La start up R-pur lance les premiers masques-filtres à particule protégeant motards et cyclistes des nanoparticules (moins de 0,001 micromètres), Lifeaz conçoit le premier défibrillateur connecté pour le domicile, K-Ryole une remorque électrique permettant de transporter des charges de 250 kilos sans effort, comme elles 25 entreprises sont incubées en permanence au sein de l’Incubateur Arts et Métiers de Paris. « Il n’est pas du tout indispensable de sortir des Arts et Métiers pour y entrer mais nous n’en favorisons pas moins les projets dans lesquels l’apport technologique est important », explique son directeur, Arnaud Michard. Depuis 2010 ce sont ainsi plus de 100 entreprises ont ainsi vu le jour au sein de l’incubateur comme l’exosquelette développé par Wandercraft ou encore CIME Industries avec son bois renforcé par des thermoplastiques.
18 mois pour réaliser son projet
Sélectionnés par un jury les équipes des futures entreprises bénéficient de locaux, du soutien de l’incubateur mais aussi d’un accès aux laboratoires de l’école pendant 18 mois. Le tout pour un coût de 300€ mensuel avec des équipes qui ne peuvent dépasser les 10 personnes. Dans la cour de l’école les dix membres de l’équipe K-Ryole – essentiellement des ingénieures – sont justement en train de tester l’algorithme qui contrôle le moteur de leur engin. Pour cela ils ont mis dans la remorque un des entrepreneurs (80 kilos tout juste), qui transporte l’ordinateur, et quelques poids pour la lester. « Nous avons déjà obtenu plusieurs prix et nous pensons pouvoir commercialiser un prototype achevé en 2018, que ce soit pour des entreprises de grande distribution ou de loisirs », promet Ugo, tout juste diplômés de l’université de technologie de Troyes.
L’équipe de R-pur est plus avancée puisqu’on peut déjà acheter ses masques en ligne. « Nous sommes ingénieurs et data analysts de formation et nous avons appris à coudre pour réaliser nos prototypes qui sont maintenant devenus des produits fabriqués en France », confient Flavien et Mathieu, visiblement soulagés d’en arriver au stade industriel d’un produit innovant à plus d’un titre. Au-delà d’un filtrage record, ils ont en effet conçu un algorithme qui calcule l’obsolescence des filtres de leur masque en fonction de l’utilisation qu’en font les utilisateurs pour les prévenir quand ils sont usés.
Un processus itératif
Les projets peuvent commencer leur parcours au sein du « pré-incubateur » des Arts et Métiers qui reçoit des projets menés par des jeunes encore étudiants. « Nous donnons aux jeunes l’occasion de se tester et de décider s’ils souhaitent ou pas poursuivre dans la voie de la création d’entreprise », confie la responsable adjointe de l’incubateur, Milena Stojkovic, qui organise également, pour eux comme pour toutes les entrepreneurs présents, des événements qui permettent de rencontrer experts et investisseurs. « Ce que nous leur offrons surtout c’est un environnement stimulant où ils peuvent chaque jour rencontrer d’autres entrepreneurs », reprend Arnaud Michard.
Des entrepreneurs qui ne sont pas forcément des étudiants ou des jeunes diplômés. Co-fondateur de Yealth, une start up qui s’intéresse à la santé des seniors, Thibaud Campredon approche ainsi les 40 ans et une vie professionnelle déjà bien remplie : « Après huit ans dans les cosmétiques et un MBA à HEC j’étais devenu directeur industriel d’une jeune start up et aujourd’hui je crée la mienne tout en aidant des entrepreneurs plus jeunes qui se posent forcément des questions qui ont été déjà été défrichées par d’autres ».
Au début était l’idée
Tous sont partis d’une page blanche, d’une idée qui leur est venue dans la rue ou… dans leur salle de bains. C’est le cas de Sarah et de son projet de réfrigérateur pour cosmétiques : « Pour les conserver les cosmétiques ont besoin d’être réfrigérés et certains producteurs de réfrigérateurs le prévoient aujourd’hui dans leurs produits mais nous voulons aller plus loin avec un petit modèle qui pourra aller directement dans la salle de bains ». Elle-même diplômés d’une école de commerce, l’EDC, elle est aidée en cela par un ingénieur et une designeuse qui l’aide à améliorer l’ergonomie du prototype qu’elle a réalisé sur une imprimante 3D au sein même de l’incubateur.
Quant à Johann Kalchmann, c’est une « expérience personnelle douloureuse » qui lui a fait prendre conscience de l’utilité qu’il y aurait à équiper tous les foyers de défibrillateur. Avec son entreprise, Lifeaz, il travaille encore à un prototype relié en temps réel à une plateforme qui s’assurerait de son bon fonctionnement. « Les défibrillateurs coûtent notamment cher aujourd’hui en raison de leur contrôle constant. Ce que nous proposerons à nos abonnés via notre plateforme. » Ses équipes ont déjà mis en ligne une plateforme présentant les gestes qui sauvent en cas d’arrêt cardiaque.
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