CLASSES PREPAS, ECOLES DE MANAGEMENT

« L’algorithme du Sigem essaye toujours de donner aux candidats le meilleur vœu »

Comme les concours BCE et Ecricome, le Sigem s’est adapté à la crise du Covid-19. Son président, Jean-Christophe Hauguel, directeur général de l’ISC Paris, revient avec nous sur ce qui change cette année et sur ce qui reste à l’identique.

Olivier Rollot : Qu’est-ce qui change dans la procédure Sigem cette année ?

Jean-Christophe Hauguel : Ce qui change ce sont essentiellement les dates qui sont reportées d’un mois par rapport aux années précédentes. Ce sont le 5 ou le 6 août au matin que les candidats sauront s’ils sont classés par les différentes écoles où ils ont été candidats. Ils auront accepté la procédure et auront versé l’acompte de 800€ par carte bancaire qu’ils soient ou non boursiers préalablement entre le 21 et le 28 juillet. Il faut forcément être classé dans au moins une école pour pouvoir faire des vœux. D’une école à X écoles, ils feront leurs vœux les 9 et 10 août et recevront leurs résultats d’affectation le 12 août à 15 h.

L’algorithme essaye toujours de donner aux candidats le meilleur vœu. En 2019, 86% des candidats ont obtenu ainsi l’école qu’ils ont classée en vœu n°1 et 97,5% en tout en vœux 1 et 2. Il n’y a pas de deuxième tour pour ceux qui ne sont reçus dans aucune école qui corresponde à leurs vœux.

O. R : Cette année y aura-t-il comme d’habitude une communication sur les désistements croisés d’une école à l’autre ?

J-C. H : Cette année nous communiquerons uniquement le nombre de classés et d’affectés pour chaque école et le rang du dernier intégré. Nous préférons ne pas calculer les résultats des matchs entre les écoles. Avec la suppression des oraux le choix va en effet se faire cette année sur des critères qui ne sont pas habituels. 100% à l’écrit. Donc incomparables avec les années précédentes. Et puis il y a plus important à penser que ces matchs dans une année comme celle-ci.

O. R : Cette absence d’oraux peut-elle rebattre les cartes pour certaines écoles particulièrement renommées pour la qualité de leurs oraux ?

J-C. H : Rien ne vaut l’accueil sur nos campus. Au-delà des classements les étudiants apprécient de pouvoir ressentir l’ambiance et l’organisation des écoles. En jauger une réalité qui peut parfois être en fort décalage avec l’idée qu’ils s’en faisaient. C’est un élément déterminant dans notre capacité de recruter. Les écoles dont l’accueil était plébiscité par les candidats peuvent donc être défavorisées cette année. Celles qui ont le mieux su organiser leur communication à distance – ce qu’on appelle les « e-admissibles » – peuvent en revanche tirer leur épingle du jeu. Cela fait beaucoup d’incertitudes et un recrutement un peu particulier.

Du côté des candidats ceux qui se considéraient excellents aux écrits et doutaient d’eux aux oraux peuvent être favorisés. A contrario de ceux qui comptaient bien se rattraper pendant les oraux.

Mais il était matériellement impossible d’organiser des oraux dans les temps. Si nous l’avions fait ils auraient fini fin août, voire mi-septembre. Ensuite la rentrée n’aurait pas pu avoir lieu avant la mi-octobre.

O. R : Après la hausse de 2019, cette année les écoles proposent moins de places (185 de moins pour la BCE, 5 pour Ecricome). Comment expliquez-vous ce recul ?

J-C. H : Une bonne partie s’explique mécaniquement par la sortie de l’ESC Pau qui a décidé de renoncer au recrutement sur classes préparatoires en quittant la BCE et SIGEM. Cette année également l’ENS Paris Saclay à titre exceptionnel ne propose pas de places dans SIGEM. Pour le reste quelques autres écoles ont choisi de réajuster leurs nombres de places à leur potentiel réel de recrutement. Il n’en demeure pas moins qu’avec 7 775 places pour environ 10 000 candidats la filière d’excellence qui est la nôtre demeure sélective et attractive.

O. R : Rappelez-nous comment est géré le Sigem ?

J-C. H : Nous fonctionnons principalement par le bénévolat. Le Sigem ne compte aucun salarié permanent et nous ne rétribuons finalement que les personnels qui assurent la hotline aux mois de juillet / août pour répondre aux questions des préparationnaires. Nous versons également à la Direction des admissions et concours (DAC) de la CCI Paris Ile-de-France une contribution pour l’utilisation de ses ressources humaines et informatiques.

Pour régler nos frais, chaque école verse une cotisation symbolique de 50€ par an plus un droit pour chaque élève affecté à la fin de l’année. Nous gérons également pendant un mois les 800€ d’acompte versés par chaque candidat que nous réaffectons ensuite aux écoles en fonction du nombre d’élèves affectés ou que nous remboursons aux candidats non affectés.

O. R : Tout le système repose sur la confiance entre les deux banques d’épreuves, la BCE et Ecricome.

J-C. H : Il existe effectivement une grande confiance entre les banques. Pour ma part, j’ai d’ailleurs souhaité être secondé par un vice-président venu d’Ecricome, François Dubreu de Kedge, ce qui n’avait jamais été fait jusqu’ici. La trésorière, Béatrice Nerson est de Grenoble EM et Béatrice Rabet de Rennes School of Business est la Secrétaire du bureau de l’association.

O. R : Y a-t-il une stratégie particulière pour obtenir l’école qu’on souhaite intégrer ?

J-C. H : Non il faut choisir selon ses préférences personnelles exclusivement et de car l’algorithme affecte tout simplement en fonction du nombre de places. Quel que soit le rang dans une école dans laquelle on est classé, on peut tenter de l’intégrer en la classant dans ses choix. De toute façon les écoles n’ont pas accès aux choix des candidats donc elles ne peuvent pas « sanctionner » un candidat qui ne l’aurait mise qu’en second, troisième ou même n-ième rang de préférence.

O. R : Et les erreurs à ne pas commettre ?

J-C. H : Déjà chaque année certains candidats oublient tout simplement de s’inscrire et ensuite de faire leurs vœux ! Nous incitons leurs professeurs de classes préparatoires à les sensibiliser fortement sur le processus SIGEM.

Il faut rester attentif même si nous relancerons les candidats inscrits qui n’ont pas émis de vœu dans la journée du 10 août. Ensuite il ne faut absolument pas émettre un vœu pour une école dans laquelle on ne veut absolument pas aller. On ne peut en effet plus revenir en arrière une fois qu’on est affecté dans une école qu’on a placée parmi ses vœux. En revanche on peut faire autant de vœux qu’on le souhaite ou n’en faire qu’un si on veut absolument être reçu dans une école et prendre le risque de ne pas avoir d’affectation si ce n’est pas le cas.

O. R : Chaque année un certain nombre de candidats choisissent de n’être affectés dans aucune école. Que deviennent-ils ?

J-C. H : En 2019 nous avons eu effectivement 967 classés qui ont préféré n’intégrer aucune école. D’abord parce qu’ils considèrent que leur classement n’était pas suffisamment bon et qu’ils préfèrent khûber pour obtenir l’année suivante une école plus cotée. D’autres vont dans d’autres établissements, en France ou à l’étranger.

Dans tous les cas c’est dommage car toutes les écoles du Sigem sont de bonne valeur. Mais il est également vrai que les concours des écoles de management ne donnent pas une « prime » au primo-entrant comme c’est le cas dans certaines écoles d’ingénieurs qui favorisent les candidats qui postulent pour la première fois.

O. R : Dans un pays où on est aussi obsédé par le diplôme que la France, c’est quand même logique que les candidats se donnent beaucoup de mal pour obtenir la meilleure école possible ?

J-C. H : Bien sûr mais ce n’est pas ça qui va influencer toute leur vie. Les études d’insertion professionnelle montrent que toutes les écoles de SIGEM assurent une bonne employabilité à leurs diplômés et que les entreprises cherchent avant tout un potentiel, un talent et que le salaire de sortie n’est pas fixé en fonction du classement de telle ou telle école. Et c’est encore plus vrai pour les 20% de diplômés qui partent chaque année démarrer leur carrière à l’étranger.

O. R : Cette année un peu chaotique risque-t-elle de porter préjudice aux classes préparatoires ?

J-C. H : Non le vrai enjeu maintenant pour les classes préparatoires aujourd’hui c’est la réforme du bac général et la création des nouvelles ECG en lieu et place des ECS et ECE actuelles. Cette année les inscriptions sur PSP en classes préparatoires EC sont encourageants mais que fera la génération 2021, la première à passer le nouveau bac ?

Le vrai enjeu pour la filière est de conserver son excellence tout en s’adaptant aux matières enseignées en prépas. Il a été indiqué qu’il faudrait toujours avoir suivi au moins une année de spécialité mathématiques en première et terminale pour intégrer notre filière.

Il faut maintenant également adapter les épreuves des concours avec toutes les parties prenantes. 2023 peut sembler loin mais en fait nous devons pouvoir communiquer dès 2021. Les élèves s’inscrivent dans des classes préparatoires et ils doivent pouvoir savoir à quelles épreuves ils se préparent dès leur entrée. Dès la fin 2020 ou début 2021 nous devrons être prêts. C’est la logique du continuum avec cinq ans d’études qui ne sont en fait qu’un seul cursus.

O. R : Face à une crise qui s’annonce sévère les classes préparatoires sont-elles une bonne réponse aux inquiétudes des familles ?

J-C. H : Dans un contexte un peu morose la priorité sera donnée à l’emploi les Grandes écoles diplôment des étudiants bien formés aptes à se placer sur un marché international. De plus c’est une formation financièrement intéressante : dans les lycées publics les classes préparatoires sont quasiment gratuites et il est généralement possible de suivre deux dernières années de cours en alternance. Il n’y a donc qu’une seule année à financer dans beaucoup de cas.

Les dates à retenir :

  • 21 au juillet : les candidats doivent accepter la procédure et verser l’acompte.
  • 5 ou 6 août : les candidats sauront s’ils sont classés par les différentes écoles où ils ont été candidats.
  • 9 et 10 août : les candidats font leurs vœux d’écoles
  • 12 août à 15 h : résultats d’affectation

Combien de vœux ? Sur le dernier concours en 2019, les candidats étaient classés en moyenne dans 4,02 écoles et font des vœux dans 3,61. Au début des inscriptions dans les concours ils postulent à 11,51 écoles en moyenne. Le processus est donc très sélectif.

 

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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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