ORIENTATION / CONCOURS

Comment réalise-t-on les classements des lycées ?

Comme chaque année la publication des résultats des lycées et des collèges est au cœur des sujets de discussion. Depuis 1993, la DEPP (Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance) du ministère de l’Education nationale publie les indicateurs de valeur ajoutée des lycées (les « IVAL ») et, depuis 2023, des collèges (les « IVAC »). « Ce n’est surtout pas un classement mais le croisement des valeurs ajoutées des lycées pour assurer la réussite de tous les élèves », insiste Magda Tomasini, la directrice générale de la DEPP, qui répertorie les lycées selon quatre grands profils : « performant », « accompagnateur », « en deçà des attentes » et « sélectif en cours de scolarité » pour constituer ses IVAL.

Raisonner en valeur ajoutée

Destinés aussi bien aux acteurs et décideurs (chefs d’établissement, recteurs, inspecteurs) qu’aux parents et élèves, les IVAL cherchent à rendre compte de l’impact réel des actions des établissements pour « prendre en compte les disparités importantes de recrutement entre les établissements en termes de profils scolaires et socio-économiques », insiste la directrice.

C’est donc avec cette ambition que la DEPP a créé son IVAL. Celui-ci repose sur deux principes fondamentaux : s’appuyer sur une « batterie d’indicateurs » et raisonner en valeur ajoutée. Mais à quoi correspond donc cette « valeur ajoutée », présentée comme LA bonne approche ? Il s’agit d’abord de calculer un taux attendu par lycée, correspondant à la moyenne des établissements qui lui ressemblent. Ce taux attendu est ensuite soustrait au taux observé ; et c’est cette-dernière opération qui délivre la fameuse valeur ajoutée.

Reste une précision à apporter : comment est appréciée l’équivalence entre les lycées, notion centrale du calcul puisqu’elle détermine le taux attendu ? Elle s’appuie ici encore sur une multiplicité d’indicateurs prenant en compte :

  • les caractéristiques individuelles des lycéens ;
  • la composition sociologique de l’établissement ;
  • son offre de formation.

Ces propriétés ont elles-mêmes un large contenu. Les attributs individuels des élèves concernent leur sexe, leur profil social et scolaire. La composition sociologique du lycée dépend de propriétés proches puisqu’elle tient compte du pourcentage de filles, de l’IPS moyen, de la note moyenne à l’écrit du diplôme national de brevet (DNB) et du pourcentage d’élèves en retard (ces deux éléments étant aussi ceux utilisés pour calculer le profil scolaire des élèves). Le taux de réussite, le taux de mention et le taux d’accès sont ainsi tous les trois appréhendés via leur valeur ajoutée.

Quand les médias s’en emparent

Il pourrait exister autant de classements que d’indicateurs et autant de meilleurs lycées que de classements (et surtout de méthodologies !).

Le site l’Internaute s’appuie ainsi sur trois critères pour construire sa note : les taux bruts de la réussite au bac (qui compte pour 50% de la note), de l’accès au bac pour les secondes (25% de la note totale) et enfin des mentions (25% de la note totale également). On constate ici que les indicateurs de valeurs ajoutées conçues par la DEPP ne sont ni pris en compte dans le calcul, ni valorisés dans l’article. Ce calcul envoie trois lycée d’Ile-de-France sur le podium : Stanislas suivi de Henri IV et Saint-Dominique (Neuilly. Une méthodologie proche de celle du Figaro Etudiant qui établit un podium un peu différent cette année : Louis Le Grand suivi par Saint-Dominique (Neuilly) et Henri IV.

En revanche Le Parisien et l’Etudiant ne placent aucun des trois lycées précités en pole position. Leurs calculs diffèrent en effet radicalement en incluant les valeurs ajoutées. Le Parisien a par exemple utilisé pour créer son classement des lycées le nombre de spécialités disponibles dans le lycée, la diversité du profil social des élèves, la valeur ajoutée ou encore le taux d’écrémage de la seconde à la terminale. Résultat : le lycée Thiers (Marseille) s’impose devant Charlemagne (Paris) et Charles de Foucault (Paris)

Autre procédé chez l’Etudiant qui propose de sélectionner avant tout un établissement adapté aux besoins de chaque élève avec la possibilité de faire sa sélection selon son profil (vous êtes bon élève, vous avez besoin d’être encadré, vous devez progresser pour augmenter vos chances d’avoir le bac, etc.), mais aussi selon différents critères pratiques (académie, public ou privé, internat, séries…). Une note sur 20 a été attribuée à chaque critère. La « note 2024″ de chaque lycée correspond à la moyenne entre ces cinq critères. Les établissements se classent ainsi en quatre catégories : A : très bon lycée, B : bon lycée, C : lycée moyen, D : lycée très moyen.

Plusieurs autres médias se sont attachés à un « simple » recueil des indicateurs de la DEPP, laissant aux parents et aux élèves la possibilité de s’intéresser aux indicateurs de leur choix. France info a opté pour cette option, en ajoutant simplement la typologie de la DEPP.  C’est aussi l’alternative retenue par Le Monde qui ne classe pas mais délivre seulement les données de la DEPP. C’est alors aux utilisateurs que revient le choix de comparer les lycées selon leurs propres critères et besoins.

 

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