Des étudiants sur le campus rouennais de Neoma (Photo : David Morgenti)
Alors que la premières phase de Parcoursup vient de s’achever différentes études permettent de faire le point sur la façon dont les élèves et étudiants s’orientent en 2024. A commencer par la 10ème enquête triennale Conditions de vie des étudiants de l’Observatoire de la vie étudiante (OVE). Autres ressource édifiante le Rapport 2023 du Comité éthique et scientifique de Parcoursup. Enfin le baromètre « Les jeunes et l’intégration des enjeux environnementaux par les écoles », réalisé par OpinionWay pour l’École des Mines de Saint-Etienne, donne plus largement des informations sur les modalités de choix des élèves de terminale.
Les raisons du choix de la formation
Selon l’étude de l’Observatoire de la vie étudiante, la principale raison du choix de formation initiale est l’intérêt pour la discipline (37 %), particulièrement dans les écoles de la culture (59 %) et en lettres-SHS (45 %). Les étudiants en STS et dans les écoles de commerce sont moins nombreux à avancer cette raison (respectivement 23 % et 29 %). Les inscrits en STS se distinguent également par l’intérêt accordé à la proximité de l’établissement ou encore aux recommandations des proches tandis que les étudiants en école de commerce s’orientent davantage selon un projet professionnel précis ou le prestige de l’établissement.
Mais 28 % des nouveaux entrants dans l’enseignement supérieur déclarent ne pas avoir pu s’inscrire dans la formation qui avait leur préférence. Les orientations contrariées sont moins fréquentes en santé (13 %) et dans les écoles de commerce (15 %) et de la culture (19 %) alors qu’elles concernent plus d’un tiers des inscrits en STS ou en droit, économie. Les étudiants qui n’ont pas obtenu leur vœu favori sont également nombreux en lettres-SHS (32 %).
Le baromètre des Mines Saint-Etienne établit également la prééminence de l’intérêt de la formation, suivi par la localisation géographique de l’établissement.
CSP et orientation
Selon l’enquête menée par l’association Article 1 en 2024 alors que 72% des jeunes urbains de familles CSP+ se sentent en capacité d’obtenir un diplôme de licence, ils ne sont que 51% chez les jeunes urbains issus de familles CSP- et encore moins, 40%, chez les jeunes ruraux issus de CSP -. Selon l’étude le principal frein à l’égalité des chances en orientation est l’environnement social et territorial : « L’environnement proche des jeunes concentre en effet la majorité des sources d’informations pour construire leur futur. C’est cet environnement scolaire et familial qui joue un rôle prépondérant dans leurs aspirations académiques puis professionnelles ».
Ce manque d’information conduit les plus défavorisés à s’autocensurer démontrent les experts de l’Institut des politiques publiques (IPP) dans leur note Confiance en soi et choix d’orientation sur Parcoursup : Enseignements d’une intervention randomisée. Selon eux une bonne information comblerait « 95 % de l’écart initial dans la probabilité d’admission en CPGE entre élèves d’origine sociale favorisée et défavorisée, et 72 % de l’écart entre filles et garçons ».
Où s’informent-ils ?
Selon l’enquête menée par l’association Article 1,en dehors des parents, les lycéens s’informent d’abord en échangeant avec leurs professeurs (30% en premier et 67% au global) devant les sites spécialisés, les autres membres de la famille et les réseaux sociaux avec TikTok en tête (73%), suivi d’Instagram (62%), YouTube (43%) et Snapchat (5%).
La force (ou pas) des labels
La création d’un nouveau label pour les formations de l’enseignement supérieur privé occupe aujourd’hui toutes les conversations. Si les différents acteurs, du public et du privé ou non lucratif, se réunissent régulièrement pour aboutir à la création de ce nouveau label avant l’été leurs positions restent relativement opposées. « Il y a un vrai problème de visibilité et les familles peuvent facilement être trompées sur l’offre de formation. Il faut une régulation qui se fasse pour chaque formation. Il faut qu’on puisse faire la différence entre les diplômes et les titres », demande par exemple Dominique Baillargeat, vice-présidente de la Cdefi (Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs).
De son côté Martin Hirsch, vice-président de Galileo, proposait en mai 2023 dans Les Echos de « Mieux réguler l’enseignement supérieur professionnalisant ». « Nous n’en avons pas le monopole bien sûr mais il n’en est pas moins vrai que l’enseignement supérieur public est bien moins professionnalisant que dans d’autres pays et c’est pour cela que l’enseignement supérieur privé s’est emparé du sujet. Il faut pouvoir commencer par des études académiques et continuer sur un cursus professionnalisant et vice-versa », professait-il en novembre 2023 lors d’un colloque sur « l’Enseignement supérieur privé : concurrence ou complémentarité avec l’enseignement supérieur public ? » qui se tenait au Collège de France à l’initiative de l’association des directeurs généraux des services (ADGS).
S’il voit le jour le nouveau label doit en tout cas être clairement identifié. « Faut-il mettre en place un énième label alors que les labels existants ne sont pas compris par tous ? » s’interrogeait ainsi Lynne Franjié, directrice du département d’évaluation des formations du Hcéres, en novembre 2023 lors de ce même colloque. Dans son dernier rapport le Comité éthique et scientifique de Parcoursup établit ainsi que « tous les interlocuteurs rencontrés par le comité s’accordent à dire que ces labels sont trop nombreux pour constituer une information lisible pour les candidats ». En fait selon eux « l’inscription sur Parcoursup est lors le seul label que les candidats comprennent »…