Si l’étude annuelle de la DEPP « Repères et références statistiques » est la bible de l’enseignement supérieur français, les « Regards de l’éducation » de l’Ocde en sont la version mondiale et leur publication chaque année si riche d’enseignements qu’on se demande souvent par quoi commencer. Eric Charbonnier, le responsable pour la France des questions d’éducation au sein de l’Ocde, nous a aidés à tirer quelques conclusions sur l’enseignement supérieur que voici.
Un investissement qui reste prioritaire
Premier enseignement, en dépit de la crise les dépenses d’enseignement ont continué à augmenter dans la plupart des pays. Jusqu’à 16 points de plus en Norvège, 14 en Australie et plus de 5 points en moyenne dans les pays de l’Ocde. Quant à la France, alors que son PIB baissait de plus de 2 points, sa part consacrée à l’enseignement grimpait elle de 1,5 point. Insuffisant alors que la France commençait juste à rattraper son retard en matière de niveau d’éducation. De plus, ces sommes restent très différemment réparties que dans le reste du monde : l’effort porte d’abord sur le secondaire alors que partout ailleurs ce sont l’enseignement primaire et le supérieur qui reçoivent le plus.
Pour autant l’enseignement supérieur français a connu une relative embellie ces dernières années avec une progression de plus de 28 points entre 2000 et 2009 qui lui a permis de rejoindre la moyenne des pays de l’Ocde.
La France comble son retard
En 2010 la France dépasse les États-Unis en matière de proportion de diplômés de l’enseignement supérieur. Ses 25-34 ans sont 42% à avoir un diplôme contre moins de 20% des 55-64 ans. Un effort considérable accompli quand les Américains n’ont pratiquement pas progressé en 30 ans, les Britanniques gagné plus de 17 points et les Coréens du Sud… plus de 50, faisant d’eux très largement le pays du monde le plus diplômé. A l’autre extrémité, les Brésiliens restent les cancres de la planète sup avec à peine plus de 10% de diplômés (mais un immense effort est en cours) alors que les Allemands ne dépassent pas les 28% depuis maintenant 30 ans. En cause ou grâce à un système dual qui accompagne très tôt les jeunes dans la voie de l’apprentissage.
Si la France a rattrapé son retard au niveau de la proportion de diplômés, elle reste largement en-dessous de la moyenne des pays de l’Ocde en matière de titulaires d’un doctorat ou d’un PhD : moins de 1% de ses étudiants parviennent à ce niveau contre 1,4% en moyenne et jusqu’à plus de 3% en République slovaque et plus de 2% en Suisse, Suède ou Allemagne où on le voit ceux qui s’engagent dans des études le font pour longtemps.
Vous pouvez consulter l’étude complète à www.oecd.org/edu/EAG2012.
Olivier Rollot
Ce qui manque dans cette analyse, c’est la qualité de l’enseignement. Par exemple, que savent effectivement un licencié de maths français, un licencié de maths coréen et un licencié de maths américain ? Il est assez facile, et démagogique, de gonfler les chiffres quantitatifs, mais plus difficile d’augmenter le niveau de connaissance réelle d’une population.
L’Ocde travaille également ce point avec ses enquêtes Pisa dont la prochaine paraît l’année prochaine. Mais il ne s’agit que de voir le niveau des jeunes à 15 ans. Peut-on en extrapoler le niveau en licence ?