Le groupe Sup de Co La Rochelle est composé de l’école de management que tout le monde connaît mais aussi d’une école de tourisme et développe une offre dans le numérique. Nommé à sa tête en juin 2017 son directeur, Bruno Neil, et son équipe de direction nous tracent le portrait d’une école qui cultive son particularisme.
Olivier Rollot : Sup de Co La Rochelle ce n’est pas qu’une école de management. Vous possédez par exemple aussi une école de tourisme. Comment les faites-vous travailler tous ensemble ?
Bruno Neil : 70% de notre chiffre d’affaires provient de La Rochelle business school qui regroupe plus de la moitié de nos 3500 étudiants. Mais nous avons également 700 étudiants dans notre « School of Tourism & Hospitality » et nous venons de créer une « Digital School ».
Enfin La Rochelle Academy propose des cycles de formation courts destinés à faciliter l’accès à certaines formations du Groupe et prépare à trois BTS. C’est un groupe bien dessiné avec des directeurs pour chaque centre d’activité et une nouvelle organisation en unités de soutien pour l’académique, la recherche, l’international, les relations entreprises et la vie étudiante.
O. R : Comment comptez-vous encore vous développer ?
B. N : De 30 M€ de chiffre d’affaires aujourd’hui nous pensons bien passer à 40 M€ dans les cinq ans avec 4000 étudiants. Nous travaillons pour cela dans cinq axes stratégiques. Le premier c’est le développement de notre impact sur notre territoire. Cela passe par une importante valorisation de la recherche – nous avons cinq chaires d’entreprise et 60 enseignants-chercheurs – centrée sur trois axes : la RSE (responsabilité sociale des entreprises) et l’environnement, le management du tourisme et enfin « l’agilité des organisations ». Dans les trois années à venir nous allons encore recruter 12 nouveaux enseignants-chercheurs.
Cette recherche est largement financée par la région. Un bon investissement puisqu’en retour l’étude BSIS sur l’impact de l’école dans l’économie de la région montre que nous apportons chaque année 350 M€ à l’économie régionale. Nous voulons être les « champions du Nord » de la Nouvelle Aquitaine ! Nous sommes implantés à Angoulême comme à Poitiers et bien sûr à Niort qui est la troisième place financière française et a développé tout un écosystème autour des sièges des mutuelles. Nous sommes en train d’y constituer un pôle universitaire consacré à l’assurance et au numérique avec un MSc consacré aux stratégies numériques monté avec Inter Mutuel Assistance et également des bachelors spécialisés.
A La Rochelle nous travaillons avant tout sur le numérique, le transport-tourisme et bien sur une RSE qui fait partie des grandes spécificités de La Rochelle. Nous avons été la première école à développer un master de gestion de l’environnement en 1999. A Poitiers nous nous sommes implantés sur l’ex-campus de l’Escem pour y développer des programmes. Un vrai maillage territorial !
O. R : A La Rochelle aussi vous allez pouvoir vous développer ?
B. N : Nous venons d’intégrer de nouveaux locaux et nous allons agrandir notre campus historique. Le chantier a déjà commencé pour complètement le transformer en y intégrant la transformation numérique. En 2020-2021 vous pourrez visiter de tous nouveaux locaux !
O. R : Votre deuxième axe stratégique c’est de toujours plus vous diversifier ?
B. N : Nous allons effectivement lancer de nouveaux MSc et nous rapprocher de l’école d’ingénieurs qui est notre voisine, l’Eigsi, pour lancer un programme de double diplôme CTI/Grade de Master. Ensemble nous avons créé un groupe de travail sur l’innovation pédagogique et numériques.
Pour accompagner tous ces développements nous travaillons également au renouvellement de notre stratégie de marque.
O. R : L’hybridation des compétences est aussi au cœur de votre stratégie ?
B. N : J’ai évoqué l’Eigsi mais nous avons effectivement d’autres alliances pour travailler en silo et mutualiser. Avec l’université de La Rochelle et son IAE nous organisons un pôle en gestion pour proposer des doubles diplômes. Même chose avec l’IAE de Poitiers mais aussi avec l’Esthua d’Angers et l’Université du Littoral Côte d’Opale dans le tourisme. Un de nos axes stratégiques c’est aussi de sceller des alliances.
O. R : Vous avez parlé d’une « transformation numérique ». Comment va-t-elle se traduire ?
B. N : Nous allons renouveler tout notre projet pédagogique en y intégrant les éléments de compétences, l’hybridation et les nouvelles compétences de l’étudiant. La digitalisation de tout le groupe des enseignements et du campus va être menée par un directeur de la transformation numérique à la tête d’un service dédié de cinq personnes.
O. R : Parlez-nous un peu plus de votre « Digital School ».
B. N : Avec Erwan Burel, son directeur, nous l’avons ouverte en octobre en proposant un bachelor Web Design et communication graphique qui est en lien direct avec le marketing et propose d’ailleurs des passerelles avec le MSc marketing digital que nous proposons à Niort.
Erwan Burel : Les titulaires d’un BTS peuvent l’intégrer directement en 3ème année pour y suivre leur formation en alternance. La demande est très forte pour une formation qui est à la fois technologique et fondée sur la connaissance du client et le développement personnel de l’étudiant.
B. N : La dimension développement personnel, ce que nous appelons « l’humacité », c’est à dire l’expérience interculturelle au travers de missions dans le monde entier, fait vraiment partie de nos spécificités.
O. R : L’internationalisation a toujours été une priorité de La Rochelle. Comment va-t-elle encore s’accentuer ?
B. N : 40% de nos étudiants sont étrangers. Nous avons la spécificité de posséder dix bureaux à l’étranger (en Chine, aux États-Unis, en Russie, au Maroc ou encore au Vietnam) où ce sont nos salariés qui prennent en charge la venue d’étudiants étrangers mais aussi de trouver des stages et des emplois pour nos diplômés en liaison avec notre réseau d’alumni.
O. R : Votre « School of Tourism & Hospitality » fait aujourd’hui partie des cinq formations les plus renommées dans le domaine en France…
B. N : Nous l’avons créée en 2002 et elle propose aujourd’hui sept spécialités qui vont de l’hébergement au travel management en passant par le F&B et entrepreneuriat dans le cadre d’un partenariat avec Ferrandi. Comme 65 autres Écoles dans le monde tous nos programmes en Tourisme sont certifiés TedQual certification délivrée par l’Organisation Mondiale du Tourisme des Nations-Unies. Cette certification garantit que l’ensemble de ses programmes répond aux standards académiques et d’excellence en matière d’éducation, de savoir-faire et de savoir-être à l’échelle internationale. Comme toute le groupe elle est très à la pointe sur le développement du tourisme durable. C’est aujourd’hui Marc Gibiat qui la dirige.
O. R : Quels métiers voyez-vous émerger aujourd’hui dans le tourisme ?
Marc Gibiat : Il y en a plusieurs mais je citerai d’abord ceux liés au marketing de la destination. La concurrence est de plus en plus forte entre les régions françaises pour attirer les touristes. Nous sommes très bien placés ici pour former des professionnels puisque la région est aujourd’hui la Charente-Maritime est la deuxième destination touristique française après Paris et La Rochelle la cinquième ville la plus visitée avec notamment un aquarium qui attire chaque année 800 000 visiteurs.
Une autre dimension en essor transversale à de nombreux métiers est celle de l’ « expérience client », cette expérience « mémorable » qui génère le buzz et est finalement facteur de fidélisation.
O. R : Vous formez également des professionnels à l’étranger ?
M. G : Nous dispensons notre Bachelor à Alger et, depuis peu, à Marrakech. En 2020 nous aurons quatre à cinq campus sur tous les continents. Le tourisme représente aujourd’hui 10% du PIB dans le monde mais peut être très destructeur pour l’environnement. Il faut donc lui faire prendre un virage fondé sur la RSE.
O. R : On imagine que le développement de la formation continue est une autre de vos priorités. Comment allez-vous procéder ?
B. N : La réforme de la formation professionnelle de 2014 nous amène à repositionner notre offre. Nous sommes par exemple en train de revivifier le master grande école que nous proposons depuis quelques années déjà. De 1,5 millions de chiffre d’affaires aujourd’hui nous voulons monter à trois d’ici 2020. C’est Thierry Andrieu qui pilote ce pôle.
O. R : La VAE (validation des acquis de l’expérience) fait partie de vos priorités ?
Thierry Andrieu : La VAE va pleinement dans le sens de la réforme de la formation professionnelle avec l’individualisation des parcours et la revalorisation du compte personnel de formation. Nous venons par exemple de diplômer les directeurs RSE de Labeyrie et BASF. Nous sommes aussi présents sur le secteur du tourisme, de la grande distribution, des banques et assurances sur des projets collectifs de VAE. Un des enjeux, reste l’appropriation du particulier de l’ensemble de ces dispositifs.