IDRAC Business School vient d’obtenir le grade de master pour son programme grande école logé sur son Campus de Lyon. Directeur général du groupe Idrac, Stéphane Boiteux entend aujourd’hui faire de son groupe le principal acteur du développement du post-bac en Europe. Il s’appuie pour cela sur une pédagogie qu’il veut « bienveillante et exigeante ».
Olivier Rollot : Vous devez être très satisfait d’avoir obtenu le grade de master pour votre programme bac+5 lyonnais. Moins de 40 écoles de commerce peuvent en dire autant aujourd’hui en France.
Stéphane Boiteux : Le grade de master donne encore plus de crédibilité à notre groupe. D’autant que nous l’avons obtenu pour 3 ans ce qui est une très bonne durée pour une première délivrance. La cohérence de notre projet et de nos ressources a d’ailleurs été soulignée par la Commission d’évaluation des formations et diplômes de gestion [CEFDG, qui accorde le grade de master]. Nous menons depuis presque 50 ans un projet clair à destination des étudiants qui sortent du bac. Maintenant il faut que la puissance de l’école s’incarne dans toutes ses composantes.
O. R : Ce grade vous l’avez aussi obtenu parce que le groupe Idrac vient de se réformer.
S. B : Avant 2012 les écoles du réseau Idrac étaient indépendantes. Aujourd’hui je suis le premier directeur général d’un groupe d’écoles fusionnées présent sur 10 campus dans toute la France (Amiens, Bordeaux, Grenoble, Lille, Lyon, Montpellier, Nantes, Nice, Paris et Toulouse).
O. R : Mais il n’y a qu’à Lyon que vous délivrez un diplôme post-bac en 5 ans délivrant le grade de master. Ailleurs ce sont des bachelors et des programmes professionnalisant Bac+4 et Bac+5.
S. B : Et pas seulement en France. Si nous avons 1800 élèves inscrits dans nos bachelors en France, nous sommes également présents en Irlande, en Espagne et en République tchèque. Notre objectif est d’être le leader européen du bac+3. Quant aux programmes professionnalisant Bac+4 et Bac+5, ils sont proposés sur l’ensemble de nos campus et regroupent plus de 1300 étudiants.
O. R : 1800 élèves pour un seul cursus bachelor ?
S. B : La maquette pédagogique est strictement la même sur tous nos campus. Lors des épreuves finales nous procédons comme pour le baccalauréat : tous nos élèves traitent les mêmes sujets à la même heure. Ensuite leurs copies sont brassées pour être corrigées anonymement. C’est un gage absolu de qualité. Nous sommes la seule école à procéder ainsi.
O. R : Quelle différence faites-vous entre les étudiants qui choisissent une école postbac et ceux qui préfèrent la prépa ?
S. B : Celui qui fait le choix d’une école postbac choisit à la fois une ambiance d’école, pour se lancer immédiatement dans des projets originaux, et un environnement sélectif mais pas élitiste. Il fait également le choix de son école, basé sur le projet pédagogique qu’elle lui propose. Ce qu’il n’est pas certain de faire quand il passe des concours après une prépa. En post bac, on « sent » l’école, les parents touchent du doigt son projet en venant la visiter, en rencontrant les enseignants et les équipes pédagogiques.
O. R : Et la pédagogie, en quoi est-elle différente dans une école postbac que dans une école post prépa par exemple ?
S. B : Nos équipes déploient une pédagogie que nous voulons dynamique, exigeante, bienveillante et sélective. Nous sommes engagés dans une pédagogie par l’action et, dès la première année, tous nos étudiants sont engagés dans des projets réels. Ensuite, nous passons beaucoup de temps à accompagner chacun de nos étudiants pour qu’il puisse comprendre ce que lui apporté chacune de ses expériences qui sont ensuite compilées dans une « Portfolio de compétences ». Notre mission est de les aider à comprendre en quoi chaque stage, chaque expérience, chaque expérimentation vécue est un matériau pédagogique dont ils doivent tirer parti.
De la même façon, les séjours à l’étranger ne doivent être considérés comme du « tourisme académique » mais comme de puissantes occasions de se transformer. Avec l’aide de l’équipe pédagogique, chacun de nos étudiants est aidé à « se regarder en train de se transformer ».
O. R : Un exemple ?
S. B : Un étudiant revient d’une entreprise où il était en stage à Pékin et où il a dû faire une présentation devant le comité de direction de son entreprise. Il se souvient combien il a eu le trac. Nous l’aidons alors à tirer bénéfice d’une expérience qui vaut bien des cours de parole en public pour que, la prochaine fois, il pense bien à simuler sa présentation à haute voix ou pense à emmener un mouchoir pour ne pas transpirer, ou encore à s’appuyer sur le regard approbateur d’un des participants à sa présentation, comme point d’appui. Notre pédagogie est à la fois bienveillante et exigeante, c’est ainsi qu’elle donne confiance !
O. R : Nous parlons pédagogie. Que pensez-vous des serious games et de leur utilisation dans vos formations ?
S. B : Le problème des serious game pour les plus jeunes c’est qu’ils ne peuvent pas extrapoler d’une réalité qu’ils n’ont jamais vécue. Le ludique renforce l’abstraction et distant du réel.. C’est très différent dans un MBA (master of business administration) avec des adultes qui, eux, ont le discernement nécessaire. Nos jeunes étudiants doivent apprendre à discerner grâce à une multitude d’expériences qu’Idrac Business School leur propose. C’est notre engagement pédagogique.
O. R : Les parents adhèrent toujours à ses principes nouveaux ? On a parfois l’impression qu’étudier doit être synonyme d’« en baver » pour les générations plus âgées.
S. B : Non, la génération de parents actuels, ceux qui ont entre 40 et 50 ans, comprend très bien qu’il faut évoluer. Les étudiants que nous formons sont de futurs managers qui se mettront en situation de péril tous les jours. Ils doivent donc maintenant apprendre à avoir de l’aplomb et lutter contre l’orgueil et la prétention. L’école est le lieu où le champ d’expérimentation est le plus vaste et leurs debriefings le moment le plus important de l’acte pédagogique. Ensuite dans l’entreprise ce ne sera plus possible, le temps va trop vite et l’erreur n’est plus tolérée
O. R : L’expérience internationale est de plus en plus importante. Que faites-vous pour permettre à vos étudiants de l’obtenir ?
S. B : Dans nos bachelors il existe un parcours européen dans le cadre duquel les étudiants peuvent suivre leur deuxième année en anglais sur nos campus en Espagne (Santander), Irlande (Cork) ou République tchèque (Prague) dans des villes desservies pas des lignes low cost. Leurs parents peuvent facilement les rejoindre pour un week-end. C’est bien sûr également le cas pour nos étudiants master qui peuvent également se rendre sur nos campus européens mais aussi bénéficier de nos nombreux accords internationaux tant avec des institutions académiques qu’avec des entreprises.
O. R : On peut aussi intégrer vos programmes en admission parallèle ?
S. B : Il est possible d’entrer en troisième année de bachelor après un BTS ou un DUT. Nous avons aujourd’hui des étudiants qui obtiennent ainsi trois diplômes : leur BTS ou DUT, notre bachelor puis qui poursuivent en master.
O. R : Que pensez-vous du poids qu’a pris la recherche dans les écoles de management. N’est-il pas excessif?
S. B : La recherche doit être utile aux entreprises et aux étudiants. À l’Idrac nous travaillons particulièrement sur la mutation des modèles économiques. Nous construisons depuis 2013 la plus grande base de données de monographies décrivant des mutations d’entreprises en Europe. Nous proposons également aux entreprises un dispositif qui pour les aider à comprendre la durabilité et la robustesse de leur modèle grâce à nos chercheurs et un chef d’entreprise médiateur. Là nous faisons de la recherche vertueuse !
O. R : Vous voulez donc développer votre formation continue ?
S. B : C’est un vrai relais de croissance pour nous et une vraie opportunité pour les cadres. Notre MBA est un terrain « neutre » pour le chef d’entreprise : le seul enjeu pour lui est d’apprendre en faisant preuve de créativité, d’audace, sans le regard de ses équipes et pour le bien de son entreprise. C’est aussi ça la mission d’une grande Business School !