Avec le départ de Philippe Courtier, ancien directeur des Ponts ParisTech, de la direction générale de l’EM Lyon, c’est le deuxième ancien directeur d’une école d’ingénieurs qui rate son intégration dans une école de management cette année. Plus tôt dans l’année, Pierre Dreux (ancien directeur adjoint de Centrale Lyon), quittait ainsi Toulouse BS.
Comment l’expliquer ? D’abord en prenant bien soin de ne pas généraliser : Pierre Tapie a dirigé l’Essec pendant douze ans après l’École supérieure d’agriculture de Purpan. Mais peut-être avait-il la «chance» de venir d’une «petite» école privée et d’être habitué à des contingences matérielles que ne rencontre peut-être pas chaque jour un directeur des Ponts ParisTech ou de Centrale Lyon? D’être à l’affut des possibilités de financement, de l’opinion des entreprises, de ne pas négliger les relations avec les journalistes et de bien veiller à ses relations avec sa tutelle.
Interrogé sur le sujet, Philippe Courtier m’affirmait pourtant récemment «ne pas vraiment faire la différence entre la tutelle d’un ministère et celle d’une chambre de commerce». Il y a quelques semaines, Jérôme Caby, devenu directeur de l’ICN après avoir dirigé l’IAE de Paris, me disait lui avoir «dû gagner sa légitimité auprès des chambres de commerce et d’industrie et des entreprises». Certes il venait de l’enseignement supérieur public mais d’un IAE parmi les plus proches des entreprises. Énorme atout. De plus, il comprenait très bien l’univers disciplinaire dans lequel il allait exercer: «J’aurais eu du mal à résoudre tous les problèmes si je n’avais pas moi-même été professeur. Ainsi je n’avais pas de problème de légitimité vis-à-vis du corps professoral».
Tout est peut-être dit : les directeurs d’écoles de management travaillent dans un univers d’extrême compétition, tant dans le recrutement de leurs étudiants que de leurs enseignants, ne pas bien comprendre les attentes de ces derniers est de plus en plus rédhibitoire.
Olivier Rollot (@O_Rollot)