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« Nous ne voulons pas seulement mélanger deux cultures mais créer une nouvelle école »: Hervé Biausser, directeur de Centrale-Supélec

Leur processus de fusion a commencé il y a deux ans : Centrale et Supélec ne seront plus qu’une seule école en 2015 et délivreront un cursus ingénieur unique en 2017. Directeur de ce nouvel ensemble, Hervé Biausser explique comment il a réussi la fusion entre les deux écoles.

Hervé BiausserOlivier Rollot (@O_Rollot) : Ça y est : Centrale et Supélec vont fusionner pour n’être plus qu’une seule et unique école en 2015 ?

Hervé Biausser : De notre côté tout est voté et acté. Il reste encore à nos ministères de tutelle (le ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et celui de l’Industrie) à faire passer le décret. Normalement tout devrait être acté le 1er janvier 2015.

Mais il ne s’agit pas d’une fusion mais d’une création : nous ne voulons pas seulement mélanger deux cultures mais créer une nouvelle école dans laquelle 1+1 ne ferons pas que deux mais créeront davantage de valeur.

O. R : N’y a-t-il pas des risques de recoupement entre les spécialités et les laboratoires des deux écoles ?

H. B : Non en fait Centrale Paris et Supélec sont très complémentaires avec très peu de recoupements. Nous n’en avons identifié qu’un, et encore dans le domaine très pointu des « plasmas froids », alors que nous en aurons en commun entre 450 et 500 enseignants-chercheur. Ensemble nous couvrons à peu près tout le spectre de la recherche scientifique dans le domaine des sciences de l’ingénierie.

O. R : Même la biologie ? Ce ne semble pas être dans les spécialités « historiques » de vos écoles ?

H. B : Détrompez-vous, nous avons justement de grands projets en biologie. Nous avons d’ailleurs constaté que tous nos laboratoires ont aujourd’hui une activité en santé ou en biologie. Nous allons donc mener ensemble une réflexion importante pour avoir tout le potentiel en bio-ingénierie. A titre d’exemple, nous travaillons pour cela depuis longtemps avec la faculté de pharmacie de Châtenay-Malabry et Centrale Paris est très présente en formation continue  dans le domaine de l’ingénierie et de la santé.

O. R : C’est le résultat de deux ans de travail. Comment fait-on pour réussir un tel rapprochement ?

H. B : Depuis 2012, les 2 écoles se sont orientées vers un statut d’EPSCP Grand Établissement. Il a ensuite fallu réaliser un travail de sensibilisation auprès de nos tutelles, de nos instances comme auprès des alumni [les anciens] pour les persuader de la pertinence de notre projet.

Nous avons également questionné les entreprises qui ont tout de suite trouvé du sens à notre projet dans le cadre de l’université Paris Saclay sur le campus duquel Supélec et déjà installée et où nous déménageons en 2017. En fait le plus compliqué a été le transfert des statuts des personnels de Supélec – de droit privé – vers un statut public.

O. R : En 2017 Centrale Supélec proposera un seul diplôme d’ingénieur. Au départ de votre rapprochement ce n’était pourtant pas si évident ?

H. B : Si on veut que Centrale Supélec soit une marque nouvelle et ambitieuse, il faut que son cursus emblématique, celui d’ingénieur, porte ses valeurs. Il fallait donc créer ce diplôme unique.

O. R : Centrale Paris s’est beaucoup développée à l’international ces dernières années. Vous allez continuer ?

H. B : Nous avons l’ambition d’être présents dans les pays où l’avenir se construit. D’où nos implantations à Pékin (en 2005), à Hyderabad en Inde cette année et en 2015 à Casablanca au Maroc. Il s’agit pour nous de comprendre les différences culturelles que nous avons avec ces pays pour imaginer comment notre ingénierie peut s’y implanter. Pour le moment nous implantons notre marque et ne recevons que des étudiants de ces pays. Ensuite, nous entrerons dans une logique d’échange entre nos étudiants français et ceux que nous recevons à l’étranger.

O. R : Vous êtes également à la tête du Groupe des Écoles centrales (Paris, Lille, Lyon, Marseille, Nantes). Comment allez-vous conjuguer cette logique nationale avec celle des Comue (communautés d’universités et d’établissements) dont ces écoles vont faire partie et qui ont une logique plus territoriale ?

H. B : Les Comue ne s’opposent pas aux réseaux. Supélec a des campus à Metz et Rennes et Centrale Supélec sera ainsi dans trois Comue différentes. Le tout est de faire cohabiter des stratégies locales, nationales et internationales. Nos campus de Metz et Rennes sont immergés dans un contexte local tout en portant des projets nationaux. Et de son côté, le Groupe des Écoles Centrales revendique le droit de porter des projets communs, entre autres à l’international.

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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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