UNIVERSITES

Quand les universités se mobilisent pour la réussite de leurs étudiants

Ce n’est pas facile de faire partie des quelque 230 000 bacheliers qui intègrent chaque année l’université en France et se sentent parfois bien perdus dans ce nouvel univers. Devant ce constat, de plus en plus d’universités proposent aujourd’hui à leurs étudiants de suivre une semaine complète d’intégration. La Welcome Week de l’UPMC a ainsi lieu du 10 au 14 septembre (lire l’article du Monde), celle de l‘université Cergy Pontoise la semaine précédente. Il s’agit de faire prendre très rapidement conscience des réalités de l’université. On leur présente peu à peu le fonctionnement des lieux, de la stratégique bibliothèque universitaire aux services sociaux en passant par la vie associative.

L’affiche de la Welcome Week de l’UPMC
Prendre le temps de s’intégrer

Tout au long de l’année, la détection des étudiants en difficulté se traduit ensuite par de nombreuses actions: tests et contrôles continus, partiels à l’université de Nantes par exemple. Les enseignants s’appliquent à inculquer à ces étudiants en difficulté les connaissances et les compétences méthodologiques qui peuvent leur manquer. A l’université de Cergy Pontoise, ces cours (français, maths et langues principalement) sont obligatoires et sont souvent donnés par… des profs de lycée appelés à la rescousse.

« Ce sont souvent des problèmes de méthodologie qui les empêchent d’exprimer tout leur potentiel, explique Farid Ouabdesselam, président de 2007 à 2012 de l’université Joseph-Fourier de Grenoble. Nous demandons donc à des étudiants de 3ème année de licence ou de master de venir tutorer les étudiants de 1ère année en difficulté. Ceux-ci ont tout particulièrement du mal à travailler en groupe car ils ne voient pas l’intérêt d’un partage d’expérience qui est pourtant l’un des fondamentaux de l’enseignement universitaire. »

Des enseignants référents

Toujours à Nantes, un système d’enseignant référent permet également de répondre aux questions des nouveaux étudiants, les écouter, les conseiller, les orienter vers des ressources ou des services, détecter des difficultés ou encore les motiver font partie du rôle de ce référent. Depuis 2008, les professeurs de l’université de Cergy Pontoise (UCP) s’attachent également à repérer ceux qu’on appelle les « décrocheurs » parce qu’ils vont bien vite « décrocher » et abandonner leur cursus. La période clé est la Toussaint. Beaucoup ne reviendront pas après si rien n’est fait.

Pour ceux qui se sont mal orientés, l’UCP propose également des semestres « nouveau départ » avec un renforcement des cours dans les matières fondamentales au deuxième semestre afin de préparer une réorientation l’année suivante : du droit vers les sciences humaines par exemple. Et comme certains n’ont vraiment pas le « profil » université – en particulier les bacheliers professionnels –, un accord a été signé avec une section de BTS management des unités commerciales de Saint-Ouen pour accueillir, dès la Toussaint, des étudiants en difficulté dans le cadre d’une rentrée spéciale. Certains ont en effet choisi l’université par défaut et réussissent en fait beaucoup mieux en BTS. Se réorienter fait partie d’un processus d’insertion et non d’échec, comme cela est trop souvent présenté.

Ne pas perdre son temps

L’université de Strasbourg est allée encore plus loin en créant un véritable diplôme à l’intention des « décrocheurs ». L’objectif est de donner une seconde chance à des étudiants de première année en situation d’échec de façon à qu’ils reprennent le cours de leurs études à la rentrée prochaine. Et il ne s’agit pas seulement de leur donner des enseignements traditionnels. Il s’agit aussi d’aider les jeunes à s’orienter. C’est d’ailleurs leur principale demande. Ils n’ont pas toujours conscience de leurs lacunes mais toujours de leurs problèmes d’orientation. Comme ces étudiants que ses parents ont poussé à aller en médecine et qui ne savent pas comment leur dire qu’ils ne sont absolument pas capables d’y réussir.

Quant à l’Université Toulouse 1 Capitole, elle donne directement accès à la deuxième année de droit à une vingtaine d’étudiants de première année de médecine ayant échoué au concours tout en ayant eu la moyenne aux examens (les «reçus/collés»). Ils suivent au tout début de l’année des cours de mise à niveau à raison de 6 h par jour puis bénéficient durant l’année d’un TD de méthodologie propre.  Résultat, l’année dernière, ils ont tous réussi à passer en 3ème année.

S’informer pour ne pas échouer

Beaucoup de ces actions se font grâce au précieux concours d’un échelon précieux de l’université : les secrétaires pédagogiques, présentes dans chaque UFR. Les étudiants ne doivent pas hésiter à aller les rencontrer dès qu’elles rencontrent un problème. Elles se soucient vraiment beaucoup des étudiants et, selon les UFR, ont développé des pratiques qui vont du suivi des notes au contact avec les décrocheurs potentiels.

Parce qu’on ne le dira jamais assez : l’écueil qui en fait sombrer plus d’un est la solitude, l’UCP propose donc également des rencontres plus ludiques dans chaque UFR pour leur faire prendre conscience de leur appartenance à un groupe. Dès le début de l’année il s’agit de faire se rencontrer vite les étudiants pour qu’ils développent le sentiment d’appartenance à l’université, les aider à tisser des liens entre eux, à constituer des groupes de travail ; aucun ne doit décrocher par manque d’information.

Olivier Rollot

 

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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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