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Le Business Science Institute intègre le groupe Igensia : entretien avec son fondateur Michel Kalika

Michel Kalika

Créé en 2012 par Michel Kalika le Business Science Institute est l’un des pionniers du développement du DBA (Doctorate of Business Administration) en France, un doctorat de pratique qui séduit de plus en plus de managers expérimentés. Aujourd’hui le Business Science Institute intègre la galaxie des écoles du groupe Igensia comme nous l’explique son fondateur.

Olivier Rollot : C’est une sacrée étape pour vous, qui l’avez créé, de passer le contrôle du Business Science Institute à un groupe d’écoles. Pourquoi ce choix ?

Michel Kalika : Il fallait assurer la pérennité du Business Science Institute sur un marché qui est essentiellement fait de petits programmes quand nous avons aujourd’hui 200 personnes en formation et 150 professeurs affiliés. Après douze ans de travail il faut penser à l’avenir comme nous l’ont d’ailleurs fait comprendre des organismes d’accréditation comme l’Amba qui nous ont demandé quel était notre plan de succession ? Nous avions déjà été alertés par l’EFMD quand nous avions entrepris d’être EFMD Accredited et avons été finalement retoqués sur ce sur quoi nous étions éligibles : une organisation en réseau de professeurs. Au sein des organismes d’accréditation il y a une prime à la taille plutôt qu’à la spécialisation.

J’ai donc entrepris en mars 2024 de rechercher une institution plus importante à laquelle nous adosser pour rassurer les accréditeurs et les professeurs sur notre avenir. Les contacts n’ont pas forcément été simples dans la mesure où nous sommes une association à but non lucratif. Notre choix s’est finalement porté sur le groupe Igensia (ex-IGS) qui trouve là un relais de croissance important et une complémentarité par rapport à ses programmes de bachelors et masters. Avec l’obsolescence des connaissances il va en effet falloir de plus en plus se former tout au long de la vie. Les entreprises doivent se remettre en cause, notamment en intégrant le changement climatique dans leur business model. Le marché du DBA va donc se développer.

O. R : Le Business Science Institute va rester une association ?

M. K : Nous resterons une association à but non lucratif au sein d’un groupe, Igensia, composé d’écoles qui sont également des associations à but non lucratif. Nous conserverons donc la même organisation, avec les mêmes personnes ressources, mais au sein d’un groupe très proche des entreprises et orienté vers l’alternance. La direction du groupe a tout de suite identifié beaucoup de synergies possibles. Et nous avons été séduit par la perspective de conserver l’autonomie d’une équipe de dix personnes, pas toutes à temps plein, en conservant notre marque.

O. R : Quel est le principal challenge du Business Science Institute aujourd’hui ?

M. K : Notre principal challenge c’est de trouver des professeurs capables d’encadrer et d’amener à leur terme les 200 thèses de DBA qui sont aujourd’hui dans les tuyaux et vont rejoindre les 205 déjà soutenues par des managers issus de 60 pays. Des thèses écrites aujourd’hui en français, anglais et allemand et également demain en espagnol. Des thèses rédigées pas des cadres et managers en moyenne âgés de 45 ans en quête de sens et qui veulent prendre du recul sur leur activité.

Des managers en activité peuvent ainsi créer une connaissance différente de celle des thèses traditionnelles parce qu’ils partent de leurs pratiques managériales. le DBA est une thèse de pratique avec un corpus de connaissance. Des thèses utiles aux managers, aux entreprises à la société.

O. R : Qu’apporte le DBA au paysage de la recherche en management ?

M. K : Le DBA va changer (change déjà !) la recherche en management ! En écrivant leur thèse, des managers en activité peuvent créer une connaissance différente de celle des thèses traditionnelles parce qu’ils partent de pratiques managériales. C’est un moyen de faire pénétrer le doctorat dans les entreprises. Le DBA génère de l’input en s’appuyant sur l’expertise de professionnels qui viennent expliciter leur travail dans leur entreprise et donnent des recommandations managériales.

L’impact d’une recherche ne peut pas être qu’académique comme nous l’avons en effet démontré en créant le BSIS (Business School Impact System,  FNEGE-EFMD). Dans un moment où les problèmes à résoudre sont de plus en plus nombreux, il va falloir mieux prendre en compte l’utilité pratique de la recherche. On ne peut plus travailler aujourd’hui encore avec les critères du siècle passé. Le DBA peut réhabiliter la thèse en montrant son impact à des entreprises qui ignorent encore largement son utilité.

O. R : Et qu’y trouvent les managers qui suivent un DBA ?

M. K : Nos étudiants y trouvent un triple impact : d’abord la soutenance d’un travail de quatre ans, ensuite le titre qui leur est décerné, enfin la publication de la thèse qu’ils peuvent voir imprimée pour la distribuer à leur réseau. Le Business Science Institute, un des seuls DBA accrédité Amba en France[1] offre à ses récipiendaires l’option de publier leur thèse chez EMS Éditions. Ce qu’ont déjà fait plus de 25 d’entre eux sur les 205 thèses arrivées à leur terme depuis 2012 dans une collection qui compte maintenant 55 titres aussi écrits par des professeurs.

O. R : Et comment se déroule un DBA ?

M. K : Pour démarrer un DBA il faut posséder un master, généralement un MBA, être en activité et avoir occupé un poste d’encadrement pendant au moins cinq ans. Désormais en 4 ans pour répondre aux injonctions de l’Amba, le DBA du Business Science Institute commence par une année de formation à la recherche et l’identification d’un directeur de thèse. Venus d’HEC Paris, de l’IAE Lyon, du Cnam ou encore de l’université de Sydney, 80 professeurs suivent pendant quatre ans les doctorants. Nous leur apportons des expériences de terrain passionnantes et ils sont de plus en plus nombreux à vouloir participer.Notre rôle est de les rapprocher des doctorants-managers qui arrivent avec un sujet précis. Il nous faut donc avoir des professeurs de toutes les disciplines et en chercher de nouveaux sur les sujets pour lesquels nous n’avons pas.

Suivent deux années de terrain, collecte des données et de la littérature avec un suivi très régulier des thésards avec la traçabilité complète des échanges entre eux et leurs professeurs. Résultat : 75% des thésards vont au bout de leur DBA. Nous les prévenons bien en avant qu’il faut oublier Netflix et avoir le soutien de sa famille pour réussir !

 Un triple impact. Dans la collection de livres de thèse publiée par le Business Science Institute Barbara Ofsad a écrit sa thèse sur « Le dépassement des frontières dans la transformation digitale », Jean-Elia sur le « Leadership of Digital Transformation », Cyril Vidal sur « L’Avenir de la fonction de notaire ». Ils viennent de France, de la francophonie – Canada, Burkina Faso, Suisse, etc. – mais aussi des Etats-Unis ou d’Allemagne et même de Chine. Leur point commun est d’avoir dépassé la quarantaine, de posséder une belle expérience professionnelle et la volonté de la théoriser dans le cadre d’une thèse. C’est pour eux qu’a été créé le Doctorate in Business Administration (DBA) aux Etats-Unis après la Seconde Guerre mondiale par Harvard. Il est arrivé en France en 1993 à GEM et en 2008 à Dauphine et connait un succès croissant avec de plus en plus d’écoles de management qui le proposent, en France comme à l’international.

[1] Avec GEM et Les Ponts

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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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