Après la publication le 6 janvier de l’enquête de Mediapart (Humiliations sexuelles, homophobie, sexisme: voyage au sein des grandes écoles de commerce françaises), après la tribune signée par plus 500 alumni pour dénoncer le sexisme des étudiants des Grandes écoles de management ce fut au tour des Inrockuptibles de publier Antisémitisme, racisme, sexisme : plongée dans les dessous de l’Essec.
La première réaction – quelque peu lénifiante – du directeur général de HEC, Peter Todd, n’ayant guère apaisé les esprits il est revenu sur sa position dans Les Echos Start. Il y confesse notamment « qu’ici comme ailleurs, nous n’avions sans doute pas pris conscience de l’ampleur du phénomène. Aujourd’hui, certaines traditions n’ont plus leur place dans notre environnement. C’est le cas notamment du site internet sortievauhallan, qui présentait une image dégradante de nos étudiants, et qui a interrompu toute activité en 2016 ». Depuis deux ans, HEC a ainsi monté une nouvelle structure “Student Affairs”, composée d’une équipe de plus de 20 salariés. Cette direction accorde « une importance spécifique à l’intégration, au respect de la diversité et de l’inclusion de l’ensemble des communautés étudiantes sur et en dehors du campus d’HEC Paris ».
Comme à HEC beaucoup d’efforts ont été faits ces dernières années par les écoles de management pour répondre aux critiques suite aux événements regrettables qui ponctuent les cursus de leurs étudiants. L’Essec a ainsi nommé cette année des « référents » au sein de chacun de ses programmes pour lutter contre les actes et violences à caractère sexistes. Une « Charte du respect d’autrui » a été établie et l’école participe à l’Observatoire des violences sexistes dans l’enseignement supérieur qu’a créé l’une de ses alumni.
Plus largement, Frédérique Vidal et Marlène Schiappa ont créé en 2018 des cellules d’accueil et d’écoute destinée à lutter contre les violences sexistes et sexuelles sur tous les campus. « La réalité, c’est qu’il reste encore difficile d’oser parler de cela dans un cadre institutionnel. Qu’on le veuille ou non, être victime, c’est aussi craindre que l’institution ne réagisse pas, douter du fait que l’on sera entendu et parfois avoir peur que parler soit finalement pire que de ne pas parler », expliquait Frédérique Vidal lors de l’inauguration de la première de ces cellules au sein de l’université Paris-Dauphine. Le harcèlement, la discrimination sexuelle, ne sont pas l’apanage des écoles de management mais y sont d’autant plus intolérables que ces dernières proclament de plus en plus leur attachement aux valeurs d’interculturalité et de tolérance.
- Circulaire du 25 novembre 2015 sur la prévention et le traitement du harcèlement sexuel dans les établissements publics d’enseignement supérieur et de recherche relevant du ministère de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche
- Le site du Collectif de lutte antisexiste contre le harcèlement sexuel dans l’enseignement supérieur (Clasches)