ECOLE D’INGÉNIEURS, UNIVERSITES

Le CNRS veut labelliser des « key labs ». Cdefi et chercheurs vents debout

Un laboratoire de recherche de l’IMT Atlantique à Nantes (Photo : IMT Atlantique)

Ce fut un évènement marquant : le 12 décembre dernier, le P-DG du CNRS, Antoine Petit, réunissait pour la deuxième fois de l’histoire du centre l’ensemble de ses directeurs et directrices de laboratoires (lire le détail de cette rencontre ici). Parmi les sujets abordés il leur proposait de distinguer 25 % des 860 unités de recherche sous sa tutelle sous le label « CNRS Keylabs ». Dans son esprit le CNRS doit « faire porter un effort particulier sur un nombre plus restreint d’unités, celles qui peuvent légitimement prétendre à être qualifiée “de rang mondial” ». Un quart des plus de 860 unités dont le CNRS est une tutelle seraient labellisés dans un premier temps, et bénéficieraient d’un accompagnement renforcé selon des critères d’excellence.

Des réactions de rejet. Des critère qui sont pour l’heure « flous » dénonce la Cdefi dans un communiqué. Si les directeurs et directrices des écoles d’ingénieurs « comprennent la volonté de rationalisation et de concentration des moyens exprimée par le P-DG du CNRS » il est en effet, selon la conférence, « particulièrement regrettable que la décision annoncée ait été prise sans discussion préalable avec les parties prenantes : écoles d’ingénieurs, universités et autres opérateurs de recherche ». Cette méthode est même « inacceptable en ce qui concerne les UMR, tant elle va à l’encontre des principes de gestion qui s’appliquent à ces unités : codirection par les tutelles, collaboration équilibrée, convergence stratégique, transparence, subsidiarité ».

Une réaction proche de celle du syndicat SNCS-FSU qui, dès le 18 décembre dans un autre communiqué, appelait à « refuser la politique destructrice des « key-labs » au CNRS ». Selon lui les « laboratoires qui ne seront pas « choisis » bénéficieront de moins de recrutements par le CNRS, voire plus du tout. Ces laboratoires péricliteront avec les départs des personnels en retraite ou en mobilité vers des laboratoires que le label « key-lab » aura survalorisés ». Depuis une motion de défiance envers la présidence du CNRS a été signée le 10 janvier par plusieurs centaines de chercheurs et personnels des laboratoires et UMR dont le CNRS est tutelle pour demander l’arrêt immédiat du projet de key labs et la démission d’Antoine Petit.

Comment évaluer ce qu’est un « key lab » ? Sans remettre en cause l’idée même des key labs, la Cdefi considère quant à elle la décision de les créer ne semble pas « basée sur des éléments tangibles et partagés au sein de la communauté scientifique ». Les critères de sélection et les objectifs poursuivis ne sont pas « clairement définis : on parle de « taille critique », s’agit-il d’un nombre absolu d’enseignants-chercheurs et chercheurs affectés ? d’un pourcentage de personnels CNRS affectés par unité ? On parle de « reconnaissance internationale », s’agit-il d’un nombre de publications dans telle ou telle revue ? d’un nombre de médailles ou de prix récompensant le travail du laboratoire ? »
Sans doute échaudée par les déclarations précédentes d’Antoine Petit qui, en 2022, parlait de « la petite école [d’ingénieur] sympathique mais qui met un maître de conférences et demie dans un laboratoire » la Cdefi redoute le « tri cynique que pourrait permettre la labellisation de certaines unités mixtes », une prérogative d’évaluation qui incombe selon elle au Hcéres. Elle est donc « opposée à cette initiative qui consiste à distinguer des laboratoires par la labellisation et appellent le CNRS à l’interrompre pour consulter largement la communauté avant la publication annoncée de ladite liste ».

Previous Article
Avatar photo
Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Send this to a friend