Autour de Stéphanie Lavigne, la directrice de TBS, et Jean-Philippe Ammeux, le directeur de l’Iéseg, la deuxième table ronde réunissait, de gauche à droite, Svenia Busson, présidente de la European EdTech Alliance, Marie-Christine Levet, fondatrice du fonds d’investissement Educapital, Charlotte Fillol, chief education & product officer chez Studi, et Nathalie Hector, directrice de l’innovation et de la learner experience de Skema BS
En compagnie de EdTech France, la Conférence des directeurs des écoles françaises de management (Cdefm) a organisé un colloque sur la digitalisation de l’enseignement supérieur au sein du campus parisien de Kedge. Un mouvement de fond dans lequel la place des EdTech française est challengée par les grands acteurs américains du numérique. « Nous restons le deuxième pays dans lequel on investit le plus en Europe dans les edtech, même si aujourd’hui la tendance est un peu moins vigoureuse », assure David Guérin, responsable des investissements en France dans les EdTech du fond BrightEyeVC. « Nous sommes à un moment de réflexion. Nous avons fait en un an ce que nous aurions dû faire en dix ans sans le Covid. Il reste à établir les nouveaux usages et donc à nos partenaires à nous aider au-delà de la pédagogie de l’urgence », remarque Jean-Pierre Berthet, le directeur délégué au numérique de Sciences Po Paris.
Quels financements ? « La question de la transformation et du numérique n’est peut-être pas encore assez au centre des préoccupations des ministères », regrette de son côté Mireille Brangé, la coordinatrice nationale de la stratégie enseignement et numérique au sein du Secrétariat général pour l’investissement. Car la question du rôle de l’Etat reste prégnante pour la plupart des établissements avec parfois des temps de développement – et de paiements – très aléatoires dans l’enseignement public et les universités. « Pour une EdTech de petite taille peut-être ne faut-il pas se lancer dans un projet avec une grande université comme Aix-Marseille Université », conseille Nadia Jacoby, directrice du cabinet de conseil spécialisé dans le déploiement numérique Simone et les Robots. Mais les collaborations entre les EdTech et les établissements sont d’autant plus difficiles à créer qu’ils travaillent dans des espaces temps différents. « Les EdTech ont besoin de travailler vite, les établissements sont dans un temps plus long sans parler de la recherche qui est sur du temps encore plus long », constate Marie-Christine Levet, fondatrice du fonds d’investissement Educapital.
Générer de nouvelles pédagogies. « Nous construisons une école qui n’a plus rien à voir avec ce qu’elle était avant le Covid. La question du métavers est une illustration de cette nouvelle vision », résume Nathalie Hector, directrice de l’innovation et de la learner experience de Skema BS, qui n’en insiste pas moins sur la « volonté des étudiants de suivre leurs cours en présentiel », les cours on line n’étant justifiés que « dans des cadres précis comme pour des étudiants en apprentissage ». Et de regretter : « Le digital est souvent perçu comme du low cost par nos étudiants alors que ce sont des investissements considérables ».
« Il manque de start up dans l’innovation pédagogique et celles qui existent sont trop petites pour convaincre l’enseignement supérieur de travailler avec elles », remarque quant à elle Marie-Christine Levet, qui incite les Grandes écoles à « s’impliquer dans la question pédagogique » car elle « reçoit chaque semaine les projets « disrupteurs » de nouvelles écoles très proches des entreprises ».
Des formations de plus en plus à la carte. Si le distanciel n’est pas la panacée à tous les niveaux de formation, le développement de nouvelles pédagogies est essentiel. Une question au cœur de la mission de Nathalie Hector : « De par notre positionnement international les business schools sont forcément dans la course à l’innovation. Aujourd’hui le diplôme nous tient mais il évolue avec par exemple la possibilité de l’obtenir sur plus d’années ». Un modèle de formation à la carte dans lequel les écoles doivent s’adapter avec l’émergence de « nouveaux micro-formats de formation de trois semaines à deux mois au sein de bootcamps qui s’associent dans le temps », explique Svenia Busson, présidente de la European EdTech Alliance, alliance de 17 organisations européennes représentant 2500 startups.