Les conditions dans lesquelles sont préparées les thèses ont connu de nombreuses évolutions au cours des vingt dernières années avec notamment un accompagnement plus collectif des doctorants au sein des écoles doctorales et collèges doctoraux. Parallèlement les aspirations professionnelles des doctorants ont également changé, si la majorité d’entre eux se destine toujours à des carrières de recherche dans le secteur public ou privé, ils sont de plus en plus nombreux à vouloir mettre à profit la formation par la recherche dans d’autres domaines d’activité. Le rapport Le doctorat en France : du choix à la poursuite de carrière que vient de publier l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (Igésr) dresse un état des lieux du doctorat et identifie de bonnes pratiques et des communautés d’acteurs « particulièrement dynamiques ». Pour autant les experts ne cachent pas qu’en France « les recruteurs publics et privés tardent à reconnaitre ses atouts ». Et d’insister sur l’impact sur la recherche française de cette faible attractivité : « D’une part il limite l’orientation des meilleurs étudiants vers la thèse, alors même que les doctorants contribuent de manière très importante à la production de connaissances et d’autre part car il réduit le vivier de futurs enseignants-chercheurs et chercheurs pour les secteurs public et privé ».
Des inscriptions en baisse. Lors de l’année universitaire 2018-2019,16 039 étudiants se sont inscrits en doctorat en France pour la première fois, confirmant une baisse constante observée depuis 2009-2010. Une baisse de 3730 doctorants essentiellement imputable à la diminution des inscriptions en sciences humaines et humanités. Les sciences et techniques de l’information et de la communication se trouvent dans une situation encore plus inquiétante avec une diminution de 660 doctorants sur la même période liée aux importantes possibilités d’emploi accessibles avec un niveau master
Les premières inscriptions en thèse diminuent de manière régulière et une chute de 15% est observée entre 2009 et 2016. Elles concernent les diplômés de master et d’écoles de l’enseignement supérieur, à l’exception des titulaires d’un diplôme d’ingénieur. Mais si le nombre d’ingénieurs qui s’inscrivent en thèse après l’obtention de leur diplôme augmente, le taux relatif de poursuite d’études en doctorat des diplômés d’écoles d’ingénieurs (3,3% en 2016) diminue de manière régulière, après le pic de 4,4%de 2011-2012.
Surtout alors que les diplômés de master forment la majorité des inscriptions en thèse, depuis 2006 leur taux de poursuite en doctorat ne cesse de baisser avec notamment une diminution de 7% entre 2014 et 2018. Les étudiants étrangers sont également moins nombreux à venir faire leur doctorat dans une université française mais, en proportion, leur part augmente légèrement sur la période de 0,4%
Que faire pour inverser la vapeur ? Pour remédier à la baisse des vocations la mission de l’Igésr recommande d’exposer progressivement les étudiants à la recherche, « ce qui devrait permettre, d’une part, de former les jeunes à la démarche scientifique et, d’autre part, de faciliter une orientation mieux éclairée vers la thèse des étudiants intéressés ».
L’instauration des EUR (écoles universitaires de recherche), explicitement inspirées des « graduate schools », participe également à tout un mouvement de revalirisation de la recherche. « Plusieurs universités en ont fait le mode d’organisation de leur établissement, allant au-delà des EUR labellisées et financées et les ont substituées aux composantes existantes avec pour certaines l’objectif de leur confier à terme le pilotage de la formation de niveau licence », rappelle la mission.
De même dans les universités formant un nombre plus réduit de docteurs et disposant de moins de moyens dédiés au doctorat, le partenariat avec des universités de recherche « permettrait une meilleure information des candidats au doctorat et donnerait plus de visibilité aux sujets proposés dans des niches de spécialisation de l’établissement ».
Le choix du sujet de thèse est bien évidemment crucial. Si dans de nombreuses disciplines, des sujets bien balisés sont affichés et définis en amont par le directeur de thèse – c’est le cas le plus fréquent pour les thèses en sciences expérimentales, en collaboration avec le secteur privé ou en cotutelle avec d’autres établissements – en sciences humaines et sociales, « ce sont le plus souvent les futurs doctorants qui proposent un sujet à un chercheur ».
Et enfin de pose la question du financement. Selon le rapport de l’Igésr la part de doctorants réalisant une thèse sans financement est ainsi de 30% dans les sciences de la société et de 32% en sciences humaines et humanités.
+ tab 3 on the width range