« Plan de continuation d’activité » : à la demande ces rectorats les établissements d’enseignement supérieur français travaillent tous à imaginer comment ils pourraient continuer à dispenser des cours en cas de fermeture. Ce qui n’est pas une vue de l’esprit : l’Italie a pris la décision de fermer le 5 mars toutes ses écoles et universités jusqu’à la mi-mars. Et, au-delà des cours, il faut envisager comment faire passer des examens et des concours. Un casse-tête quasiment insoluble pour beaucoup d’écoles post prépas qui se demandent comment elles feraient pour recruter en cas d’interdiction de tout rassemblement.
Dans le monde ce sont près de 300 millions d’élèves qui sont privés de cours. Mais surtout beaucoup pourraient ne pas revenir de sitôt comme s’en inquiète The Chronicle of Higher Education : Enrollment Headaches From Coronavirus Are Many. They Won’t Be Relieved Soon. En Asie Les fermetures liées aux virus perturbent les examens d’entrée à l’université (University World News).
Deuxième pays du monde à recevoir le plus d’étudiants chinois, l’Australie redoute que la crise sanitaire ait un impact colossal sur son enseignement supérieur. Selon le Times Higher Education la plus ancienne université d’Australie, celle de Sydney, a ainsi pris des mesures d’austérité pour combler un déficit estimé d’au moins 200 millions de dollars australiens (110 millions d’euros). En tout ce seraient pas moins de 100 000 étudiants chinois qui ne seraient pas revenus en Australie après les fêtes du Nouvel an chinois.
Le choc est particulièrement sensible pour les établissements qui possèdent des campus en Chine. Skema a ainsi dû rapatrier 330 étudiants français qui ont choisi en majorité de suivre des cours en ligne (lire l’article du Figaro Etudiant). La situation est évidemment moins compliquée quand il s’agit seulement de délivrer des diplômes sur place à des étudiants chinois. C’est par exemple le cas de l’ISC qui dispense essentiellement des programmes de DBA (Doctorate of Business Administration) et MBA (master of business administration) en Chine. « Une rentrée doit avoir lieu en avril mais nous n’enverrons pas de professeurs. Nous recevons également chaque année 40 étudiants chinois qui étaient déjà en France avant la crise. Enfin nous avons rapatrié tous nos étudiants qui étaient présents en Chine », commente son directeur, Jean-Christophe Hauguel.
Comment se préparer ? Tous les établissements sont en alerte maximale. Depuis le 26 février, l’université de Caen Normandie a ain si mis en place une cellule d’information et de suivi en lien qui se réunit une à deux fois par jour pour « faire remonter toutes les informations nécessaires aux autorités publiques et sanitaires ». Plus de 350 de ses étudiants se trouvent à l’étranger en mobilité dont 19 dans des pays particulièrement infectés : en Italie, 8 en Corée, 1 à Singapour et 1 à Hong-Kong (les mobilités sortantes vers la Chine sont suspendues depuis début janvier). L’université leur a proposé d’organiser leur rapatriement et d’en prendre une partie en charge.
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