En écrivant le 19 septembre aux écoles d’ingénieurs qu’elles devaient recueillir un «avis d’opportunité préalable» au dépôt de tout dossier, la Dgesip (direction générale pour l’enseignement supérieur et l’insertion professionnelle) est en train de provoquer une levée de boucliers dans les écoles à laquelle s’associent cette semaine la CGE et la Cdefi. Rien d’étonnant quand on lit que cet avis devra permettre de «s’assurer notamment que le nouveau cursus s’inscrit dans la stratégie globale de l’établissement et est organisé en complémentarité avec ses autres formations déjà existantes». De plus, l’école «devra démontrer que le projet est conforme aux potentialités du vivier de recrutement».
Surtout, «la nouvelle formation devra s’inscrire dans une logique de site…». La CGE et la Cdefi s’élèvent contre une démarche régionale – il est vrai très prégnante dans la dernière loi sur l’enseignement supérieur et la recherche – quand le marché des écoles d’ingénieurs est national et international et que « la concurrence, y compris sur un même site, est un gage de qualité ». Regrettant également une mesure qui prive les établissements du «peu d’autonomie dont ils jouissaient», la CGE et la Cdefi demandent l’abandon de la circulaire. « C’est aussi totalement en contradiction avec la loi sur l’enseignement supérieur votée à l’été, qui supprime l’habilitation des formations au profit d’une accréditation des établissements », relève ainsi le président de la CGE, Philippe Jamet, sur Educpros. Ce à quoi Jean-Michel Jolion, chef du service de la stratégie à la Dgesip, qui veut renforcer les politiques de site, réplique que « l’accréditation n’est pas encore mise en place et tous les établissements concernés ne seront pas forcément dans ce périmètre ».
Interrogée par l’AEF (lien pour les abonnés), la Dgesip admet cette semaine que le terme «avis d’opportunité» n’était «peut-être pas le plus judicieux» tout en reconnaissant qu’elle n’a de toute façon pas aujourd’hui les moyens d’expertiser les écoles. Un avis que partage la CTI pour lequel l’avis de la Dgesip ne doit être qu’un élément de sa propre appréciation. Reste que la Dgesip entend toujours donner cet avis, quel que soit son nom, pour peser sur les politiques de site. Et là personne ne semble bien comprendre ce qu’il va finalement se passer…
Olivier Rollot (@O_Rollot)