Implantée à La Rochelle et à Casablanca, l’Eigsi est la première école d’ingénieurs française à avoir obtenu son accréditation par ma Commission des titres d’ingénieur (Cti) sur ses deux campus. Cette capacité à innover est son point fort selon le comité mixte Cti-Hcéres qui a réalisé le rapport : « L’EIGSI, aidée par sa petite taille et par son statut de droit privé, a développé depuis sa création une grande agilité pour se saisir des chances de développement que représentent certains projets, réseaux et actions (Alstom, FRDISI, SUAPSE de l’Université La Rochelle, ISAE, FerroCampus, etc.). »
L’école n’en a pas moins cultivé longtemps son splendide isolement. Jusqu’à il y a peu, l’EIGSI n’avait en effet jamais contractualisé ou conventionné avec une entité de l’ESR. Ce n’est que très récemment, dans le cadre du partenariat avec le Groupe ISAE et à l’occasion de la création, en octobre 2020, de l’Alliance ISAE Nouvelle-Aquitaine que l’EIGSI s’est ancrée dans un réseau structuré. Peu enthousiaste, le comité considère que les « relations construites avec ses partenaires académiques et industriels relèvent plutôt d’une logique d’opportunisme et non d’objectifs stratégiques ». Ces rapprochements semblent d’autant plus nécessaires que l’université de La Rochelle envisage de créer une école d’ingénieurs interne pour « remédier à la fuite de ses étudiants à partir de la licence 3 ». Il est donc à « craindre pour l’EIGSI un fort risque de concurrence sur ce site ».
Heureusement ses finances sont au beau fixe : avec des capitaux propres d’un montant de 8,7 M€ au 31 août 2019 (7,7 M€ de fonds de réserve et 1 M€ de résultat net) et des remboursements par l’EIGSI Casablanca de l’emprunt lié à l’investissement pour construire le bâtiment marocain, l’établissement peut « envisager sereinement des investissements immobiliers » en apportant un cofinancement aux opérations menées par le Conseil départemental en tant que maître d’ouvrage et propriétaire du bâtiment (par exemple, cofinancement de 2 M€ au titre de l’opération KHEOPS pour l’extension des bâtiments de 4 500 m² en 2024).
Côté gouvernance le comité note la décision unanime du conseil d’administration, lors de la séance du 2 octobre 2020, de ne pas modifier sa composition pour inclure des membres du personnel et des représentants des apprenants, malgré la recommandation de la Cti et de la Direction générale de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle (DGESIP). Le comité « s’étonne par ailleurs de l’absence de représentant de l’ESR local, régional ou national, ainsi que de représentants des institutions marocaines, parties prenantes des activités de l’établissement, et constate à regret que quatorze des seize membres avec voix délibérative sont des hommes, en contradiction avec les principes de parité promus par l’école ».
Les points forts :
─ Qualité de la formation, accompagnement et réussite dans le projet professionnel des élèves ;
─ Diplôme unique délivré en France et au Maroc ;
─ Part croissante de diplômes obtenus par la voie de l’apprentissage permettant la diversification des apprenants et des ressources financières ;
─ Gouvernance intégrée des deux campus internationaux ;
─ Relations privilégiées et durables avec les collectivités territoriales et les partenaires socio-économiques locaux ;
─ Vie associative soutenue portée par un engagement reconnu au sein de la formation.
Les points faibles :
─ Les activités de recherche sont faibles, peu liées aux laboratoires des autres structures d’enseignement supérieur à La Rochelle et à Casablanca, avec une production scientifique modeste ;
─ Pas de conseil scientifique pour définir une stratégie de recherche ;
─ Les valorisations des recherches sont inexistantes ;
─ Les actions de diffusion des connaissances sont extrêmement réduites ;
─ Les mobilités étudiantes entrantes sont trop faible par rapport aux mobilités sortantes ;
─ L’intégration et le positionnement dans l’ESR local, national et international sont faibles ;
─ Absence de direction des relations internationales ;
─ Les flux décisionnels entre instances et le partage thématique des actions transverses entre directions sont peu lisibles et peu connus des personnels.
Les recommandations :
─ Améliorer la représentativité de toutes les parties prenantes dans les instances de gouvernance, notamment au CA, pour enrichir les débats, favoriser la mise en œuvre de la stratégie et renforcer le sentiment d’appartenance ;
─ Instaurer une politique proactive d’incitation à la recherche et à la valorisation ;
─ Investir dans des équipements scientifiques originaux qui pourraient aussi être au service de la formation et de la valorisation grâce à la création d’une plateforme scientifique et technologique ;
─ Diversifier les soutiens institutionnels pour diminuer la dépendance financière par rapport au Département de Charente-Maritime ;
─ Équilibrer les échanges internationaux d’étudiants par un ciblage de partenaires privilégiés ;
─ Actualiser la démarche qualité pour conserver les savoir-faire et améliorer la circulation de l’information ;
─ Institutionnaliser les liens avec les laboratoires universitaires afin d’atteindre collectivement une masse critique et visible.
- En chiffres : L’école compte, en 2020, 1 455 apprenants en formation ingénieur : 1 262 avec un statut d’étudiant dont 988 à La Rochelle et 274 à Casablanca, et 193 apprentis à La Rochelle. Le personnel se compose de 87 collaborateurs permanents (66 sur La Rochelle, 21 sur Casablanca) et d’environ 300 intervenants vacataires (plus de 230 sur La Rochelle, environ 50 sur Casablanca).
- Les recettes de l’EIGSI sont de 11 M€ en 2019, dont 8 M€ de frais de scolarité, 1 M€ de subvention du département de Charente-Maritime et 0,8 M€ de l’État, pour un résultat net toujours positif et dépassant les 2 M€ en 2019. Les charges s’élèvent à 9 M€, dont 5 M€ de masse salariale permanente et 1,1 M€ de masse salariale pour les vacataires. Pour l’EIGSICA, le résultat net n’est positif que depuis 3 années. Les recettes s’élèvent à 1,4 M€ pour 1,2 M€ de dépenses.
- À La Rochelle, l’EIGSI occupe, à titre gracieux, 12 000 m² de locaux – dont 7 000 m² pour les enseignements – appartenant au Conseil départemental.