ALTERNANCE / FORMATION CONTINUE

Formation professionnelle : comment assurer la qualité des formations ?

La table ronde consacrée à la qualité des formations de l’université d’hiver de la formation professionnelle 2025 De Centre Inffo

10 ans après le décret du 6 juin 2015 créant un cadre qualité puis la création de Qualiopi en 2018 et enfin en 2022 une loi contre la fraude, les prestataires et les acheteurs de la formation professionnelle ont appris à valider la qualité des formations. « Nous avons vécu Qaliopi comme une série de vagues depuis un démarrage difficile puis la maturité avec aujourd’hui un peu plus de 40 000 certifications. Ceux qui ont été certifiés dès 2019 et ont fait un cycle complet cherchent aujourd’hui à trouver comment mieux prouver leur qualité alors que nous assistons à un afflux de création d’organismes de formation : 130 000 aujourd’hui contre 50 000 il y a cinq ans », analyse François Galinou, président d’ICPF, l’un des 35 organismes certificateurs Qaliopi lors d’une table ronde organisée pendant l’université d’hiver de la formation professionnelle 2025 De Centre Inffo.

  • Du 22 au 24 janvier se tenait au Palais des Festivals Cannes l’Université d’hiver de la formation professionnelle 2025 de CentreInffo. Pas de grandes annonces cette année mais trois journées passionnantes pour faire le point sur le présent et l’avenir de la formation professionnelle dont les questions d’apprentissage.

Trop long, trop cher, trop souvent ? On estime aujourd’hui à trois mois le temps de travail à consacrer à chaque certification. « Le souci qui nous revient tout le temps c’est le temps et l’argent consacré qui peut même être contre-productif », regrette justement Catherine Raffin, directrice qualité et RSE chez Léo Lagrange formation – Synofdes. « Pour les nouveaux entrants c’est une page blanche avec une organisation en fonction même de Qualiopi quand les plus anciens doivent se réinventer. Peu à peu le processus devient plus simple pour les organisme », répond François Galinou.

Autre souci : l’hétérogénéité des audits. « Les certificateurs engagent leur responsabilité en délivrant Qaliopi. Il faudrait sans doute aller plus loin pour harmoniser leurs pratiques. Peut-être en certifiant les certificateurs pour qu’il n’y ait pas de différence majeure d’un audit à un autre », stipule Stéphane Rémy, sous-directeur des politiques de formation et de contrôle à la DGEFP (Délégation générale à l’emploi et à la formation professionnelle) du ministère de Travail et de l’emploi.

Mais les contrôles se font également au niveau de la mise en ligne sur la plateforme Mon Compte Formation comme l’explique Gwenola martin, directrice de la formation professionnelle et des compétences à la Caisse de Dépôts en charge de la plateforme : « Nous menons toute une série de contrôles sur la conformité des formations ou le catalogue avec comme résultat la présence aujourd’hui de seulement 13 000 organismes de formation référencés contre 25 000 au début ».

Les régions ont quant à elles exclusivement à former les demandeurs d’emploi et les contrôles afférents. « Environ 200 fois par an nous effectuons des contrôles en rencontrant directement des groupes de stagiaires puis les formateurs », établit Jean-Philippe Boulineau, directeur des formations qualifiantes de la région Ile-de-France quand Francis Jérôme, directeur général chez Transitions Pro Bourgogne Franche-Comté, a « transmis l’essentiel des contrôles à Qaliopi tout en effectuant 500 contrôles par an sur six critères ».

Beaucoup de contrôles donc qui sont très lourds pour les organismes de formation. Mais nécessaires pour Stéphane Rémy qui rappelle : « Attention Qaliopi n’a pas été conçu comme un outil de lutte contre la fraude et il a fallu créer d’autres contrôles pour valider que les prestations ont bien été délivrées par les organismes de formation ». « Nous certificateurs n’avons aucun contrôle sur la fraude mais pouvons la transformer en non-conformité pour lancer des audits. Il faut pouvoir traiter les plaintes des stagiaires », spécifie François Galinou.

Quelles évolutions ? Dans un rapport l’Igas (Inspection générale des affaires sociales) a demandé que plus de contrôles soient effectués sur le monde de la formation professionnelle. « La question de la circulation des signalements est essentielle. Il faut créer un cadre d’échanges de données avec un principe de procédures contradictoires. Il faut aller plus loin dans les contrôles des formations en apprentissage, qui concernent des jeunes, alors que nous sommes passés de 900 à 3 500 prestataires. Il faut travailler la pédagogie de l’alternance», souligne Stéphane Rémy alors que des modèles différents des CFA traditionnels sont apparus, notamment dans l’enseignement supérieur. En tout cinq groupes de travail sont aujourd’hui missionnés pour répondre aux demandes de l’Igas. Une v.10 du référentiel Qaliopi pourrait ainsi être publiée en 2026. Pour autant la création d’un Qaliopi+ « n’est pas d’actualité » selon le sous-directeur.

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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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