Une vue aérienne du campus de l’Estia (Photo : Estia)
Construire des écosystèmes d’innovation au sein desquels les écoles d’ingénieurs jouent un rôle leader c’est le rêve de toutes les écoles. C’est ce que fait Estia. Depuis près de trente ans au sein d’un campus qui voit cohabiter ses propres bâtiments avec ceux d’entreprises et de start up à Bidart à deux pas de Biarritz. « Dès l’origine de l’Estia il y a eu sur son site une pépinière d’entreprise et un incubateur pour favoriser les relations entre les étudiants, les professeurs et les entrepreneurs. Cela a généré la naissance de 3, 4, 5 petites entreprises chaque année qui ont grandi et dont la plupart sont toujours sur la même technopole », résume Patxi Elissalde directeur général de l’Estia.
Un nouveau plan stratégique. A l’aube des 30 ans l’école créée en 1995 se consacre de plus en plus aux questions de transition environnementale avec son plan stratégique 2030 : « Aujourd’hui nous nous donnons trois ans pour renforcer notre excellence avant d’envisager une nouvelle évolution avec une stratégie de croissance du nombre d’étudiants plus affirmée ». En 2030 le nombre d’étudiants devrait ainsi passer à 1 500, celui d’enseignants-chercheurs doubler de 41 à 80 et budget à 22 M€ contre 18 M€ aujourd’hui. Des évolutions qui vont de pair avec l’ambition de l’ESTIA d’intégrer le Top 40 des meilleures écoles d’ingénieurs.
Spécialisée dans la mécanique et l’électronique, l’Estia compte aujourd’hui un peu plus de 1 100 étudiants, essentiellement dans son cycle ingénieur mais aussi un bachelor en ingénierie grade de licence (15 étudiants par promotion) et un cycle préparatoire avec un lycée de Bayonne (trois classes de sup et une de spé sur un modèle PSI et 35 étudiants par promotion), et plusieurs masters, mastères spécialisés et MSc. 18% sont des étudiants internationaux, un chiffre en légère baisse avec la volonté d’être plus sélectif d’un côté, la plus grande difficulté à obtenir des visas de l’autre.
Alors que les comptes de l’Estia sont équilibrés, les frais de scolarité contribuent à hauteur de 30% au budget, les OPCO à 8%, les projets de recherche et les subventions européennes pour le reste. Un tiers des étudiants suit son cursus en alternance. Et là comme ailleurs la question des baisses de financement pose problème. « Nous allons sans doute être contraints d’augmenter le reste à charge sachant que les entreprises de l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM), dont Safran qui est le principal employeur de nos apprentis, refusent de contribuer », regrette le directeur.
Une recherche pour contribuer aux transitions. La recherche de l’Estia est fondée sur la volonté de « mettre en œuvre des interfaces durables » pour contribuer aux transitions dans cinq des 17 objectifs de développement durable de l’Onu. Le tout avec une équipe interdisciplinaire d’une centaine de personnes, dont 52 enseignants-chercheurs, regroupant cinq disciplines du CNU. « Nous menons des actions de recherche sur l’intermittence et la variabilité des sources d’énergie propres pour améliorer la flexibilité de ces réseaux. Le défi est d’optimiser l’utilisation de ces énergie pour réduire les coûts et l’impact environnemental », explique Ionel Vechiu, enseignant-chercheur à l’Estia.
« Notre bâtiment est aussi un living lab pour expérimenter des dispositifs de gestion de l’eau ou de l’énergie », insiste le directeur qui entend avoir un campus 100% autonome en énergie à l’horizon 2030. Les bâtiments de l’Estia sont ainsi équipés de cellules smart greed pour suivre une consommation largement alimentée par la production solaire. L’été, quand l’école produit plus d’électricité solaire qu’elle en consomme, de l’hydrogène pourrait être produit et stocké pour les périodes de forte utilisation. Un hydrogène qui pourrait même un jour être produit avec de l’eau de pluie pour le rendre encore plus vert.
Par ailleurs l’école souhaite faire passer ses effectifs à 80 enseignants-chercheurs dont 20 HDR, le nombre de ses doctorants à 70, essentiellement en partenariat avec l’université de Bordeaux, et obtenir une bourse ERC (European Research Council).
Une démarche DD&RS. Depuis 2020 l’Estia structure une démarche DD&RS qui devrait bientôt aboutir à une labellisation alors que l’Estia est déjà signataire de la Convention entreprise et climat. Aujourd’hui tous les étudiants en formation initiale, et la moitié en formation continue, suivent un module RSE. « Dans les trois ans à venir nous allons accompagner tous les enseignants pour intégrer un volet de transition socio écologique dans l’ensemble des modules de formation en formation initiale comme en formation continue », explique la responsable DD&RS de l’école, Marion Saumonneau.
De nouveaux masters seront également élaborés comme un nouveau parcours ingénieur. Et parce qu’il faut également vivre la transition sur le campus les étudiants peuvent par exemple se voir prêter des vélos à condition de suivre un atelier de réparation. Un « passeport mobilité bas carbone » pourrait être créé pour gérer les déplacements des étudiants internationaux.
Continuum formation – recherche – innovation. École d’ingénieurs sous tutelle des chambre de commerce et d’industrie de sa région, l’Estia est la seule école d’ingénieurs sous statut EESC (établissement d’enseignement supérieur consulaire). Depuis sa création l’Estia a donc été bâtie pour favoriser les relations avec les entreprises. Neuf plateformes de recherche et d’innovation et cinq chaires sont consacrées à aéronautique, à l’impression 3D ou encore à la mode dans le cadre d’Estia Tech. « C’est un système intégré entre la recherche, la formation, l’innovation, le transfert pour favoriser l’insertion professionnelle de nos étudiants et le développement du tissu industriel », résume Patxi Elissalde.
Un système qui va jusqu’à la création d’entreprises filiales de l’Estia qui mutualisent des compétences au service des entreprises. Située à quelques kilomètres de son principal campus, la plateforme COMPOSITADOUR de l’Estia travaille par exemple à la création de nouveaux composites techniques biosourcés à base de fibres longues de bambou pour l’aviation. Équipée de robots valant près de deux millions d’euros elle peut fabriquer des ailes d’avion au même titre que de grands constructeurs avec un matériel que des entreprises de taille moyenne ne pourraient pas s’offrir en propre. Un peu plus loin, à Hendaye, ce sont des articles de mode que recycle une autre entreprise de l’Estia. « Avec l’IA nous sommes capables de recycler des vêtements de différentes matières mais aussi des chaussures dont nous récupérons les semelles. Ainsi nous pouvons remettre dans la chaine de retraitement des produits qui seraient sinon brulés ou jetés », explique Chloé Salmon-Legagneur, la directrice du CETIA.
- Avec huit autres universités en Europe, l’Estia a créé une alliance européenne EU4DUAL qui vise à être la première université européenne en formation duale.