La Conférence sur le climat a été l’occasion pour les établissements d’enseignement supérieur de réaffirmer leur engagement dans le développement durable. Une Lettre ouverte aux ministres et gouvernements de la COP21 a d’ailleurs été signée par 6000 universités dans le monde pour souligner leur engagement. L’Université de Nantes prépare par exemple sa transition énergétique en travaillant à la conception d’un « schéma directeur énergie-fluides » tout en « compensant 4,6 tonnes de de CO2 » (lire le résumé de son action). HEC promeut la nécessité de promouvoir l’énergie et la finance vertes quand Paris-Ouest Nanterre entend devenir à terme un « éco-campus »… Et en mai dernier Sciences Po a même fait « pré-jouer » la COP21 avec 200 étudiants venus de plus de quarante pays au Théâtre des Amandiers… (à voir sur le site de France Culture).
Un label « vert »
En 2009 un Plan vert pour le « développement durable de l’enseignement supérieur » a vu le jour sous l’égide du ministère de l’Ecologie et à l’instigation du Refedd (Réseau français des étudiants pour le développement durable), de la CPU, de la CGE et d’établissements volontaires. L’article 55 de la loi grenelle 1 de 2009 prévoit en effet que les universités et grandes écoles pourront « solliciter une labellisation sur le fondement de critères de développement durable ». Pour y parvenir un label DD&RS (développement durable et responsabilité sociétale) a vu le jour en 2012. Une première phase de tests a eu lieu ensuite auprès de sept établissements (Audencia Nantes, EIVP, Mines de Nantes, La Salle Beauvais, Mines de Douai, Université Paris Ouest Nanterre La Défense, Université de Poitiers) et, depuis le 19 octobre 2015, les établissements peuvent présenter leur dossier pour les premières labellisations qui interviendront en mai 2016.
Un vaste axe de recherche
Les recherches fondées sur le développement durable ou la maîtrise de l’énergie irriguent aujourd’hui très largement l’activité de nombreux laboratoires, notamment sur le pourtour atlantique. « Dans l’esprit de ce qu’est La Rochelle nous avons privilégié l’environnement dans une démarche résolument pluridisciplinaire (ingénierie, écologie, sciences humaines et sociales, droit, etc.) ; ainsi, nous développons en parallèle, au meilleur niveau national, des recherches en environnement littoral et côtier et en sciences de l’ingénieur pour l’environnement, notamment l’énergétique des bâtiments », explique Gérard Blanchard, président de l’université de La Rochelle. Toujours à La Rochelle, l’Eigsi travaille aussi bien sur la « mobilité intégrée », dans le cadre d’une ville très écologique qui entend mieux gérer ses déplacements urbains, que sur « l’énergie et l’environnement du littoral ». Centrale Nantes vient de son côté d’inaugurer un centre de recherche sur les énergies marines, le SEM-REV, sur lequel elle va tester des turbines fonctionnant au vent, à la houle ou au courant.
De nouveaux bâtiments
Pour faire des économies ou tester des solutions énergétiques durables, de nombreuses initiatives sont prises partout en France. Depuis la dernière rentrée l’un des grands chantiers de Grenoble INP est ainsi la « mise en route » de son nouveau bâtiment, le GreEn-ER, de l’une de ses écoles, l’Ense3, qui va lui servir de laboratoire grandeur nature d’un bâtiment le plus économe possible. « Nos chercheurs et nos étudiants vont pouvoir y tester des algorithmes pour le rendre le moins consommateur d’énergie possible même s’il ne sera jamais autonome pour autant. C’est une machine complexe qu’il nous faudra un an pour rendre totalement opérationnelle », explique l’administrateur général du groupe, Brigitte Plateau. Dans le même esprit Les Ponts ParisTech ont construit le bâtiment Coriolis pour « démontrer la viabilité économique de technologies de pointe permettant de réduire très fortement la consommation énergétique des bâtiments » et prétendre ainsi à une labellisation BEPOS (Bâtiment à énergie positive).
Tous éco-responsables ?
Les attitudes doivent également évoluer. Si à Toulouse 3 Paul Sabatier on va bâtir des bâtiments qui se rapprochent de cette « énergie positive », son ancien président, Bertrand Monthubert, souhaite également « que le comportement des usagers de l’université, et pas seulement les étudiants, se transforme pour qu’ils deviennent « éco responsables » ». De son côté Daniel Peyron, directeur du groupe Sup de Co La Rochelle, « rêve d’être une « école militante » pour les valeurs qui structurent la vie des affaires et notamment la RSE (responsabilité sociétale des entreprises) et son impact sur toutes les parties prenantes, y compris le territoire et la planète ».
- 32 propositions de l’enseignement supérieur et de la recherche français pour lutter pour le climat sont accessibles sur le site du MENESR