On aurait pu les appeler tout simplement « Assises de l’université et de la recherche » tant les grandes écoles ont été les grandes absentes des débats des Assises de l’enseignement supérieur et de la Recherche qui se sont tenues cette semaine au Collège de France. Le nom « grande école » n’apparaît même pas dans les 121 propositions du comité de pilotage (dans la proposition 105 on parle d’« écoles d’enseignement supérieur ») !
Si Pierre Tapie, pour la Conférence des Grandes écoles (CGE), Christian Lerminiaux, pour la Cdefi (Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs), Hervé Biausser (Centrale Paris) ou encore François Bonvalet (Reims Management School) étaient bien là, la représentation des grandes écoles n’en était pas moins anémique. Il est vrai que la plupart n’avaient tout simplement pas été invitées. Alors Hervé Biausser avait beau rappeler que « la quasi-totalité des masters délivrés par les grandes écoles étaient délivrés avec l’université » ou que « 28% des doctorants venaient des grandes écoles » il paraissait bien isolé au milieu d’une assemblée toute entière centrée sur l’université.
Faut-il « dissoudre » l’Aeres ?
En évoquant ceux qui souhaiteraient la « dissolution dans l’acide chlorhydrique » de son agence devant les Assises de l’enseignement supérieur et de la recherche, Didier Houssin, le directeur de l’Aeres, a bien résumé la position de beaucoup de chercheurs envers son institution. Heureusement pour lui, la Conférence des présidents d’université (CPU) a réaffirmé, dans ses propositions préliminaires aux Assises, « l’exigence d’une évaluation nationale transparente et homogène des activités d’enseignement supérieur et de recherche par une agence, experte, indépendante, publique, conforme aux standards internationaux ».
Lors des Assises, les débats sur le sujet, souvent vifs, ont semblé opposer des présidents d’université, désireux d’avoir des outils d’évaluation objectifs, et des chercheurs qui reprochent à l’Aeres son côté bureaucratique et son manque de transparence. Une position d’ailleurs largement relayée par le récent Prix Nobel de physique Serge Haroche (photo) dans son discours prononcé en ouverture des travaux. Comme s’il s’agissait pour eux d’enlever avant tout à l’agence le « r » de recherche. Pour autant on voit mal la France être le seul pays à se passer d’évaluation…
Polytechnique sous cotutelle ?
C’est clairement indiqué dans la proposition 82 des Assises de l’enseignement supérieur et de la Recherche: « Donner au Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche la cotutelle de tous les établissements d’enseignement supérieur et/ou de recherche (écoles d’architecture, école polytechnique, écoles sanitaires et sociales… ». L’École polytechnique est même la seule école nommément citée. Qu’en pense le ministère de la Défense déjà englué dans une réforme de la gouvernance qui n’en finit pas ? Qu’en pensent toutes les écoles sous tutelle des autres ministères ? Que pensent toutes les grandes écoles de la tentation hégémonique d’universités toujours plus grandes qui veulent fédérer les territoires universitaires autour d’elles ? A suivre…
Olivier Rollot (@O_Rollot)
Les 121 propositions des Assises sont consultables sur le site qui leur est dédié.