur et de la recherche en France permet de réviser ses fondamentaux avant les vacances. En voici une sélection.
L’investissement dans l’enseignement supérieur. Avec 1,5 % du PIB consacré en 2014 à l’enseignement supérieur, la France est dans la moyenne des pays de l’OCDE (1,5 %). Elle devance – l’Espagne (1,3 %), l’Allemagne (1,2 %) ou l’Italie (1%) mais est distancée par le Royaume-Uni (1,8 %), la Finlande (1,8 %) et les Pays-Bas (1,7 %). Trois pays réalisent un effort financier pour l’enseignement supérieur très au-dessus de la moyenne : les États-Unis (2,7 %), le Canada (2,6 %) et la Corée du Sud (2,3 %).
La part respective de l’Etat et du privé. La part des financements d’origine publique (État, collectivités locales et autres administrations publiques) est d’origine privée (ménages et autres financeurs privés tels que les entreprises) est respectivement en moyenne de 69,9 % contre 30,1 %. Les pays scandinaves et la Belgique affichent un financement des établissements d’enseignement supérieur quasiment exclusivement public (supérieur ou égal à 90 %). À l’opposé, pour le Royaume-Uni, le Japon, la Corée du Sud, les États-Unis, l’Australie et le Canada, le financement est majoritairement d’origine privée. La France, avec un financement public à hauteur de 78,6 %, se situe bien au-dessus de la moyenne des pays de l’OCDE (+ 8,7 points).
En 2016-17, 719 400 étudiants français reçoivent au moins une aide financière, soit 1,1 % de plus, à champ constant, que l’année précédente. Ils représentent 39,2 % des étudiants inscrits dans une formation ouvrant droit à une aide du MESRI.
Les enseignants. En 2017, 94 550 enseignants sont en fonction dans les établissements publics d’enseignement supérieur sous tutelle du MESRI soit 25% de plus qu’il y a vingt ans. 60 % d’entre eux appartiennent aux corps des enseignants-chercheurs (et assimilés) titulaires, 25 % sont des enseignants non permanents et 15 % des enseignants du second degré. Neuf sur dix sont affectés dans les universités, 5 % dans des écoles d’ingénieur et 4 % dans d’autres types d’établissements. L’âge moyen des professeurs des universités et des maîtres de conférences est respectivement de 53 ans et de 45 ans.
Parmi ceux-ci 39 % des enseignants titulaires sont des femmes : elles sont plus nombreuses parmi les enseignants du second degré (47 %) et les maitres de conférences (44,5 %) que les professeurs des universités (25 %). La part des femmes augmente régulièrement d’environ 0,5 point par an.
Les étudiants. Les inscriptions dans l’enseignement supérieur ont été multipliées par 8 en 50 ans passant de 310 000 en 1960 à 2 610 000 à la rentrée 2016. Une croissance qui s’explique
aussi en grande partie par l’accroissement du nombre d’étudiants étrangers : 12,4 % des inscrits contre 8,1 % en 2000. Récemment on constate également une explosion des inscriptions dans l’enseignement supérieur privé dont les effectifs ont cru de 71 % depuis 2000 alors que les effectifs totaux progressaient de 21 % sur la même période. Il comptait 475 000 étudiants en 2016, soit un inscription sur six.
Etudiantes et étudiants. Après une scolarité au cours de laquelle elles ont en moyenne de meilleurs résultats que les garçons, les filles sont plus nombreuses à obtenir le baccalauréat : en 2017 dans une génération, 84,0 % des filles deviennent bachelières contre 74,4 % des garçons. Ensuite 46 % des premiers vœux formulés par les filles concernent l’université (hors IUT), contre 30 % de ceux des hommes. À l’inverse, ces dernières demandent moins souvent des filières sélectives comme les CPGE (8 % contre 10 %), les IUT (11 % contre 17 %) ou les STS (25 % contre 31 %). Résultat : la mixité dans l’enseignement supérieur est très variable : alors qu’en 2016-17 elles représentent 55,1 % des inscrits, les femmes en constituent la moitié en STS, 39,8 % en IUT, et 42,6 % en CPGE. À l’inverse, les formations paramédicales et sociales comprennent 84,6 % de femmes. À l’université, elles sont 69,7 % dans les filières Langues, lettres et sciences humaines. En dix ans, leur part a légèrement progressé dans les formations scientifiques à l’université, mais reste encore minoritaire.
L’apprentissage. En 2016-17, 152 500 des 412 300 apprentis suivaient une formation de l’enseignement supérieur (soit 37,0 % des apprentis). Le nombre d’apprentis dans l’enseignement supérieur a plus que doublé depuis 2005. Un apprentissage qui concerne essentiellement les hommes même si la part des femmes y est plus importante que pour l’ensemble de : 39% contre 33%. La part varie fortement selon les régions : en Ile-de-France, 61 % des apprentis suivent une formation dans l’enseignement supérieur contre 30 à 40 %
dans les régions académiques de Guyane, Martinique, Hauts-de-France, Grand-Est, Centre-Val de Loire, Occitanie, Auvergne-Rhône-Alpes et Guadeloupe. La part du supérieur est enfin comprise entre 26 et 30% dans les autres régions-académiques.
Le niveau d’études. La France se classe seulement 20ème des 35 pays de l’OCDE pour sa proportion de diplômés de l’enseignement supérieur aux âges de pleine activité, de 25 à 64 ans. Grâce à la croissance des effectifs étudiants des années 1990, elle est aujourd’hui le 14ème pays des 35 pays de l’OCDE pour sa part de jeunes de 25 à 34 ans diplômés de l’enseignement supérieur (45 %).
La formation continue. En 2015, la formation continue dans l’enseignement supérieur sous tutelle du MESRI a accueilli 460 000 stagiaires soit 3% de moins qu’en 2014. Le volume des heures-stagiaires reste stable avec 70 millions d’heures, dont 58 millions en face à face pédagogique. Plus de la moitié préparent soit un diplôme ou un titre national (33 %) soit un diplôme d’université (21 %).
La recherche. Avec 2,27% du PIB consacré à la recherche intérieure en 2015, la France est en deçà de l’objectif de 3% fixé par l’Union européenne dans le cadre de la stratégie Europe 2020 et aussi de son propre objectif dans le cadre de la stratégie nationale de la recherche (SNR). Elle se situe à la 5ème place des pays de l’OCDE les plus importants en termes de volume de dépense intérieure de recherche et développement des entreprises (DIRD), derrière la Corée du Sud (4,3%), le Japon (3%), l’Allemagne (2,9%), et les États-Unis (2,8%), et seulement devant le Royaume-Uni (1,7%), l’Italie et l’Espagne.
Avec son crédit impôt recherche, la France se situait en 2014 à la deuxième position mondiale en termes de soutien public indirect à la R&D des entreprises via les incitations fiscales, derrière l’Irlande, et en première position pour le soutien public total à la R&D (en ajoutant les subventions), à égalité avec la Russie.
La recherche publique, qui représente 36 % de la DIRD, est effectuée dans les organismes de recherche (51% de la DIRDA en 2015), les établissements d’enseignement supérieur et de recherche (43%), le secteur associatif (4%) et enfin les ministères et les autres établissements publics (1%).
Le doctorat. À la rentrée 2016, 74 319 étudiants sont inscrits en doctorat. Le nombre de doctorants est en baisse continue depuis 2009, tandis que le nombre de doctorats délivrés est stable depuis quatre ans (14 565 en 2016) après une période de hausse. Un peu plus de 16 800 étudiants se sont inscrits en doctorat pour la première fois à la rentrée 2016, un effectif inférieur de 15 % à ce qu’il était à la rentrée 2009. Environ 3 doctorants sur 4 inscrits en première année bénéficient d’un financement pour leur thèse.
Les publications. La France se situe au 6ème rang mondial avec près de 500 publications correspondant à 3,8 % de la production. Elle présente un profil disciplinaire marqué par une forte spécialisation en mathématiques et une non-spécialisation en sciences sociales. Le profil de l’Allemagne est plus équilibré sur les 11 grandes disciplines. La France se distingue aussi du Royaume-Uni et des États-Unis, plus spécialisés en Sciences humaines et sociales et en recherche médicale, ainsi que de la Chine et du Japon notamment spécialisés en chimie.