Après trois années passées à la tête de l’Esdes Olivier Maillard peut se féliciter de voir son école renouer avec la croissance et envisager de nouvelles implantations. Le tout en s’appuyant sur l’université catholique de Lyon. Bilan et perspectives.
Olivier Rollot : Il y a maintenant trois ans que vous avez pris la direction de l’Esdes. Comment jugez-vous le chemin parcouru ?
Olivier Maillard : Nous avons fait tout ce que nous avions prévu dans le cadre de notre plan stratégique 2020. L’année 2019-2020 va maintenant être celle des grandes réalisations et décisions. Premier chantier : les accréditations internationales. Nous étions partis tardivement et attendons prochainement la visite des auditeurs Epas pour notre programme Grande école (PGE) avant celle de l’AACSB (Association to Advance Collegiate Schools of Business) pour l’ensemble de l’école. Deuxième chantier : nous allons également bientôt annoncer une deuxième implantation en France avant d’imaginer de partir à l’international. Troisième chantier : Nous pensons également à revoir nos alliances dans les banques de concours pour les admissions sur titre ou à l’international. L’année 2018/2019 a été marquée par une belle progression dans les classements grâce à un vrai travail de fond mené par les équipes. Nous voulons vraiment changer de braquet avant de rédiger le plan stratégique 2025.
O. R : Comment se présente la rentrée 2019 ?
O. M : Nous avons reçu 20% de candidatures en plus et la croissance globale est de 10 à 12%. Nous renouons avec un cycle de croissance. Notamment avec un bachelor en trois ans qui tient ses promesses et pour lequel nous allons demander le visa à l’Etat pour, espérons-le, obtenir ensuite le futur grade de licence. Ce bachelor sera d’ailleurs le véhicule de notre nouveau campus.
Par ailleurs, en droite ligne avec notre ADN, nous continuons de revendiquer l’hybridation des profils, notamment entre la science et le management. Nous proposons déjà un double diplôme biologie et management avec l’ESTBB, une faculté de l’Ucly Nous ouvrons ainsi à la rentrée un double diplôme philosophie et management en partenariat avec la faculté de Philosophie de l’UCLy. C’est tout l’intérêt pour nous de cohabiter avec de belles facultés – la faculté de Philosophie de l’Ucly remet même un diplôme de droit canonique validé par le Vatican – et nous devons creuser notre sillon dans tout cet écosystème.
O. R : Historiquement la RSE (responsabilité sociale des entreprises) est également au cœur de la réflexion de l’Esdes. Une question qui doit trouver un écho de plus en plus positif chez vos étudiants ?
O. M : Nous formons des managers responsables et la question de la transition écologique va être centrale dans les années à venir. Nous devons répondre à la fois à la demande de sens de nos étudiants dans leur futur emploi et à la transition énergétique. C’est toute une nouvelle façon de produire et de consommer qu’ils vont avoir à inventer. Les entreprises vont elles-mêmes être évaluées différemment en prenant de plus en plus en compte tout ce qui est extra financier. Nous avons une place à prendre dans le débat avec l’émergence de nouvelles pratiques et des comportements qui évoluent très vite.
O. R : La concurrence est rude à Lyon avec notamment ces dernières années l’installation de BSB et de l’Essca. Comment résistez-vous ?
O. M : N’oubliez pas emlyon, l’Idrac et l’Inseec qui sont nos compétiteurs depuis plus longtemps. Le choc de ces arrivées a été absorbé. Nous avons affuté nos arguments pour montrer notre différence. Et notamment un superbe campus au centre de Lyon dans les locaux de l’Ucly où nous pouvons encore nous étendre sur 1000 m2 supplémentaires.
O. R : En plus d’une implantation que vous apporte l’Ucly ?
O. M : L’hybridation que j’évoquais mais aussi par exemple des relations privilégiées avec les entreprises. Nous sommes très bien reconnus et nous comptons jouer un rôle important dans la campagne de mécénat qui commence et pour laquelle nous comptons lever six millions d’euros. L’UCLy joue un rôle tout particulier dans l’écosystème local et nous en profitons tout en bénéficiant d’une grande autonomie.
O. R : Que vous inspire la réforme du bac ? Qu’est-ce que le passage des séries aux spécialités pourrait changer pour une école postbac comme l’Esdes ? Notamment sur le niveau en mathématiques des candidats.
O. M : Nous travaillons à l’évolution de notre concours avec l’Essca et l’Iéseg pour mieux prendre en compte les nouvelles spécialités et l’esprit de la réforme. Sur le niveau en mathématiques nous tiendrons le même discours que celui qu’on entend aujourd’hui du côté des classes préparatoires économiques et commerciales. C’est à dire qu’il nous semble nécessaire d’avoir choisi au moins la spécialité mathématiques en première – et au moins l’option mathématiques appliquées en terminale – pour intégrer une école de commerce. Pour le reste tout est ouvert.
C’est notre rôle de détecter des pépites et de nous adapter à un nouveau public en lui proposant plus de culture générale tout en conservant nos fondamentaux. Un apport plus important en culture scientifique est également nécessaire alors que nous sommes cernés par les fake news. Pour bien aborder les questions climatiques ou d’autres points capitaux il faut posséder une culture scientifique de base. C’est ainsi que nous produirons des profils originaux que veulent recruter les entreprises.
O. R : Les étudiants changent – et ce mouvement s’amplifie avec la prise de conscience du changement climatique – comment les définiriez-vous ?
O. M : Comme de plus en plus en quête de sens. Et surtout très attentifs à tout, très exigeants, qui veulent être consultés et faire partie du système. Et quand on promet quelque chose il faut l’assumer. Nous avons d’ailleurs créé un conseil étudiant de 12 étudiants qui nous poussent toujours à évoluer. Tout particulièrement quand ils reviennent d’un séjour à l’étranger. Nous voulons vraiment embarquer les étudiants dans notre réflexion pour qu’ils s’engagent aux côtés de l’école. Quand nous sortons une nouvelle plaquette nous les consultons car qui mieux qu’eux peut nous orienter vers les besoins de notre public ? Toute une équipe d’ambassadeurs étudiants nous accompagne sur les salons pour porter les couleurs de l’école.
O. R : Vous évoquez un nouveau développement international. Allez-vous vous appuyer sur le réseau des universités catholiques ?
O. M : Dans la mesure où elles n’ont pas de faculté de gestion nous pourrons effectivement nous appuyer sur elles. Nous avons déjà doublé le nombre de nos étudiants étrangers en un an. Et ils viennent aussi bien d’Asie que d’Amérique d’Europe ou d’Afrique. Ils représentent aujourd’hui 10% de nos effectifs et nous entendons bien passer à 20% dans les cinq ans. Faire partie d’une université c’est le standard mondial et cela est rassurant pour les étudiants étrangers qui connaissent bien ce système chez eux.
Nous venons également de conclure un accord avec l’Esca à Casablanca – la seule business school accréditée par l’AACSB en Afrique francophone – pour permettre à nos étudiants de deuxième année de passer douze semaines sur son campus. L’Esca rejoint ainsi nos deux premiers campus délocalisés à Buenos Aires et New York.