17,7% de la promotion 2020 des diplômés des Grandes écoles est encore en recherche d’emploi six mois après sa diplomation quand ils n’étaient que 10,2% dans le même cas en 2019. Mais le niveau de salaire ne baisse lui que de 0,7%. La Conférence des grandes écoles présentait ce mardi l’impact qu’a eu la crise sur l’employabilité de ses quelques 65 700 diplômés de 2020. « Ces indicateurs sont en baisse mais moins que lors de crises précédentes et notamment de 2010. De plus la part des CDI baisse seulement de 5 points et les salaires assez peu. L’apprentissage résiste particulièrement bien », résume Nicolas Glady, président de la commission amont de la Conférence des grandes écoles, en charge de l’emploi, et directeur général de Télécom Paris.
Si la crise est là elle est moins brutale qu’en 2008 par exemple. La part des diplômés de la promotion sortante en recherche d’emploi varie en effet fortement d’une année à l’autre, entre 9 et 20 % sur la période 2005-2021. « Nous sommes toujours sur un niveau d’insertion professionnelle qui reste très élevé avec un impact moins important que ce qu’on pouvait craindre, notamment grâce à tout le travail qu’ont fait les écoles comme les entreprises pour limiter les effets de la crise », signifie la présidente de la CGE, Anne Lucie-Wack. « Les entreprises nous demandent aujourd’hui si nos diplômés sont préparés à travailler et manager à distance. Cette crise nous a appris collectivement », remarque Alice Guilhon, présidente de la Conférence des directeurs des écoles françaises de management (Cdefm).
Toutes promotions confondues, les diplômés ont été six sur dix à considérer que la situation sanitaire avait eu un impact pour eux. La proportion est plus grande pour la promotion 2020 : 66,4%. Plus de 19% des étudiants disent ainsi avoir révisé leurs prétentions salariales. Parmi les autres difficultés rencontrées cette année, 16,6% des étudiants disent avoir eu du mal à trouver un stage mais jusqu’à 20,5% pour les ingénieurs (8,3% dans les écoles de management). Les ingénieurs sont moins nombreux à citer les difficultés liées à la recherche d’emploi : 52,4% disent avoir trouvé moins d’offres d’emploi que prévu et 45% moins de propositions de recrutement.
Pour la promotion entrant dans la vie active, les taux nets d’emploi des hommes (79,9 %) et des femmes (77,8 %) présentent un écart de 2,1 points seulement contre 4 points l’an dernier. Pour autant, toujours pour la dernière promotion, la part des femmes en activité professionnelle continue d’être moins élevée que celle des hommes : 62,9 % pour les femmes et 65,6 % pour les hommes. Contrairement aux années précédentes, la part des femmes en recherche d’emploi reste significativement supérieure seulement chez les managers : à 21,3 %, c’est 4,8 points de plus que les managers hommes. A contrario le taux des femmes est très proche de celui des hommes chez les ingénieurs alors que l’écart observé était de 2,5 points l’année précédente.
3,5% des diplômés de 2020 sont créateurs ou repreneurs d’entreprise (+ 0,8 point comparé aux 2,7 % de l’enquête précédente). Pour près de la moitié (49,3 %), la création est en cours. Les hommes restent plus motivés par la création d’entreprise qui concerne seulement 2,5 % des femmes diplômées. De même la part de créateurs d’entreprise est plus forte chez les managers, en particulier pour les hommes puisque 7,4% d’entre eux sont concernés.
La part d’emplois à durée indéterminée recule de 4 à 5 points pour tous les types d’écoles. Elle se maintient au-dessus de 81% pour les managers. Elle est un peu inférieure pour les ingénieurs (78,2%). Elle est beaucoup plus basse pour les diplômés des écoles d’autres spécialités (57,2 %) comme déjà observé l’an dernier.
Le délai de recrutement reste inférieur à deux mois pour plus des trois quarts des diplômés (77,7%). La part d’emplois de cadres se maintient au-dessus de 82% et est traditionnellement plus élevée chez les ingénieurs avec 87,2%.
En France, le salaire brut annuel moyen hors primes s’établit à 35 461 €, soit une baisse modérée de 0,7% sur un an. Les ingénieurs recrutés le sont au même niveau de salaire que l’an dernier. En revanche, pour les managers, le recul est de 1,5% (un peu plus de 500 €) et de 3,2 % pour les diplômés des écoles d’autres spécialités, ce qui équivaut à environ 1 100 € de moins.
En 2021, un nouveau diplômé sur deux est embauché avec un salaire brut annuel hors primes supérieur à 35 000 € (salaire médian) comme il y a deux ans (enquête 2019). Pour les ingénieurs et les managers, ce salaire médian est identique à celui de l’an dernier : 35 000 € chez les ingénieurs et 36 000 € chez les managers. En revanche pour les diplômés des écoles d’autres spécialités, il diminue de 1 000 € pour se situer à 35 000 €.
Les managers perçoivent, en salaire brut annuel moyen hors primes, 1 000 € de plus que les ingénieurs. Avec les primes, l’écart est supérieur à 3 000 € en faveur des managers : 3 160 € de plus que les ingénieurs.
L’année 2021 marque la fin d’une période de progression du salaire d’embauche. Après le creux des années 2013 à 2015, on retrouve en 2016 le niveau de salaire d’embauche observé en 2012. Il n’a alors cessé de croître jusqu’en 2020 mais sans qu’on retrouve jamais le niveau de 2005 en euros constants.
La part des emplois en Île-de-France recule légèrement pour tous les types d’écoles : 60 % des emplois d’ingénieurs en France se situent en province, alors qu’environ trois quarts des managers et des diplômés des écoles d’autres spécialités travaillent en Île-de-France.
Quant à la part des emplois à l’étranger elle recule de 1,3 point. Elle reste plus forte chez les managers et les diplômés des écoles d’autres spécialités (respectivement 16,7 % et 17,3 %), plus enclins à occuper un emploi à l’étranger que les ingénieurs (9,5 %). La Suisse devient la première destination des nouveaux diplômés, devant le Royaume-Uni qui cède le premier rang. L’Allemagne, le Luxembourg et la Chine viennent compléter le classement des cinq principales destinations.
24,5 % pour les sociétés de conseil, d’ingénierie et bureaux d’études, suivies avec 18,1 % par les activités informatiques (TIC services) où sont classées les ESN (Entreprises de Services du Numérique), ces deux premiers secteurs offrent 42,6% des emplois aux nouveaux ingénieurs. Dans l’enquête précédente, ils offraient jusqu’à 46,7% des emplois. La construction-BTP se maintient au 3ème rang avec 7,1% des emplois. L’industrie des transports, rattrapée par l’énergie, offre 4,8% des emplois (7 % l’an dernier). Dans son ensemble, l’industrie représente 22,6 % des emplois d’ingénieurs, ce qui reste comparable aux 22,8 % de l’an dernier.
Les sociétés de conseil sont le principal secteur de recrutement des managers, devant la banque-assurance. Plus de 36% des diplômés sont recrutés dans ces deux secteurs (38,2 % l’an dernier, +1,7 point pour la banque et – 3,4 points pour le conseil). Les activités informatiques (où sont classées les ESN) ont recruté 11,4 % des nouveaux managers (+ 0,5 point comparé à l’enquête précédente). Le commerce occupe à nouveau le 4ème rang avec 9,8 % des emplois (+ 0,8 point).
Si la situation semble maîtrisée il faut rester prudent : des stratégies d’évitement ont été développées par les jeunes diplômés pour éviter une entrée trop précoce sur le marché du travail. Pas foncièrement en poursuite d’études – 9,9% des diplômés ont fait ce choix contre 8,2 % en 2020 – ni en thèses, ce sont plutôt des reports d’entrée sur le marché du travail qui sont constatés. « Nous avons proposé à nos étudiants de repousser de six mois la diplomation et 40% de nos étudiants ont préféré poursuivre en stage. Y aura-t-il un goulet d’étranglement à la rentrée avec l’arrivée d’une nouvelle promotion ? », s’interroge Alice Guilhon, qui voit toujours énormément de candidats s’inscrire en mastères spécialisés.