ECOLES DE MANAGEMENT

« L’ESDES va se redresser pour recoller au peloton » : Olivier Maillard

Tout juste nommé à la direction de l’ESDES, Olivier Maillard entend à la fois continuer à avancer dans les grandes directions insufflées par son prédécesseur, Philippe Rivet, dans le cadre d’une stratégie Vision 2020, et porter de nouveaux projets dont un futur bachelor.

Olivier Rollot (@O_Rollot) : Vous venez tout juste de prendre la direction de l’ESDES après le départ de Philippe Rivet qui n’a occupé le poste qu’un an et demi (mai 2014 à janvier 2016). Comment comptez-vous redonner à l’ESDES un éclat quelque peu perdu si on en croit par exemple sa place dans les classements ?

Olivier Maillard : Notre plan stratégique Vision 2020 avait été lancé par Philippe Rivet avant son départ et je suis là pour le remettre en route au sein d’une école qui entend aujourd’hui se redresser pour recoller au peloton. Nous pouvons compter pour cela sur une vraie vision au sein de l’université catholique de Lyon (UCLY), dont nous sommes la business school, et que nous venons de rejoindre dans de nouveaux bâtiments au centre de Lyon. Un autre de nos atouts est d’être implantés dans une région riche qui compte un grand nombre de sièges sociaux avec 400 grands groupes, 2900 ETI. Seul Paris peut dire mieux en France. Dans ce cadre, le projet « Vision 2020 » nous apporte tous les ingrédients pour revenir dans la course avec des équipes pleinement investies dans une école qui va fêter ses 30 ans en 2017.

O. R : De quelle superficie dispose l’ESDES au sein du nouveau bâtiment de l’UCLY, construit tout près de la gare de Perrache ?

O. M : Nous disposons d’un campus de 36 000 m2 entièrement neuf, sur une surface totale de 50 000m2. Nous en occupons une partie mais bénéficions également de lieux communs partagés (CROUS, incubateur d’entreprises, learning lab, salle de sport, etc.).

O. R : Toutes les écoles de commerce postbac disposant du grade de master sont aujourd’hui implantées à Paris. Vous y pensez également ?

O. M : La dernière école qui s’implante à Paris, EM Normandie, a tout intérêt à le faire mais nous ne sommes pas dans la même situation car la région Auvergne Rhône-Alpes est la 1ère région industrielle de France. Pour autant nous pourrions y réfléchir un jour pour délivrer une offre en formation continue.

O. R : La concurrence est également rude à Lyon pour les écoles postbac avec par exemple l’Idrac Lyon qui dispose comme vous du grade de master.

O. M : Oui et également l’ESCE, bientôt l’Inseec et l’Essca, le programme bachelor de l’EMLyon, même s’il est implanté à Saint-Etienne. Mais nous sommes sur un territoire considérable avec 145 000 étudiants dans l’enseignement supérieur à Lyon et nous avons un rôle important à y jouer.

O. R : Avec tous ces atouts on se demande pourquoi l’ESDES a décroché dans les classements vis à vis d’autres écoles postbac, et en particulier l’Essca et l’Iéseg en compagnie desquelles vous recrutez vos étudiants dans le cadre du concours Accès ?

O. M : L’ESDES a tardé à prendre des virages que d’autres ont pris. Aujourd’hui nous voulons construire une école dotée d’une offre plus diversifiée et dépasser le « mono programme » grande école. Nous avons pour cela la chance d’avoir des équipes dont le sens de la pédagogie est très fort. Le suivi individualisé des étudiants leur permet de bénéficier d’une excellente insertion professionnelle en France comme à l’international avec de très bons niveaux de salaire. Nous voulons conserver cette proximité avec nos étudiants, cette bonne insertion professionnelle, tout en nous ouvrant à d’autres formations.

O. R : Quelles formations allez-vous ouvrir ?

O. M : Nous avons déjà ouvert à la rentrée 2015 un track full english dès la 1ère année et nous réfléchissons à l’ouverture d’un bachelor. Nous travaillons à son positionnement, plus ou moins international, plus ou moins spécialisé. Nous allons également développer notre formation continue et nos programmes internationaux.

Nous réfléchissons également avec nos écoles consœurs de la banque ACCES à une rentrée décalée en février de première année de notre programme grande école. Cela nous permettrait d’abord de recevoir des étudiants déçus de leurs débuts à l’université en PACES (médecine), en droit ou en économie par exemple. D’excellents étudiants que nous pouvons remettre rapidement au niveau des autres. Cette rentrée décalée nous permettrait également de recevoir des étudiants de l’hémisphère Sud qui doivent sinon attendre jusqu’en septembre alors que leur année universitaire s’achève en décembre.

O. R : Le projet « Vision 2020 » reste bien le projet stratégique de l’ESDES ?

O. M : Oui, et c’est mon rôle de le mettre en œuvre. Dans ce cadre 30% de nos cours sont par exemple consacrés, depuis cette année, aux humanités dans notre cycle bachelor (les trois premières années). Mais le fil rouge « entrepreneuriat » est également très fort avec des ateliers, séminaires, différents modules de sensibilisation et développement d’opportunités d’affaires qui se concrétisent par un concours de création d’entreprise « Les Jeunes Pousses de l’ESDES » dans ce même cycle bachelor. Ceux qui veulent aller plus loin peuvent intégrer notre majeure entrepreneuriat (50 étudiants par an) puis notre incubateur Le CUBE au sein duquel ont été lancées une quinzaine d’entreprises toujours pérennes depuis sa création en 2012. En résumé l’ESDES revendique une place centrale donnée à la culture économique et générale doublée d’une une véritable dimension entrepreneuriale.

Nous pourrions aller encore plus loin dans les « humanités » en nous rapprochant des facultés de l’université catholique. Ainsi l’ESDES pourrait faire appel à des compétences complémentaires.

O. R : La responsabilité sociétale des entreprises (RSE) reste au centre de votre projet ?

O. M : Nous voulons apporter à nos étudiants une grille de lecture plus sensible à la prise en compte de l’ensemble des parties prenantes de l’entreprise. La recherche a inspiré notre projet avec 20 enseignants-chercheurs particulièrement productifs dans les publications sur la RSE. Nous travaillons notamment sur de nouvelles formes de management et de gouvernance au service d’une réussite durable et collective. Le produit de nos chaires Veolia et Société Générale irrigue ces enseignements. Ensemble, avec nos étudiants, nous proposons aux entreprises les nouvelles grilles de lectures qu’elles attendent.

O. R : Avec ce projet vos effectifs vont croitre ?

O. M : Notre programme grande école accueille en moyenne 180 à 200 étudiants en 1ère année. Notre objectif est de stabiliser autour de 200 / 220. Plus loin dans le cursus, notre master est très attractif et nous accueillons de plus en plus d’étudiants en alternance. Nos recrutements d’étudiants étrangers vont s’accélérer mais il n’est pas question de s’implanter seul sur un campus à l’international. Nous envisageons plutôt de partager des infrastructures ou des agents avec d’autres écoles. Nous étions un peu à l’écart des alliances qui se nouent aujourd’hui entre les écoles de commerce et nous voulons aujourd’hui créer de nouveaux liens.

O. R : L’obtention d’accréditations, françaises comme internationales, occupe une place centrale dans les business schools. Comptez-vous en obtenir de nouvelles ?

O. M : Nous avons obtenu l’année dernière le renouvellement du visa et du grade de master pour notre programme grande école pour respectivement 5 et 3 ans, en progression par rapport au précédent renouvellement. Au niveau international, nous serons éligibles « AMBA » d’ici l’automne 2016 et nous allons démarrer un audit blanc pour voir dans quelles conditions nous pourrions être éligibles à l’AACSB (Association to Advance Collegiate Schools of Business). Mais l’obtention de l’accréditation ne sera en tout état de cause pas possible avant 2020.

O. R : L’ESDES a décroché dans les classements des écoles de management publiés par la presse au point d’en fermer souvent la marche. Comment pensez-vous remonter la pente ?

O. M : Même si nous pouvons prendre en compte certains critères pour en faire des outils d’amélioration, c’est un travail de fond à moyen/long terme.

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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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