Le principal souci des Crous aujourd’hui : des files d’attente qui s’allongent à mesure que les repas à 1€ sont proposés
Présidente du Crous depuis février 2024, Bénédicte Durand présentait cette semaine son « Projet 2024-2028 » dans le cadre d’un COMP (contrat d’objectifs, de moyens et de performance) mobilisant ses 15 000 agents : « Notre premier objectif est de ressourcer nos équipes, qui ont de petite rémunérations et un travail au service du public, avec un rattrapage salarial et une mise en avant de leurs métiers. C’est d’autant plus important car l’activité du réseau monte avec 15% de repas en plus servis cette année dont la moitié sont des repas à 1€ ». Alors que leurs ressources sont à 50% internes et à 50% pour charges de service public, les Crous cherchent également à avoir des « relations plus équilibrées avec les bailleurs » qui possèdent la moitié des résidences gérées par les Crous. La réforme des bourses reste quant à elle un « chantier ouvert ».
Construire et rénover. Dans le cadre de la loi Lévy de 2023 visant à favoriser l’accès de tous les étudiants à une offre de restauration à tarif modéré, les Crous veulent élargir le cercle de leurs bénéficiaires. Pour cela ils entendent construire de nouvelles résidences et rénover les existantes alors que seulement la moitié des 60 000 logements étudiants promis pour le dernier quinquennat ont été construits. « L’État nous a accordé 120 millions d’euros pour réhabiliter et construire des logements. Nous sommes capables aujourd’hui d’ouvrir chaque année 2 000 à 3 000 places et nous souhaiterions passer à 3 000 ou 4 000 dans le cadre du plan 35 000 logements étudiants que le gouvernement entend créer d’ici 2027 », explique Clément Cadoret, directeur général délégué du Cnous.
La vie étudiante est plus que jamais une autre priorité – les Crous touchent pour cela 15% de la CVEC (contribution à la vie étudiante et de campus) soit 20 à 25 millions d’euros par an – en promouvant ainsi la mixité sociale. « Nous voulons entrer de plain-pied dans une culture de la diversité des chances et de la réussite de tous », établit la présidente.
Le repas à 1€ pour tous ? Les restaurants Crous sont de plus en plus populaires auprès des étudiants – 15% de plus par an ! – avec leur offre à un euro – au lieu de 3,30€ – pour les étudiants boursiers ou en position de précarité (le coût réel est de 8 à 9€ selon les régions). « Une augmentation des repas servis dans le cadre d’une offre encore plus avantageuse – un euro pour tous – serait très difficile à gérer pour nous alors que nous gérons des files d’attente déjà très longues avec des rotations parfois jusqu’à quatre personnes par place. Il faut également que nous travaillions sur une cartographie des zones blanches pour être plus proches des étudiants », rappelle Bénédicte Durand. Alors que la commission des finances de l’Assemblée a voté la généralisation du dispositif – pour un coût évalué à 55 millions d’euros par an – la question que pose la présidente est surtout de savoir si elle est applicable en fonction des ressources actuelles des Crous, tant les personnels sont déjà débordés et les restaurants bondés.
« Nous assurons une mission de service public entièrement compensée par l’État tout en faisant face une hausse des dépenses par exemple avec la loi EGalim qui demande que nous achetions de meilleurs produits. Mais là aussi nous sommes soutenus par l’État », insiste Clément Cadoret, qui entend développer encore plus une centrale d’achat propre qui réalise aujourd’hui pour 100 millions d’euros de denrées alimentaires chaque année.
Une politique territoriale. « Nous devons mieux assurer la solidarité entre les 26 Crous. Certains se portent mieux que d’autres en possédant des bâtiments quand d’autres, créés plus récemment, sont en difficulté », souligne Clément Cadoret,
Le réseau des Crous doit également « entrer en symbiose » avec tous les acteurs locaux, universités, villes, régions demande la présidente qui demande à ce qu’il soit « présent dans toutes les dynamiques de gouvernance en signant des conventions avec les acteurs locaux. Une attention particulière doit être portée aux services étudiants dans les villes d’équilibre, à la situation des Crous des départements et territoires d’Outre-mer, ainsi qu’aux Crous dont les enjeux sociaux et démographiques sont les plus aigus, en particulier en Île-de-France ».