UNIVERSITES

Sciences Po : le programme de Mathias Vicherat

Le programme de Mathias Vicherat pour la direction de Sciences Po reposait d’abord sur la communication puisque selon lui le procès intenté à l’occasion de l’Affaire Duhamel « sur le fonctionnement de l’Ecole, sa composition sociale, ses débouchés apparaissait en complet décalage avec la réalité ». Et d’insister : « Ce hiatus entre les faits et la perception souligne combien l’Ecole doit communiquer sur ce qu’elle est et, plus encore, sur ce qu’elle est devenue sous l’impulsion en particulier de Richard Descoings, de Frédéric Mion, de la FNSP et de l’ensemble des équipes ». De quoi redonner du baume au cœur à des équipes meurtries qui voient arriver un directeur aussi médiatique que Frédéric Mion était taiseux.

Dans la lignée des précédentes directions Mathias Vicherat considérait également que « la poursuite de l’élargissement géographique des Conventions d’Education Prioritaire (CEP) est essentielle ». Comme les autres candidats il proposait d’augmenter le nombre de membres de la faculté permanente, un point structurellement délicat pour Sciences Po au regard des critères internationaux d’excellence. Par ailleurs, il envisageait une réflexion autour de la fusion des campus de Nancy et de Dijon (qui « n’a pas atteint une taille critique ») qui « pourrait utilement être menée pour créer un campus européen ».

Son inexpérience académique, mais aussi sa méconnaissance de Sciences Po, qu’il avait peu fréquentée depuis son diplôme, étaient les principaux points faibles de sa candidature. S’il n’était pas non plus enseignant, Richard Descoings fut directeur adjoint de Sciences Po avant d’en prendre la tête. Quant à Frédéric Mion, il avait piloté la section service public de Sciences Po avant de partir à Canal+. Pour y remédier Mathias Vicherat a donc proposé la création d’un poste de « provost, » issu de la faculté permanente, auprès de la directrice/du directeur – comme il en existe dans plusieurs universités anglo-saxonnes. Un handicap qu’il a pu transformer en atout : la création de ce que beaucoup voient comme une sorte de « directeur bis » a pu lui ramener des suffrages. De même que l’inscription du sénat académique dans les statuts de l’IEP.

Au niveau pédagogique Mathias Vicherat proposait la création d’une plateforme dédiée « permettant aussi bien à un étudiant de suivre à distance certains cours, à un ancien élève de continuer à se former avec un programme individualisé (garantissant, accessoirement, la permanence d’un lien avec l’Ecole) qu’à un
professionnel – non diplômé de l’école – de suivre des modules payants de formation en ligne ».

Où trouver les moyens nécessaires ? Les trois derniers candidats à la direction de Sciences Po avaient bien en tête qu’en plus des questions académiques ou sociétales, la situation financière de l’IEP est périlleuse. Le futur campus « 1 Saint-Thomas » se révèle en effet un gouffre financier et il est impératif de dégager de nouvelles ressources. Dans son projet pour Sciences Po, Mathias Vicherat estimait que « si la dotation de l’Etat – dont la part dans le budget de l’Ecole est passée des 2/3 en 2000 à 30% aujourd’hui – n’a pas vocation  à augmenter dans les années à venir », il n’en faudra pas moins « veiller à ce que « l’engagement public soit en adéquation avec l’accroissement du budget  lié à la recherche et au renforcement de la Faculté Permanente ».

De même les options consistant en une nouvelle hausse des frais d’inscription et/ou à une augmentation sensible du nombre d’étudiants « ne paraissent pas réalistes à ce stade ». En revanche il considérait possible la « plus grande mobilisation des dons des anciens élèves comme cela se pratique dans plusieurs écoles françaises (X, HEC) ou universités étrangères ». De même, si la recherche doit « reposer, d’abord, sur des financements pérennes (…) il existe un gisement très important au niveau national et plus encore à l’échelle européenne ». La formation continue gagnerait également à « s’étoffer » si l’on compare son chiffre d’affaires à celui d’autres écoles (7 millions d’euros contre plus de 40 pour HEC).

Crédit photo : B.Jacquot – SNCF
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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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