« Oui », « oui mais », le Hcéres (Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur) vient de rendre deux avis très attendu sur les sorties d’expérimentation des EPE Université Côte d’Azur et CY Cergy Paris Université.
Après 2 ans de fonctionnement sous ce statut « expérimental », les deux universités souhaitaient en effet engager la sortie de l’expérimentation. Le ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche a dès lors, conformément à l’ordonnance de 2018 sur les établissements publics expérimentaux, confié au Hcéres leur évaluation afin de déterminer s’ils pouvaient prétendre au statut juridique de « Grand Établissement » qui leur permettra de fonctionner avec les nouvelles composantes que sont les Écoles Universitaires de Recherche, des composantes à statuts spécifiques et des établissements composantes qui conservent leurs personnalités morales.
Université Côte d’Azur : le Hcéres favorable. Le comité d’évaluation du Hcéres de sortie d’expérimentation de l’Université Côte d’Azur émet de son rapport un avis favorable à la demande introduite par l’UCA de sortie du statut d’établissement public expérimental en vue de sa transformation en grand établissement. Sous réserve néanmoins de la prise en compte des recommandations expresses, dont voici les trois grands axes, d’ici le 1er janvier 2024, date de passage envisagée au statut de grand établissement :
- faire fonctionner de manière effective la coordination budgétaire prévue à l’article 28 des statuts, celle-ci présentant un certain nombre de lacunes ;
- faire fonctionner de manière plus formalisée et plus intégrative la coordination de la politique desressources humaines, tout en respectant les statuts d’employeur despersonnalités morales et juridiques ;
- formaliser les relations avec les entités qui composent l’EPE.
Ces recommandations « expresses » sont accompagnées de recommandations à plus long terme dont celles de « clarifier la politique de marque que l’université envisage à partir de son nom, celle-ci étant encore confuse » et d’ « envisager à terme des formes de simplification d’une organisation actuellement trop complexe pour être pleinement efficace ».
CY Cergy Paris Université : un peu tôt pour sortir de l’expérimentation. « Le comité a été positivement impressionné par la très grande quantité et qualité du travail effectué par l’établissement avec ses partenaires, à l’occasion des structurations successives qu’il a impulsées, depuis au moins 2012. » Le rapport du Hcéres sur CY Cergy Paris Université est très laudateur alors qu’un nouveau président vient d’en prendre la direction en succédant à François Germinet parti pour le SGPI. Malgré, parce qu’il y a un « malgré » les « lacunes du dossier présenté par CYU à l’occasion de sa demande de sortie de l’expérimentation, et en particulier les imperfections de son rapport d’autoévaluation, le comité se prononce en faveur de cette sortie de l’expérimentation, en vue de la transformation de l’EPE en grand établissement ».
Mais, parce qu’il y a aussi un « mais », dans le contexte du départ annoncé du président actuel de l’université à la fin de l’année 2022, qui « constitue à certains égards un risque pour l’établissement », et au vu du calendrier institutionnel, le comité « recommande de surseoir de quelques mois à la sortie de l’expérimentation » : « Fixer une date de sortie d’expérimentation au plus tôt au deuxième semestre 2023, et de préférence en janvier 2024, donnera le temps nécessaire à CYU pour réaliser des avancées significatives ».
Des avancées dont voici les grandes lignes :
- mettre davantage en avant son rôle d’intégrateur des forces vives de l’ESR sur le territoire et s’assurer, dans le contexte du changement de gouvernance, de l’adhésion renouvelée de l’ensemble des parties prenantes au rôle de pilote de CYU, autour d’une ambition partagée ;
- tirer les leçons de la période d’expérimentation pour ajuster les statuts de l’établissement, de façon à éviter les écueils (lourdeurs, compétences mal définies) qu’il a souvent lui-même identifiés et que le comité a notés. Des modalités de gouvernance plus efficaces sont indispensables pour envisager plus sereinement de futures intégrations d’établissements-composantes.
- travailler résolument à des avancées concrètes (sur le modèle du bachelor commun) dans le cadre de l’association entre CYU et l’ESSEC, par exemple pour l’organisation des écoles magistrales et doctorales. Appliquer systématiquement la signature unique au sein du site pour augmenter sa visibilité scientifique, condition sine qua non pour apparaître correctement dans les classements internationaux.
- se doter d’indicateurs d’impact aptes à mesurer les résultats de son action, sans se contenter de recourir aux classements internationaux, et à accompagner de manière plus efficace le pilotage de la trajectoire en prenant en compte les différents périmètres : CY Université, CY Initiative (I-Site), CY Alliance, CY Campus international.
- conforter le modèle économique de l’établissement en restant vigilant quant au poids des financements spécifiques non récurrents. Si le comité reconnaît la forte capacité de CYU à se positionner sur les appels à projets nationaux (compte tenu de ses succès répétés ces dernières années), il juge nécessaire que l’établissement pense plus globalement son équilibre financier et son développement. L’importance du nombre de projets doit aussi faire l’objet d’une attention particulière, du fait de l’épuisement qu’il peut engendrer au sein des équipes.