ECOLE D’INGÉNIEURS, ECOLES DE MANAGEMENT, POLITIQUE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR, UNIVERSITES

Comment enseigner la transition écologique dans l’enseignement supérieur ?

Comme ici à Audencia les Fresques du Climat sont l’occasion de discussions entre les étudiants et un animateur / Photo : P. Cauneau / Audencia.

La publication du rapport du paléoclimatologue Jean Jouzel sur comment Sensibiliser et former aux enjeux de la Transition écologique et du Développement durable dans l’Enseignement supérieur marque une nouvelle étape dans la stratégie d’enseignement de la transition écologique dans l’enseignement supérieur.

L’étude Mobiliser l’enseignement supérieur pour le climat, menée par les équipes du think tank spécialisé dans la transition énergétique The Shift Project, avait montré en 2019 combien peu établissements d’enseignement supérieur étaient engagés dans une démarche d’enseignement de la transition énergétique (seulement 11 % des 34 établissements auscultés abordaient les enjeux climat-énergie de manière obligatoire). En deux ans une vraie prise de conscience s’est produite. En 2021, selon une étude menée pour le compte de la mission Jouzel, si seulement 38% des établissements affichent clairement la problématique de transition écologique dans leur stratégie, 69% d’entre eux proposent au moins une formation incluant la problématique. « La campagne présidentielle doit prendre en compte les transitions socio-écologiques, le numérique, les dynamiques territoriales et l’accompagnement de la jeunesse. Les Grandes écoles se tiendront à disposition pour fonder un enseignement supérieur à la hauteur des enjeux écologiques et sociétaux », promet ainsi le président de la Conférence des Grandes écoles (CGE) et directeur des Arts et Métiers, Laurent Champaney.

Une approche par compétences

 L’objectif du rapport Jouzel est de « faire en sorte que chacun dispose des connaissances et de compétences à même de lui permettre d’agir pour la transition écologique en tant que citoyen et en tant que professionnel ». Tout en « respectant l’autonomie des établissements et la liberté académique », le rapport Jouzel préconise que la transition écologique fasse « partie intégrante des parcours de formation ». Dans ce cadre le groupe de travail recommande de prioriser le niveau bac+2. L’objectif est de « former 100 % des étudiants de niveau bac+2, quel que soit leur cursus, d’ici 5 ans ».

Pour ce faire, la commission estime que la « voie la plus adaptée est de généraliser l’approche par les compétences ». Un cadre européen de reconnaissance des compétences liées à la transition écologique est d’ailleurs également en cours de réalisation. En s’appuyant sur son approche, chaque filière pourrait donc élaborer son propre socle sur la base de cinq grandes compétences :

  • considérer une approche systémique :  étudiants et enseignants doivent être en capacité  de construire une vision holistique du monde de demain, pour mieux appréhender la complexité  des transitions. L’analyse partielle de certaines dimensions ne doit pas omettre une appréhension plus intégrative des transitions, favorisant l’articulation entre le local et le global ;
  • développer une analyse prospective : l’analyse des systèmes techniques et des co-systèmes implique des histoires et des échelles temporelles variées qu’il convient d’articuler pour inscrire des actions de court terme, dans un contexte d’incertitudes, en cohérence avec des enjeux de long terme ;
  • co-construire des diagnostics et des solutions : pour que la transition écologique soit effective, il convient d’en établir les objectifs et les modalités dans un échange avec les parties prenantes, permettant à la fois d’en articuler harmonieusement les différentes dimensions (techniques, organisationnelles, territoriales, culturelles, juridiques, économiques…) et d’en permettre l’appropriation par tous ;
  • mettre en œuvre des transitions : il s’agit d’écrire les récits rendant les transitions réalistes et d’en définir les étapes, les indicateurs, les modes de gouvernance démocratique ;
  • agir en responsabilité  : la capacité   à agir en citoyen et professionnel responsable est la clé de voûte de ce référentiel. Cette dernière compétence implique d’analyser, d’expliciter et de confronter son propre système de valeur avec ce que le droit définit, avec celui que l’entité au nom de laquelle on agit propose, et avec le système de valeurs des autres.

 Comment évaluer l’engagement dans la transition ?

 Si cet enseignement pourrait déjà devenir un critère d’évaluation dans les propositions de projet ou de stage, il semble « prématuré » à la mission de développer un processus de labellisation avant le déploiement des référentiels de connaissances et de compétences. Dès 2022, une formation aux enjeux de la transition écologique à destination des évaluateurs, ainsi qu’aux outils et initiatives des établissements, favorisera la prise en compte de cette nouvelle mission dans les évaluations. D’ores et déjà le groupe de travail appelle les établissements   à « utiliser le référentiel DD&RS comme un outil d’auto-évaluation, et à envisager la labellisation DD&RS ». C’est important : pour « encourager la dynamique d’ensemble », les experts insistent pour que le temps consacré à faire évoluer les enseignements, les maquettes et les offres de formation soit « décompté des activités dans la charge de service statutaire ».

De son côté la CGE demande à la fois que soient « alignés les critères d’évaluation concernant le développement durable et la responsabilité sociétale dans les référentiels du Hcéres, de la Cti et de la Cefdg » et qu’un travail soit « conduit avec les branches professionnelles et les Opco pour que les compétences liées au DD&RS soient reconnues par France Compétences » et que la transition écologique, à l’instar du handicap, soit « inscrite comme un critère d’évaluation de la qualité  des référentiels inscrits au RNCP (Répertoire national des certifications professionnelles) ».

Un sujet qui tient également à cœur à la présidente de la Cefdg (Commission d’évaluation des formations et diplômes de gestion), Mathilde Gollety : « Le rôle des formations en management est de former les leaders de demain au monde qui nous attend. Il faut donc les former aux transitions environnementales et sociétales. Beaucoup de choses ont déjà été réalisées au sein des écoles, mais aussi au sein des universités d’ailleurs, pour répondre aux injonctions des étudiants ». Mais il faut aussi pouvoir dispenser des formations solides académiquement. Comment définir cette qualité dans un référentiel ? : « La liberté académique est importante et nous n’imposerons rien, pas plus de passer par un atelier Fresque du Climat que de suivre tel ou tel enseignement. La dynamique des écoles sur ce sujet est formidable. Maintenant il faut que toutes s’engagent dans cette voie ».

Enseigner autrement

Au-delà de l’enseignement des fondamentaux c’est tout l’enseignement supérieur qui doit apprendre à travailler différemment. « Avec la nécessaire transition environnementale, l’enseignement supérieur fait son lui face à un mur qu’il va falloir surmonter. Il nous faut changer de paradigme dans l’approche de nos étudiants qui vont devoir inventer les solutions que nous n’avons pas su inventer », assure François Germinet, le président de CY Cergy Paris Université. Cela implique selon lui un positionnement plus humble face à un étudiant qui « doit inventer un avenir collectif et durable » : « Dans l’enseignement supérieur le rapport à soi reste un tabou. Les professeurs considèrent pour la plupart que ce n’est ni à eux, ni à l’institution d’aider les étudiants à s’interroger sur ce qu’ils sont et là où ils vont. Mais il n’y aura pas d’accompagnement à la transition si on ne travaille pas le rapport de soi à soi, de soi à l’autre et de soi à la planète ».

Président de la commission Développement durable et Responsabilité sociétale (DD&RS) de la Conférence des Grandes Écoles, le directeur de l’Institut Mines Télécom BS, Denis Guibard, rappelle quant à lui que « notre mission est de préparer les élèves ingénieurs ou managers à être des acteurs de la nécessaire transformation des entreprises, à avoir conscience des enjeux environnementaux et sociétaux de leurs décisions pour pouvoir interpeller les experts. Parfois ils ne voient pas toute la problématique et nous devons ouvrir le spectre de la complexité ».

Créatrice du test dédié à la « construction d’un monde durable », le Sulitest, Kedge entend ainsi dispenser un socle commun de connaissances à l’ensemble de ses étudiants – ses 4 500 nouveaux étudiants suivent ainsi la Fresque du Climat et passent le Sulitest – d’autre part, former des spécialistes : dès 2016, elle a lancé le premier MSc en Sustainable Finance et, à la rentrée 2022, proposera un nouveau MSc Business Transformation for Sustainibility. « Dans notre Programme Grande Ecole, cinq cours fondamentaux sont dédiés aux enjeux de la transition sociale et écologique et des électifs y sont également dédiés. Nos enseignants chercheurs sont au cœur de la démarche avec notre centre de recherche en sustainability parmi les plus importants en Europe », insiste le directeur de Kedge, Alexandre de Navailles, qui se félicite que ses étudiants soient « particulièrement mobilisés sur tous ces sujets. Aujourd’hui 78% des projets associatifs qu’ils proposent intègrent des critères DD&RS. Et même 50% pour les projets de start up ».

Les écoles d’ingénieurs en pointe

Parce que leurs étudiants se sentent une responsabilité personnelle dans la définition d’un avenir soutenable, les écoles d’ingénieurs sont en points sur les sujets de transition environnementale. Alors qu’on attend pour le 10 mars prochain la publication intermédiaire du rapport du groupe Insa et du Shift Project sur Former l’ingénieur du XXIème siècle, l’École polytechnique vient de publier son Plan climat pour « affirmer son ambition d’intégrer pleinement la transition écologique dans l’ensemble de ses missions de formation, de recherche, d’innovation et dans le fonctionnement de son campus ». « Aujourd’hui le futur de l’école se situe clairement dans le développement durable. Pour cela, nous avons fixé 10 objectifs réalisables à 5 ans pour transformer en profondeur les comportements et contribuer à l’avènement d’une prospérité responsable et soutenable », explique Eric Labaye, le président de l’Ecole polytechnique, qui entend notamment multiplier par trois les heures de formation aux enjeux de durabilité dans tous les cours et former tous nos personnels à appliquer la transition écologique au quotidien : « Nous allons créer un centre de recherche qui va impliquer tous les projets et créer ainsi un campus démonstrateur de la transition en nous assurant que 50% de nos commandes sont effectuées sous des critères d’achats responsables . Notre responsabilité c’est aussi de réduire de 20% nos émissions dans les cinq années à venir. Pour cela nous allons passer à une mobilité douce sur nos campus ».

Les Arts et Métiers viennent quant à eux de signer l’Accord de Grenoble qui engage les établissements d’enseignement supérieur à prendre des mesures pour intégrer les enjeux de la transition socio-écologique dans leurs programmes et sur leurs campus. Dans ce cadre Arts et Métiers s’engage notamment à « former 100% des étudiants aux enjeux de la transition socio-écologique » à « adapter les enseignements de chaque cursus et spécialité à ces enjeux, dans un délai de 5 ans » et à « augmenter la participation de la recherche dans l’effort de transition ».

Ces défis sociétaux et environnementaux sont également au cœur de la nouvelle stratégie menée par Grenoble INP. Comme l’explique son administrateur général, Pierre Benech, il s’agit de « proposer des projets inspirants pour les jeunes ». Grenoble INP a créé à cet effet une vice-présidence développement durable et responsabilité sociétale et entend mettre sa recherche en ordre de marche en ce sens : « Nous menons notamment des recherches importantes sur le développement des réseaux électriques. Le défi des années à venir, c’est de faire en sorte que les sources d’énergie contrôlables (hydraulique, charbon…) puissent suppléer à l’intermittence de la production des énergies renouvelables, sans pour autant provoquer de blackout susceptibles de conduire à des drames ».

Début septembre 2021 l’ensemble des écoles de l’Institut Mines Télécom (IMT) ont de leur côté signé une Charte pour une transition écologique et sociale pour notamment « contribuer au soutien économique à long terme des territoires en accompagnant la transformation des modèles de production de l’industrie vers des modèles d’écologie industrielle ». Deux écoles de l’Institut Mines-Télécom, IMT Atlantique et IMT Nord Europe, font déjà parties du réseau engagé Campus Responsables.

Les écoles de management ne sont pas en reste

Forcément moins impliquées académiquement, les écoles de management n’en prennent pas moins leur part. Avec la création d’une école dédiée à la transition, Gaïa, Audencia entend ainsi « se positionner comme un accélérateur des changements vertueux de la société » identifiée comme une « école meilleure pour le monde », explique son directeur général, Christophe Germain. L’école Gaïa va délivrer ses premiers cours dans tous les programmes de l’école. « Nous voulons surtout que les enseignements que nous délivrons soient reliés aux métiers de demain et aux demandes des entreprises qui ne sont pas couvertes par les formations actuelles », explique le responsable de l‘école, José Maillet, qui insiste : « Ce sont bien des cours de management en rapport avec les transition ».

Classée en tête du « Premier classement des grandes écoles les plus engagées dans la transition écologique et sociétale » qu’ont publié Les Echos Start en octobre 2021, ESCP revendique également un rôle tout particulier. « La soutenabilité est un sujet depuis 1992 et la création d’un premier cours avant toutes les autres écoles. Aujourd’hui c’est tout un département en soutenabilité qui a été créé autour de ces questions avec quinze professeurs. Mais il s’agit aussi d’influencer tous les autres départements académiques », insiste Valérie Moatti, la doyenne de ESCP. « Nous sommes passés d’un stade d’innovations locales avec des spécialisations à une volonté de dispenser des cours à tous avec un socle commun », confirme Aurélien Acquier, le doyen associé à la transition durable. Un « ESCP Transition Network » réunit par ailleurs professeurs, alumni, en appui des projets de l’école.

Pour réfléchir à comment peuvent évoluer les modèles économique, un partenariat ClimatSup Business a été noué entre Audencia avec The Shift Project. Il s’agit de « définir un socle de connaissances et de compétences souhaitables en tronc commun (à travers une veille à l’international et l’apport d’experts internes et externes) puis de le décliner et l’approfondir par département, tout en acculturant les parties prenantes à travers un cycle de conférences d’intérêt général et la diffusion de ressources pédagogiques ».

Et justement, dix-huit mois après le lancement de Together, sa feuille de route de la transition sociale et environnementale, l’ESSEC a fait le bilan des actions mises en place et des engagements menés à bien. Comme prévu 100% de ses étudiants (Grande école, Global BBA, Masters) suivent ainsi aujourd’hui une formation de 20h sur les enjeux environnementaux. Côté recherche, deux nouvelles chaires de spécialisation sur les enjeux environnementaux ont été créées : Talents de la transition écologique (avec Association Bilan Carbone, BNP Paribas, Campus de la Transition, CapGemini Invent, CITEPA, CYU) et Global circular economy (avec L’Oréal, Bouygues, Essilor, Zack et Circulab).

Former les personnels

Au-delà des étudiants ce sont maintenant tous les personnels qui suivent ces formations. Après ESCP, pionnière en la matière, c’était pendant l’été 2021 au tour d’Audencia d’organiser cet été une Fresque du Climat pour l’ensemble de ses 416 collaborateurs au cours de son séminaire de rentrée. Les écoles s’engagent maintenant à permettre à l’ensemble de leurs collaborateurs et enseignants-chercheurs de devenir à leur tour « fresqueurs », afin de poursuivre la diffusion de la fresque auprès du plus grand nombre.

L’Université Grenoble Alpes (UGA) a quant à elle convié pendant ce même été 2021 l’ensemble de sa communauté – étudiants et personnels – à une semaine entièrement dédiée à la RSE. Intitulée « L’UGA, actrice des transitions socio-écologiques », cette semaine de rendez-vous, d’échanges, de conférences scientifiques et de débats en ligne a eu pour objectif de « sensibiliser, faire connaître, fédérer les énergies autour de ce sujet central et de trouver des manières de travailler ensemble ».

Réduire les émissions à effet de serre des campus

« Les campus doivent être des lieux démonstrateurs que ce soit par nos émissions de carbone ou la gestion des déchets. Déjà 20 universités sont mobilisées au sein de France Universités », insiste le président de l’université Clermont-Auvergne, Mathias Bernard, qui veut que les établissements universitaires soient « exemplaires ». Arts et Métiers s’engage ainsi à réduire les émissions de gaz à effet de serre de l’établissement de 30% sur 2028-2032 par rapport à 2018-2022 et à « assurer une bonne gestion du campus pour promouvoir la santé et le bien-être des parties prenantes à travers notamment la protection de la biodiversité, le lien social et l’ouverture sur le territoire ». Du côté de l’Ecole polytechnique on s’engage d’ici à 5 ans à « diminuer de 20% les émissions de gaz à effet de serre par usager du campus sur le poste énergie ».

Le Plan France Relance 2020-2022 apporte ainsi des fonds pour rénover les campus et améliorer leurs performances environnementales et énergétiques. L’Université Côté d’Azur va ainsi pouvoir mettre en en place des équipements photovoltaïques, des bornes de recharges pour véhicules électriques, des panneaux solaires installés en toitures et surtout une solution hydrogène qui permettra d’améliorer l’autoconsommation du site en stockant les surplus d’électricité solaire sous forme d’hydrogène. Les travaux de rénovation de l’Isae SupAero devront quant à eux apporter un gain de consommation énergétique de 67% pour « rendre le campus plus durable et responsable » va par exemple permettre le changement des appareils de régulation (chauffage, électricité…), l’utilisation d’éclairages LED et la pose de VMC double flux. Les chaudières à gaz du site seront remplacées par des pompes à chaleur. Enseigner la transition c’est bien, faire de ses campus des démonstrateurs c’est mieux !

  • Paris-Saclay publie un e-book sur les « enjeux de la transition écologique ». Fruit d’une collaboration de plus de quarante chercheurs et enseignants-chercheurs de toutes disciplines de l’Université Paris-Saclay (des sciences de la nature aux sciences humaines et sociales en passant par le droit, l’économie, l’agronomie et la médecine) l’e-book sur les « Enjeux de la transition écologique » s’adresse aussi bien aux étudiants de l’Université qu’au grand public, soucieux de mieux comprendre les grands enjeux planétaires environnementaux. Quels sont les mécanismes et conséquences du réchauffement climatique et de l’érosion de la biodiversité ? Quelles sont leurs relations avec nos modes de vie et de consommation ?  Agrémenté de nombreuses illustrations, cet ouvrage « donne une vision transversale des changements environnementaux d’échelle mondiale que connaît notre planète aux limites finies ».
Previous ArticleNext Article
Avatar photo
Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Ceci fermera dans 0 secondes

Send this to a friend