Créées en 1850 les écoles Pigier ont formé des générations d’étudiants. Mais sait-on vraiment à quels métiers elles forment. Responsable national de la marque Pigier depuis 2011, Patrick Vermay-Musset fait le point.
Olivier Rollot : Tout le monde connaît le nom des écoles Pigier mais qu’y apprend-on exactement aujourd’hui ?
Patrick Vermay-Musset : L’ADN de Pigier c’est la proximité avec les entreprises dans trois grandes filières : le management / commerce, la gestion/la finance, les ressources humaines / administration des entreprises. Le tout en permettant à 90% de nos 7000 à 8000 étudiants de financer leur cursus au travers de contrats de professionnalisation. C’est notre paradoxe : être une formation privée qui permet à des étudiants qui ne pourraient pas sinon d’aller dans le supérieur. Nous sommes présents en tout dans 24 villes françaises.
O.R : Pigier prépare essentiellement aux BTS ?
P-V. M : Aux BTS mais aussi à nos propres titres de bac+3 à bac+5. Cette année nous avons par exemple ouvert des bachelors « Responsable communication et webmarketing » et « Gestionnaire comptable et financier ».
O.R : Vos cursus sont pour la plupart accessibles après le bac. Le recrutement se fait via Parcoursup ?
P-V. M : Pour les BTS, DCG et DSCG nous sommes sur Parcoursup mais nous avons obtenu pour 2019 une dérogation pour nos propres diplômes. Le découpage des inscriptions ne nous correspond pas car nous recrutons beaucoup en amont du processus Parcoursup, dès le mois de novembre. C’est nécessaire pour nous laisser le temps de trouver aux étudiants une entreprise d’accueil dans le cadre de leur contrat de professionnalisation.
O.R : Vous prenez également le temps d’aider vos futurs étudiants à mieux s’orienter ?
P-V. M : Nous faisons effectivement avec eux un important travail sur les métiers au travers de conférences où nous leur faisons rencontrer des professionnels. Des candidats arrivent en nous disant vouloir « faire des RH » en pensant seulement au recrutement. Ils croient connaître ce que c’est que le marketing mais n’en ont qu’une idée très peu précise. Notre rôle c’est aussi de leur expliquer.
O.R : Comment se passe le processus qui amène à trouver un contrat en alternance ? Est-ce possible dès la première année de cours ?
P-V. M : C’est possible dès le postbac. Nous demandons aux candidats de déposer un dossier puis de passer des tests et des entretiens. Un premier processus au terme duquel nous retenons en moyenne 83% des candidats. Mais ce n’est qu’une étape. Ils doivent encore convaincre l’entreprise vers laquelle on les oriente de les recruter. Et là le taux de placement varie selon les diplômes : de 80% en finance à environ un tiers en BTS « Management des unités commerciales » (MUC).
O.R : Et ensuite quel est le taux d’abandon en cours de formation ?
P-V. M : Environ 15% dans les deux premières années. Schématiquement nous recevons 40% d’étudiants qui choisissent de venir chez nous pour financer leurs études, autant qui ont compris qu’en plus cela améliorer leur employabilité et 20% qui croient que la formule va mieux leur convenir que le circuit classique. Ce sont la plupart du temps ceux-là qui échouent car ils n’avaient pas prévu que cela allait être en fait plus difficile que de suivre un cursus classique.
O.R : Comment êtes-vous organisés pour trouver ces contrats à vos étudiants ?
P-V. M : Nos conseillers en formations – dix à Lyon par exemple – sont constamment en contact avec les entreprises qui cherchent à recruter des jeunes en contrat de professionnalisation. Mais nous allons plus loin. Nous avons également une mission d’éducation. Par exemple en commençant l’année à Lyon par un séminaire consacré au savoir être comprenant des ateliers de théâtre, de mime ou d’improvisation. A la fin des deux jours ils rédigent une charte qui résume les sept points qu’ils vont s’engager à respecter pendant les deux années de leur formation..
O.R : Quel rythmes d’alternance proposez-vous ?
P-V. M : Deux jours de formation et trois jours en entreprise de bac+1 à bac+3 puis une semaine par mois à bac+4/5. Et nous pouvons nous adapter pour des entreprises qui ont des périodes de soldes ou de comptabilité pour lesquelles les premiers mois de l’année représentent les pics d’activité.
O.R : Qu’est-ce qui motive une entreprise à recruter un alternant ?
P-V. M : Elles recrutent en priorité pour absorber un surcroit d’activité mais aussi pour détacher une activité. Et il y a aussi beaucoup d’entreprises qui ont une idée citoyenne de la formation. Nous voyons nos étudiants grandir dans ces entreprises et c’est très sympa !
O.R : Pour une entreprise pourquoi choisir plus un contrat de professionnalisation qu’un contrat d’apprentissage ?
P-V. M : Le contrat de professionnalisation est moins contraignant sous certains aspects mais aussi moins avantageux financièrement. Avec la réforme en cours les deux seront maintenant gérés de la même façon par les OPCA, c’est à dire au contrat.
O.R : Vos titres sont validés par le Répertoire national des certifications professionnelles (RNCP). Qu’est-ce que cela signifie pour vous ?
P-V. M : Nous avons quatre grands points à respecter : un référentiel décliné en en termes de compétences professionnelles (« Après un cours d’anglais que sait au juste faire l’étudiant ? »), le suivi des diplômés, l’adéquation entre la formation et le métier envisagé, et enfin la VAE. Pour cela nous faisons régulièrement évoluer nos formations et suivons nos diplômés pendant cinq ans pour connaître leur évolution en termes de rémunérations ou de responsabilités.
O.R : Allez-vous créer de nouvelles écoles Pigier ? En France ou à l’étranger ?
P-V. M : A l’étranger nous sommes uniquement déployés en Afrique, de Cotonou à Abidjan (où nous avons 3000 élèves) en passant par Douala et n’avons pas de nouveaux projets. En France trois écoles nous ont rejoint récemment – à Besançon, Mulhouse et Valenciennes – mais ne sont pas des créations et nous n’avons pas non plus de nouveaux projets.
#s3gt_translate_tooltip_mini { display: none !important; }