Laure Bertrand occupe un poste unique dans l’enseignement supérieur français : elle est directrice des soft skills (et des services pédagogiques transversaux) au sein du Pôle Léonard-de-Vinci : « Je suis en charge de tout qui accompagne les étudiants en plus des cours : l’emploi, le sport, les activités associatives ». Et donc de ces fameux soft skills, ces « savoirs comportementaux » qui prennent une place de plus en plus importante dans l’enseignement supérieur. Car bien se comporter en toutes situations, dans tous les pays, avoir le sens de l’humour, de l’empathie, de l’innovation, du travail en groupe, en environnement multiculturel sont autant de qualités humaines qui feront largement la différence une fois dans l’entreprise. Et qu’on peut apprendre quel que soit son type de formation. « Notre volonté de mettre en avant les soft skills répond également à un appétit de transversalité entre nos différentes formations », explique le directeur général du Pôle, Pascal Brouaye.
Connaissance de soi et des autres
Les étudiants des trois écoles du Pôle – l’Esilv (école d’ingénieurs), l’EMLV (école de management) et l’IIM (digital) – travaillent régulièrement ensemble dans le cadre de projets transversaux sur des thématiques soft skills. Deux fois par an un grand événement regroupe 900 étudiants sur des thématiques comme « L’entreprise responsable », « Le climat » ou encore « La gamification au service de la société ». « Sur cette dernière thématique nous pouvons aussi bien leur demander de réfléchir à comment amener plus de jeunes à voter aux élections qu’à mieux traiter les grands malades », signifie Laure Bertrand. Le travail des groupes – cinq à six étudiants inter écoles – est ensuite évalué. « Les étudiants doivent analyser leur travail, les conflits qui ont émergé, comment les résoudre. Ils prennent l’habitude de se débriefer et de prendre de la hauteur dans leur fonctionnement collectif. »
D’autres thèmes plus classiques peuvent être abordés pour à la fois améliorer sa connaissance de soi et mieux comprendre les cadres de référence de l’autre. En tout ce sont 350 heures de cours consacrés aux soft skills que vont suivre les étudiants du Pôle au cours de leurs cinq années d’études. Plus 60 heures consacrées à la connaissance de soi et à l’élaboration d’un projet professionnel. « Dès la première année nous travaillons avec eux à partir l’indicateur des types de personnalité le plus utilisés dans le monde, le Myers-Briggs, dit MBTI », reprend la directrice.
Devenir responsables
Bien sûr les étudiants de chaque école travaillent également entre eux mode projet dans chaque établissement. « Mais même pour les ingénieurs, même pour des projets hyper techniques, les soft skills imbibent la réflexion », certifie Pascal Brouaye. Chaque projet est en effet à la fois accompagné par un mentor et une formateur soft skill. Les étudiants analysent mieux ainsi ce que leur apporte leur connaissance d’eux-mêmes et comment les conflits sont résolus. « Une transversalité qui leur permet rapidement de se retrouver chefs de projet une fois dans l’entreprise. Ils ont un regard qui n’est pas uniquement technique dès leur dernier stage », assure encore Pascal Brouaye quand Laure Bertrand insiste sur la façon dont ses étudiants sont « infusés quant aux responsabilités des ingénieurs vis à vis de la société ».