Nicolas Arnaud, directeur de la Rabat BS
Quelques semaines après son arrivée à la direction de la Rabat BS, Nicolas Arnaud nous livre ses premières impressions sur une école qui a acquis en quelques années une place prédominante au Maroc.
Olivier Rollot : Vous venez de prendre la direction de Rabat BS après quinze années au sein d’Audencia dont vous étiez directeur des programmes. Qu’est-ce qui vous a poussé à prendre ce nouveau poste ?
Nicolas Arnaud : Après quinze années passées à Audencia j’avais le sentiment d’avoir beaucoup fait et j’étais en attente d’un nouveau challenge. Or j’avais vu se développer peu à peu la Rabat Business School depuis 2018. D’abord dans le cadre de mes rencontres avec les élèves des classes préparatoires au Maroc, puis par la signature d’accords avec Rabat BS et l’Université internationale de Rabat dont elle dépend. Toutes ces années j’ai vu RBS évoluer au point d’atteindre la 32ème place du Classement des meilleurs masters in management dans le monde du Financial Times, seule école d’Afrique à y figurer !
J’étais donc honoré d’être contacté par le président de Rabat BS pour en prendre la direction. Ma décision a vite été prise de rejoindre une école qui a grandi vite et qui a encore beaucoup de potentialité. Et depuis que je suis en poste j’en suis encore plus convaincu !
O. R : Parlez-nous de l’Université internationale de Rabat (UIR), dont fait partie Rabat BS. Quel projet global défend-elle ?
N. A : L’Université internationale de Rabat est une université privée financée par des fonds publics des grandes sociétés d’État marocaines. Son fondateur, Noureddine Mouaddib, a longtemps enseigné à Polytech Nantes. C’est en 2005 qu’il commence à développer un projet d’université à Rabat qui recevra ses premiers étudiants en 2010. Et aujourd’hui cinq chercheurs de l’UIR, dont deux de la Rabat BS, font partie des 2% meilleurs publiant dans leur domaine.
Rabat BS est quant à elle la première business schools du royaume et parmi les quatre ou cinq meilleures d’Afrique et du Moyen-Orient. Mon prédécesseur, avec l’ensemble des équipes encore en place, Olivier Aptel, a fait un travail formidable.
Une excellence qu’on retrouve également dans les écoles d’ingénieurs de l’UIR dont trois viennent d’être reconnues par la Commission des titres d’ingénieur (CTI) française.
Le projet de l’UIR est maintenant de se développer sur le territoire marocain. Des terres dont la superficie dépasse de 50% celles sur lesquelles nous sommes implantés à Rabat – et notre campus est immense – ont été achetées par l’UIR à Marrakech avec le projet d’ouvrir des facultés, dont Rabat BS, en 2026-27.
O. R : Un développement des universités soutenu dans un pays en plein développement économique et à la population jeune !
N. A : Effectivement nous entendons parler ici de développement quand en France on entend plutôt le mot restructuration. La pyramide des âges marocaine et très large à sa base avec un PIB par habitant qui a été multiplié par deux en vingt ans. Une classe moyenne en capacité de payer les frais de scolarité d’établissements privés s’est développée et de plus en plus de bacheliers s’orientent vers des études longues dans une cadre plus régulé et encadré.
O. R : D’où viennent les étudiants de Rabat BS ?
N. A : Nous recrutons d’abord des bacheliers marocains dont 70% viennent de communes situées à 1 h 30 au plus du campus. Nous recevons également 600 étudiants internationaux et 300 apprenants en Executive Education. Une activité qui atteint aujourd’hui 1,5 millions d’euros de chiffre d’affaires et est en forte croissance. Nous sommes par ailleurs à notre seconde cohorte de MBA à plus 30 participants.
O. R : On sait que le Maroc entend être un hub universitaire pour l’Afrique ? D’où sont originaires vos étudiants internationaux ?
N. A : La majorité de nos étudiants internationaux en degree seeking provient de l’Afrique subsaharienne et de l’Afrique de l’Ouest. Des candidats européens, dont français, commencent également nous rejoindre. Tous sont attirés par le pays aujourd’hui le plus influent en Afrique qu’est le Maroc et sa capacité à développer un enseignement supérieur aux standards internationaux. L’UIR a été fondée comme un symbole de cette volonté. Nous souhaitons maintenant recruter davantage en Afrique de l’Est et au Moyen Orient.
O. R : Quels sont vos principaux diplômes après le bac ? Quelle est la langue d’enseignement?
N. A : Près de 1 700 étudiants sont inscrits dans notre bachelor en 3 ans. Nous proposons également un bachelor IPM (International Program in Management) en trois ans et, depuis cette année, un format en quatre ans avec l’Iéseg et HEC Montréal.
En bachelor à 90% des cours ont lieu en anglais avec deux tracks en première année : l’un à 100% en anglais, l’autre plus progressif avec également des cours en français : 70% en première année, 50% en deuxième et 100% également en anglais en troisième et dernière année de bachelor. La quasi-totalité de nos masters sont également enseignés à 100% en anglais.
O. R : Quels sont maintenant vos grands objectifs pour Rabat BS ?
N. A : Nous sommes éligibles pour l’accréditation Equis dont l’audit aura lieu en 2025. Si nous l’obtenons ne serons la première business school marocaine, et l’une des cinq premières en Afrique, dans ce cas. Il s’agira ainsi de continuer la dynamique déjà bien lancée pour faire de Rabat BS une école aux standards internationaux et s’y maintenir durablement. Ensuite pourquoi pas obtenir la triple couronne. Nous tenons également à maintenir notre présence dans le classement du Financial Times sachant qu’en faire partie est déjà une performance en soi.
Plus largement nous engageons une réflexion stratégique à l’horizon 2030 sachant que notre plan stratégique en cours s’achève fin 2025. Nous allons en particulier nous attacher à mesurer l’impact de l’école sous toutes ses formes (sociétal, économique, expérience étudiante, etc.) et à développer l’interdisciplinarité avec les autres facultés de l’UIR et au-delà. Le développement de notre recherche est également prioritaire alors que, ces cinq dernières années, notre production de recherche est équivalente voire supérieur à de nombreuses écoles triple accréditées possédant une faculté bien supérieure en nombre.
Une réflexion est également en cours pour affirmer notre leadership dans toute l’Afrique et pas seulement être un hub pour l’hémisphère Nord. Cela passe aussi par le développement de partenariats avec les meilleures institutions du continent mais aussi des instituts internationaux de premier plan tournés vers l’Afrique. Plusieurs discussions sont en cours et j’ai bon espoir qu’elles aboutissent prochainement. Nous sommes aidés pour cela par un International Advisory Board de premier plan qui comprend des sommités internationalement reconnues, représentant 8 établissements, tous leaders dans leur pays, et provenant de 5 continents. Nous voulons avoir encore plus d’impact sur le continent africain tout en continuant à rayonner sur le plan mondial.