« En favorisant la réussite de tous les étudiants les Grandes écoles peuvent être de vrais leviers d’ouverture sociale. » La présidente de la Conférence des grandes écoles, Anne-Lucie Wack, est convaincue du rôle social que peuvent jouer les Grandes écoles alors que la dernière étude PISA souligne encore une fois combien le système éducatif reste inégalitaire en France.
Un nouvel indicateur plus précis
Pour comprendre ce que représente vraiment l’ouverture sociale dans les Grande écoles, la CGE a voulu aller plus loin que la seule mesure des boursiers Crous. « Avec un taux d’apprentis de 18% dans nos écoles – 17% dans les école d’ingénieurs et 24% dans les écoles de management – nous recevons beaucoup d’étudiants qui ne sont plus boursiers. Sans parler des écoles où ils sont rémunérés en tant que fonctionnaires », signale Anne-Lucie Wack. D’autres étudiants n’ont même plus droit aux bourses Crous : par exemple un étudiant ayant déjà réalisé deux années de PACES et ayant ainsi épuisé une grande partie de leurs droits avant d’intégrer une Grande école. Autant d’éléments qui faussent les statistiques d’ouverture sociale au détriment des Grandes écoles.
D’où la création d’un indicateur « ECRS » pour « étudiant répondant aux critères sociaux » qui représentent 30% des étudiants des Grandes écoles (pour 27% de boursiers Crous). « Alors qu’ils représentent certes 42% des étudiant dans les premiers cycles universitaire mais seulement 31% en second cycle. Les universités ne sont en définitive pas plus ouvertes que les Grande école », rappelle Pierre Mathiot, secrétaire du bureau de la CGE et directeur de Sciences Po Lille.
Quid des bonus aux concours ?
C’est LA question à laquelle la Conférence des grandes écoles n’a pas encore répondu : au-delà des huit Grandes écoles consultées par la ministre de l’Enseignement supérieur – qui se sont plus ou moins prononcé pour un système de « bonification » accordé aux candidats boursiers dans les concours – qu’en est-il de l’ensemble du système ? « Nous sommes favorables à l’idée de donner un bonus aux candidats « carrés » mais pas à tous les boursiers, qui ne le demandent pas d’ailleurs », assène la présidente du Chapitre des Grandes écoles et directrice générale de Skema Alice Guilhon qui développe : « Nous prouvons ainsi aux élèves issus de milieux défavorisés qu’il suffit de deux ans pour intégrer les meilleures Grande écoles ».
Même volonté du côté de la plupart des Sciences Po de régions qui n’ont pas l’intention de faire évoluer leurs concours. « Le risque est de se focaliser sur une seule mesure « magique » quand il faut toute une panoplie », insiste Anne-Lucie Wack quand Pierre Mathiot fait le constat que « les études de médecine sont les plus sélectives qui soient, plus que HEC ». Et Boris Walbaum, co-président de l’association Article 1, de conclure : « La médecine est un système darwinien dans lequel on ne peut réussir qu’en prenant des cours complémentaires ».
Répondre aux attentes des entreprises
« Ce qui a beaucoup cru dans les écoles depuis vingt ans c’est aussi la volonté d’outiller tous les étudiants sur ces questions pour qu’ils soient ensuite dans l’entreprise convaincus qu’accueillir des profils variés est un atout », souligne Chantal Dardelet, animatrice du groupe de travail Ouverture social de la CGE et directrice du centre Egalité des chances de l’Essec. Et justement les entreprises ont « du mal à recruter des profils différents et font confiance aux Grande écoles pour cela », souligne Boris Walbaum, qui constate que « les élèves ne connaissent pas les classes préparatoires ou m’imaginent pas pouvoir en assumer les coûts une fois dans une Grande école payante ». Il faut donc les accompagner pour qu’ils mesurent par exemple quels salaires ils pourront toucher demain. La conclusion à Pierre Mathiot : « Le problème ce n’est pas tant la réussite aux concours, relativement proche des taux de réussite moyens, que l’autocensure dans le simple fait d’être candidat dans les classes populaires ».