CGE, CPU, CDEFI, les trois conférences de l’enseignement supérieur ne sont pas impliquées dans la création de France Compétences, le nouvel organisme qui sera notamment en charge de l’harmonisation des conditions dans lesquelles va être mise en place la réforme de l’apprentissage. Elles seront seulement « auditionnées ». « Nous sommes des opérateurs de l’apprentissage qui réussissons bien. Or on sait qu’en France quand on n’est pas dans la processus on risque d’être négligés », regrette Alice Guilhon, présidente du Chapitre des écoles de management de la CGE et directrice générale de Skema. « A la différence du Cnefop actuel la gouvernance de France Compétences et resserrée car il s’agit d’en assurer le bon fonctionnement opérationnel et notamment que les coûts soient bien homogènes sur l’ensemble du territoire. Pas un monstre à 30 têtes comme l’était le Cnefop ! », lui répond Catherine Fabre, députée de la Gironde et rapporteure de la commission affaires sociales pour la loi pour la « Liberté de choisir son avenir professionnel » venue débattre avec les Grandes écoles.
Quel montant ? Pas de quoi rassurer des Grande écoles particulièrement inquiètes du montant auquel seront estimés leurs diplômes. « A ce jour je ne peux pas vous dire le niveau car ce sont les branches qui décideront avec une harmonisation par France compétences », reprend la députée, persuadée qu’il y aura plutôt une hausse de l’enveloppe globale dédiée à l’apprentissage : « Dans un certain nombre de régions l’argent qui devait aller à l’apprentissage n’y allait pas : aujourd’hui on est certains que l’ensemble des moyens ira bien à l’apprentissage avec une enveloppe qui va augmenter de plusieurs centaines de millions d’euros ». Et d’indiquer aux écoles présentes : « Il faudra bien montrer quels sont vos coûts, bien l’argumenter et ce sera pris en charge. Chaque branche a intérêt à former ses salariés et il n’y a pas de raison que le niveau de prise en charge soit différent de celui d’aujourd’hui. Les entreprises participeront certainement plus ».
7 500 €. Ce pourrait être le « coût pivot » auquel France Compétences fixerait le montant auquel seraient financés les diplômes de l’enseignement supérieur effectués en apprentissage. Un montant que les branches pourraient augmenter – ou réduire – de 20%. De quoi satisfaire la plupart des universités et la plupart des écoles d’ingénieurs publiques même si, pour ces dernières, la Commission des titres d’ingénieurs (CTI) estime plutôt le coût moyen aux alentours de 12 000€. Mais certainement pas les écoles de management dont les coûts atteignent souvent les 15 000€. La semaine dernière Alice Guilhon, présidente du Chapitre des écoles de management de la CGE et directrice générale de Skema, s’interrogeait même : « Les Grandes écoles de management doivent-elles continuer à financer des dispositifs d’apprentissage, qui sont leur principal dispositif d’ouverture sociale, dans ce contexte ? ».
La liberté de perdre de l’argent ? La liberté de développer l’apprentissage est également au cœur de la réforme puisque toutes les écoles peuvent dorénavant devenir collectrices directes de la taxe d’apprentissage. Oui mais… « Cette liberté qu’on nous donne de développer l’apprentissage est très intéressante mais aujourd’hui chaque contrat nous coûte 30 à 40% de plus que ce que nous recevons. Nous sommes obligés de dire à nos étudiants « classiques » qu’ils aident les apprentis », s’indigne Florence Darmon, la directrice générale de l’ESTP, qui doute que les entreprises s’investissent plus alors qu’elles payent déjà des impôts. « Nous voulons une approche en coûts complets alors qu’aujourd’hui nous prenons dans d’autres proches pour développer l’apprentissage », demande Anne-Lucie Wack devant une Alice Guilhon qui s’interroge : « Les Grandes écoles de management doivent-elles continuer à financer des dispositifs d’apprentissage, qui sont leur principal dispositif d’ouverture sociale, dans ce contexte ? ».