Vincent Mangematin
Les écoles postbac sont à un tournant avec l’attrition progressive du nombre de bacheliers. Un sujet que doit aujourd’hui traiter parmi d’autre Vincent Mangematin, directeur de l’Esdes et doyen du Pôle facultaire Sciences économiques et sociales de l’UCLy, la maison mère de l’Esdes.
Olivier Rollot : Vous avez pris la direction de l’Esdes à la dernière rentrée après avoir été directeur académique d’une école post-prépas. Qu’est-ce qui caractérise selon vous une école postbac comme l’Esdes ?
Vincent Mangematin : La relation avec les parents est un point clé. Avant le recrutement des étudiants, il faut convaincre les parents autant que leurs enfants. La communication avec les étudiants est parfois compliquée, ils ne lisent par leurs e-mails et il faut que cela passe par différents canaux. Quand les étudiants habitent chez leurs parents, ce sont des relais. Les réseaux sociaux « plus jeunes » aussi. L’Esdes est une école à taille humaine et nous suivons et accompagnons nos étudiants tant pour les cours que dans les activités hors programmes.
Sachant que 70% de nos étudiants sont originaires de la région Auvergne Rhône-Alpes, nous avons une relations privilégiée avec les professeurs de lycées que nous rencontrons en amont, que nous invitons à venir nous visiter pour évoquer avec eux notre pédagogie et qui nous apportent leur feedback sur les générations que nous allons recevoir.
O. R : Et dans ce contexte qu’est ce qui caractérise particulièrement l’Esdes ?
V. M : Ce que recherchent d’abord les familles à l’Esdes c’est une bonne continuité avec le lycée dans des cours toujours donnés en petits groupes. L’Esdes c’est 64 professeurs – quatre de plus cette année – pour 2 050 étudiants en 2023-24 répartis également en programme Grande école et en bachelor plus le MSc Circular Economy and sustainable Innovation et deux autres MSc que nous ouvrons à la rentrée, Sustainable Tourism à Annecy et Sustainable Finance à Lyon. Notre taux d‘encadrement est parmi les meilleurs des écoles de management françaises ! L’Esdes est une école à taille humaine qui entretient de relations nourries avec les étudiants, les parents comme avec les entreprises. Aujourd’hui nous avons ainsi près de 1 000 étudiants qui suivent leur formation en apprentissage.
Une autre caractéristique de l’Esdes est son approche multidisciplinaire tout en formant ses étudiants de manière professionnelle au sein de l’Ucly. Il est souvent difficile au sein des écoles et des universités d’offrir de véritables formations pluridisciplinaires alors que nous pouvons dire « Venez à l’Esdes y suivre un double cursus de manière très simple ». Aujourd’hui 25% de nos cours sont dispensés en doubles cursus (droit, géopolitique, biotechnologie ou encore transition environnementale que nous ouvrons cette année en PGE) avec l’Université Catholique de Lyon.
C’est la force qu’apporte à l’Esdes son intégration dans la grande université qu’est l’Ucly. Il y a vingt ans des écoles sont sorties des universités et y ont sans doute gagné en autonomie. Aujourd’hui elles ne prendraient sans doute pas la même décision tant être au sein d’une grande université pluridisciplinaire est un atout majeur.
Cette richesse de formation permet à nos étudiants de préciser leur projet progressivement après le bac tout en répondant à la nécessité pour eux de trouver un emploi trois ou cinq ans plus tard. En résumé : à l’Esdes nous formons de manière pluridisciplinaire des managers responsables avec un excellent taux d’emploi.
O. R : Comment définiriez-vous les étudiants que vous formez ?
V. M : L’Esdes forme des managers qui ont une culture pluridisciplinaire tout en étant très professionnels. Nous leur proposons un parcours singulier en leur permettant d’acquérir des compétences qui leur permettront de comprendre et d’agir sur la complexité avec une forte structuration éthique.
Notre volonté de former des « responsible natives » se traduit par exemple aujourd’hui avec la mission « Solicity », au sein d’associations à la fin de la première année des programmes Grande école et Bachelor, puis par une expatriation dès la deuxième année. Le management humain est très important pour former de vrais professionnels.
Enfin l’Esdes est très implantée dans le tissu local et nos étudiants se placent très bien dans les entreprises de taille intermédiaire (ETI) de la région.
O. R : Le plan stratégique de l’Esdes s’achève fin 2025. Qu’avez-vous en tête pour la suite ?
V. M : Faisons d’abord un premier bilan. Nous espérions atteindre un chiffre d’affaires de 25 millions d’euros et recevoir 2 500 étudiants. Nous y serons à peu près en 2025. Avoir un taux de satisfaction de 90% chez nos étudiants : nous y sommes. 25% de diplômes en double compétence, nous y sommes. Il n’y a que le million d’euros de chaires signées et de projets de recherche par an que nous n’avons pas atteint. C’était très ambitieux.
Notre développement passe également par celui de notre campus d’Annecy où le grade master a été étendu avec l’ouverture de la première année de master à la prochaine rentrée. Le campus est conçu pour y recevoir jusqu’à 1200 étudiants alors qu’ils sont aujourd’hui 600, la moitié en cursus de droit de l’Ucly, l’autre moitié de l’Esdes.
Pour l’avenir nous avons déjà une feuille de route qui passe notamment par une croissance raisonnée et le renforcement de son impact. L’Esdes possède une expertise forte sur les questions d’économie circulaire, les nouveaux business model dans l’IA, le marketing durable ou encore la finance verte et les processus de décision éthiques.
Nous allons également poursuivre une internationalisation qui est devenue, en quelques années, un point fort avec 20% d’étudiants internationaux. Nous pouvons aller plus loin, notamment en nous appuyant sur le réseau des universités catholiques.
Par ailleurs nous souhaitons obtenir l’accréditation Equis en plus de celles de l’AACSB (Association to Advance Collegiate Schools of Business) et EFMD Accredited que nous possédons déjà.