Tout juste arrivé à la direction de l’Esdes, à Lyon, le 5 mai Philippe Rivet livre ses ambitions pour son école à l’horizon 2020. La responsabilité sociale de l’entreprise sera au cœur de son action afin de former des managers responsables. Nouveau regard sur une école postbac qui entend faire parler d’elle dans les années à venir.
Olivier Rollot (@O_Rollot): L’Esdes a une bonne réputation de sérieux mais on en parle rarement. Qu’est-ce qui vous a attiré chez elle pour quitter la direction de Telecom EM que vous occupiez précédemment ?
Philippe Rivet: Telecom EM est un gros paquebot qui se porte plutôt bien et j’ai jugé que l’Esdes avait plus besoin de moi que Telecom EM. J’arrive donc à l’Esdes avec un projet pour accroître la notoriété et la valeur d’une école dont les fondamentaux sont bons.
O.R: Quels sont ces fondamentaux ?
P. R : La vocation originelle de l’ESDES s’est construite sur cette sensibilité humaniste et sociale appliquée au management de l’entreprise. Son sigle signifie d’ailleurs « École supérieure pour le développement économique et social » ! Or aujourd’hui, pour asseoir la performance de l’entreprise, il faut autant travailler sur sa performance économique qu’environnementale et sociale.
Dans un monde en perte de sens l’entreprise a besoin de créer plus de liens en responsabilité avec son écosystème si elle veut mieux assoir sa pérennité. Notre nouvelle stratégie s’appuie donc sur ce cœur de valeurs. Par ailleurs, notre rattachement à l’université catholique de Lyon dont la compétence, notamment en philosophie et sciences humaines est reconnue, nous aidera à réaliser notre mission éducative et scientifique.
O.R: La responsabilité sociale de l’entreprise (RSE), beaucoup d’écoles de commerce en parlent, en quoi êtes-vous vraiment différent ?
P. R : Effectivement beaucoup d’écoles en parlent mais sans forcément considérer qu’il faut s’appuyer sur la RSE pour innover en matière de système de gouvernance des entreprises. Là se situe notre différence. Nous sommes bien évidemment d’accord sur le fait que l’action entrepreneuriale se situe à la genèse de la création de valeur mais nous assumons aussi que la durabilité de cette création de valeur est liée à un partage responsable de cette richesse avec l’écosystème dans lequel évolue l’entreprise. Et cela je ne l’ai pas encore vu mis vraiment en avant dans d’autres écoles.
O.R: Comment allez-vous concevoir votre pédagogie ?
P. R : par une pédagogie que j’appelle à 360°. Partir évidemment de l’acquisition des compétences en matière de management en intégrant un enseignement plus axé sur la contextualisation des connaissances que sur le strict apport théorique. Ensuite travailler sur le volet humain pour développer chez l’étudiant une véritable habilité entrepreneuriale et managériale. Là, nous avons la chance de garder auprès de nous pendant 5 années nos étudiants ce qui nous laisse le temps d’être réellement efficaces sur ce point. Et enfin, former nos étudiants à faire valoir cette habilité et ces compétences managériales quel que soit le contexte géographique et culturel où ils travaillent.
Toutes ces voies de développement correspondent à de profondes convictions sur comment on doit agir aujourd’hui ; orientations que je ressentais déjà lorsque j’étais moi-même chef d’entreprise. La croissance ne doit pas être l’ultime objectif et il faut également travailler en harmonie comme l’explique Jacques Attali dans son rapport « Pour une économie positive ».
O.R: L’Esdes est aujourd’hui classée assez loin dans les classements des écoles de commerce (aux alentours de la 30ème place) et bien derrière les deux autres écoles du concours Accès, l’Iéseg et l’Essca. Quelles sont vos ambitions pour l’Esdes ?
P. R : Nous nous donnons six ans pour revenir dans le top 20 et obtenir les accréditations internationales comme l’AACSB et AMBA en ayant pour cela les recrutements et la production de recherche nécessaires. Je suis convaincu que nos idées et convictions innovantes en matière de nouvelle gouvernance responsable d’entreprise permettront à l’ESDES d’être visible, entendue et reconnue auprès des entreprises et des étudiants ; ce qui est notre principale préoccupation.
O.R: Allez-vous vous installer à Paris comme le sont déjà par exemple l’Essca et l’Iéseg ?
P. R : Non car l’attractivité de Lyon est en hausse et que nous allons y inaugurer un campus tout neuf en 2015. Par contre il est nécessaire de s’implanter à l’étranger et nous le ferons d’ici 2017, aussi bien pour y former des étudiants étrangers que pour y envoyer nos propres étudiants.
O.R: Combien d’étudiants étrangers recevez-vous aujourd’hui ?
P. R : En tout entre 150 et 200 et il faut doubler ce chiffre. De même l’ouverture internationale de nos étudiants doit passer de huit à quatorze ou quinze mois avec deux départs obligatoires.
O.R: Une des caractéristiques étonnantes de l’Esdes est sa faible offre de programmes en dehors de sa grande école. Pensez-vous faire évoluer cette offre ?
P. R : Effectivement l’Esdes est très centrée sur son programme grande école et il va falloir développer notre portefeuille de programmes en s’appuyant notamment sur les spécialités de la grande école qui sont au nombre de neuf aujourd’hui et vont passer à 14 dans les quatre ans. Il faut aussi que les quatrième et cinquième années soient à 100% en anglais sur des formats pédagogiques compatibles avec l’accueil d’étudiants étrangers. Nous développerons également la formation continue. Certes nous avons pris du retard mais il n’y a rien de rédhibitoire avec la force de Lyon et l’aide de notre maison mère.
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